A dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron est toujours légèrement en tête des intentions de vote, devant Marine Le Pen, en baisse, dans un sondage Elabe pour « Les Echos ». Mais ils sont talonnés par François Fillon et rattrapés par Jean-Luc Mélenchon. Au second tour, le candidat d’En marche est donné gagnant dans tous les cas de figure. Marine Le Pen se heurte, elle, systématiquement au plafond de verre.
Plus les jours passent et plus les courbes se resserrent. A seulement dix jours du premier tour de l'élection présidentielle, l'incertitude n'a jamais été aussi grande. Dans le sondage réalisé par l'institut Elabe pour « Les Echos » et « Radio classique », les quatre premiers candidats sont, désormais, dans un mouchoir de poche, une fourchette de cinq points : Emmanuel Macron conserve la tête, avec 23,5 % des intentions de vote (+0,5 point par rapport à l'enquête Elabe des 9 et 10 avril), devant Marine Le Pen, à 22,5 % (-1), mais ils sont talonnés par François Fillon, qui regagne 1 point à 20 %, et surtout par Jean-Luc Mélenchon, dont la dynamique se confirme à 18,5 % des intentions de vote, en hausse de 1,5 point.
Les indécis pourraient faire la décision..
C'est, à dix jours du premier tour, l'aspect le plus inédit de cette élection présidentielle : les quatre premiers candidats sont désormais dans un mouchoir de poche, avec 5 points d'écart entre le premier d'entre eux, Emmanuel Macron (23,5 %) et le quatrième, Jean-Luc Mélenchon (18,5 %) : on est dans la marge d'erreur, ce qui signifie que d'ici au 23 avril, les lignes peuvent encore bouger. Marine Le Pen conserve la deuxième position, à 22,5 %, et François Fillon, la troisième place du podium, à 20 %.
Le potentiel de participation est en revanche en ligne avec celui de 2012 ou de 2007, avec, à dix jours du scrutin, 63 % des répondants déclarant être « tout à fait certains » d'aller voter et 14 % « quasi-certains ». Soit une participation qui pourrait frôler les 80 %. De même, le niveau des indécis est « de manière globale assez comparable à ceux de 2007 et de 2012 », relève Yves-Marie Cann, directeur des études politiques d'Elabe, avec, aujourd'hui, une moyenne de 30 % des électeurs déclarant pouvoir encore changer de choix. Ce qui est en revanche « inédit », souligne-t-il, c'est la structure de ces indécis, extrêmement nombreux à gauche et en particulier chez Benoît Hamon (44 %). Or, avec des courbes qui se resserrent pour les quatre premiers candidats, le vote de ces indécis pourrait être décisif quant à l'ordre d'arrivée et donc la qualification - ou pas - au second tour.
Emmanuel Macron est toujours favori et avec un socle électoral consolidé
Avec 23,5 % des intentions de vote, en hausse de 0,5 point, le candidat d'En marche demeure le favori de l'élection présidentielle et semble avoir enrayé la baisse qu'il avait entamée il y a trois semaines, après avoir atteint un plus haut le 21 mars à 26 % des intentions de vote. Surtout, Emmanuel Macron qui, il y a encore trois à quatre semaines, ne comptait que 45 % d'électeurs sûrs de leur choix, a vu depuis son socle électoral se consolider puisqu'ils sont aujourd'hui 68 % à se dire « sûrs de leur choix ». C'est proche de la moyenne des candidats (70 %).
« Une bonne nouvelle pour le candidat, attaqué à sa gauche comme à sa droite », estime Yves-Marie Cann. Ce dernier souligne aussi, comme une force du candidat d'En Marche, « des résultats assez homogènes selon les classes d'âge et les catégories socio-professionnelles », avec certes une part plus élevée de CSP+ (28 %), mais un niveau « tout à fait honorable dans les catégories populaires », avec 19 %.
Marine Le Pen en perte de vitesse
La présidente du Front national conserve elle aussi, avec Emmanuel Macron, l'avantage pour le premier tour, avec 22,5 % des intentions de vote. Mais, en baisse de 0,5 point depuis le sondage Elabe des 9 et 10 avril derniers, Marine Le Pen continue de perdre de la vitesse. Depuis la mi-février, elle a perdu 5,5 points. « Il n'y a pas de dynamique autour de Marine Le Pen, analyse Yves-Marie Cann. Elle n'a pas réussi à élargir son socle et elle perd des soutiens ».
Dans cette présidentielle totalement inédite, celle qu'on annonce depuis des de longs mois qualifiée pour le second tour pourrait même être, à son détriment, « la surprise du premier tour », prévient le sondeur : « Même si Marine Le Pen fait toujours partie des favoris, sa présence au second tour n'est plus certaine pour autant ».
Fillon remonte pas à pas
Le candidat de la droite rêve d'une « remontada » comme pour la primaire de la droite. Pour l'instant toujours en troisième position - et donc éliminé dès le 23 avril -, François Fillon continue cependant sa progression enclenchée il y a trois semaines. Avec 20 % des intentions de vote, en hausse d'1 point depuis le sondage Elabe des 9 et 10 avril, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy atteint son plus haut niveau depuis un mois et demi et peut envisager, les courbes se resserrant, une qualification pour le second tour.
Ce niveau est largement porté par un soutien massif des plus âgés (39 % des 65 ans et plus ; 37 % des retraités). A l'inverse, sa grande faiblesse demeure les actifs et les classes d'âge les plus jeunes, catégories dans lesquelles François Fillon est quatrième. « François Fillon a certes retrouvé de l'oxygène, mais la question est de savoir s'il lui reste suffisamment de réserves pour que sa courbe croise celle de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron », souligne Yves-Marie Cann.
Mélenchon en dynamique
Le candidat de la France insoumise enregistre la plus forte hausse, avec 1, 5 point, à 18,5 % des intentions de vote. C'est son plus haut niveau chez Elabe. « Une progression phénoménale depuis fin janvier », note Yves-Marie Cann. Jean-Luc Mélenchon atteignait alors 10 % des intentions de vote et le candidat du PS Benoît Hamon, 17 %. La situation s'est depuis totalement inversée et elle permet, là aussi, à Jean-Luc Mélenchon d'envisager sa qualification pour le second tour.
La dynamique du candidat de la France insoumise s'explique non seulement parce qu'il a réussi à retrouver les trois quarts de ses électeurs de 2012 mais aussi et surtout parce qu'il recueille 29 % des intentions de vote exprimées par les anciens électeurs de François Hollande au premier tour de la présidentielle de 2012 : c'est davantage que Benoît Hamon (20 %). Jean-Luc Mélenchon obtient son meilleur score dans les catégories les plus jeunes mais reste très faible chez les électeurs les plus âgés. C'est potentiellement une faiblesse car si les jeunes se mobilisent bien pour une présidentielle, ils votent toujours moins que leurs aînés. Il a aussi réussi à progresser dans les catégories populaires, recueillant 23 % de leurs intentions de vote, en deuxième position derrière Marine Le Pen (32 %).
Risque d'asphyxie pour les plus « petits » candidats
Avec seulement 9 % des intentions de vote, en baisse d'1 point, Benoît Hamon a perdu tout espoir de qualification. Sa candidature « a été marginalisée par celles d'Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, souligne Yves-Marie Cann, qui lui ont siphonné ses réserves ». Pour la première fois, Jean-Luc Mélenchon recueille en effet davantage d'intentions de vote venues des électeurs de François Hollande au premier tour de la présidentielle de 2012 que le candidat du PS lui-même, avec 29 % contre 20 %. Quant à Emmanuel Macron, il en recueille, lui, 37 %.
Asphyxie aussi pour Nicolas Dupont-Aignan, avec 3 % des intentions de vote, en baisse d'1 point, sans doute notamment au bénéfice de François Fillon. S'il avait connu un petit regain après son « coup d'éclat » contre TF1 - il avait quitté le plateau du « 20 Heures » de la chaîne pour protester contre son absence au débat du 20 mars avec les cinq premiers candidats - il souffre là, à l'approche du scrutin, d'un vote utile en faveur du candidat LR.
Même chose pour Philippe Poutou. Le candidat du NPA est monté après son « show » durant le débat télévisé du 4 avril, mais voit désormais sa courbe redescendre de 0,5 point, à 2 %.
Au second tour, Macron toujours gagnant, Le Pen toujours éliminée
Avec le suspense du premier tour, notre sondage envisage six configurations différentes pour le second tour. Lorsqu'Emmanuel Macron est présent au second tour, il l'emporte quel que soit son adversaire : face à Marine Le Pen (avec 65 % contre 35 %), face à François Fillon, avec le même score. Avec davantage de difficultés, il l'emporterait aussi face à Jean-Luc Mélenchon (54 % contre 46 %). A l'inverse, Marine Le Pen se heurte au plafond de verre ou à un front républicain, là aussi quelle que soit la configuration. Face à Emmanuel Macron donc, face à François Fillon aussi (58 % contre 42 %), mais aussi face à Jean-Luc Mélenchon, avec 63 % contre 37 %.
Pour François Fillon en revanche, s'il arrive à se qualifier pour le second tour, la seule chance pour lui d'être élu, serait de faire face à la présidente du FN. Car face à Emmanuel Macron comme à Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la droite ne franchirait pas l'obstacle (avec respectivement 35 % contre 65 %, et 41 % contre 59 %).
Source : LesEchos.fr 13-04-2017
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