Affaibli par les défections affichées et les états d’âme de certains au PS, Benoît Hamon est désormais distancé par Jean-Luc Mélenchon dans les enquêtes d'opinion. Celui qui se posait en rassembleur de la gauche voit désormais cet argument se retourner contre lui. Le vote « utile » c’est maintenant le vote Mélenchon et le vainqueur de la primaire de la gauche risque de dévisser dans les prochains jours !..
Le pacte de non-agression est caduc.
Le code de bonne conduite conclu entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon n'a pas résisté à l'ascension du candidat de la France insoumise dans les sondages. Dans une intervention au journal télévisé de France 2, le candidat du PS a fustigé dimanche 26 mars dernier la fascination de son rival pour Vladimir Poutine, après l'arrestation de 700 opposants à Moscou. Lors du débat télévisé sur TF1, Benoît Hamon avait déjà critiqué la proposition de Jean-Luc Mélenchon de renégocier les frontières de l'ancien bloc soviétique.
"Calme-toi, prends une bonne petite tisane", lui a répondu ce lundi 27 mars Alexis Corbière, soutien du tribun. Entre les deux hommes, l'entente cordiale vire à la guerre froide. "Nous avons du respect pour Mélenchon, mais il est possible d'évoquer nos désaccords, glisse Sébastien Denaja, porte-parole du candidat socialiste. C'est de la franchise." On peut effectivement expliquer la situation comme cela !..
A moins de trente jours du premier tour, Benoît Hamon passe à l'offensive. Mais pouvait-il en être autrement? Le vainqueur de la primaire socialiste ne cesse de perdre du terrain dans les enquêtes d'opinion. Distancé par Emmanuel Macron, il est doublé depuis plusieurs jours par Jean-Luc Mélenchon. Pris en étau entre les deux hommes, il n'a qu'une seule option: attaquer, au risque de sombrer.
"Revirement à 180 degrés"
Dans le camp Mélenchon, on ironise sur ce changement de ton. "C'est le signe d'une candidature fragilisée", indique Eric Coquerel, porte-parole du Parti de Gauche. « C'est un revirement à 180 degrés par rapport à ce que Benoît Hamon disait pendant la primaire », s'agace sa porte-parole Raquel Garrido. « Il voulait se rapprocher de Jean-Luc Mélenchon et se poser en rassembleur. Il cherche maintenant à justifier le maintien de sa candidature en nous attaquant."
Au lendemain de son triomphe face à Manuel Valls, Benoît Hamon s'était en effet imposé en champion du rassemblement de la gauche. Une sorte de trait d'union entre des familles qui ne se parlent plus. Conforté par le ralliement de l'écologiste Yannick Jadot et porté par des sondages flatteurs, le socialiste avait fait le pari du vote utile pour réunir les électeurs progressistes sur son nom. "Je suis le mieux placé pour faire gagner la gauche", glissait-il en février, à l'occasion d'un déplacement à Lisbonne. Un proche du candidat confiait alors à « L'Express », au sujet du non-ralliement de Jean-Luc Mélenchon: "Que veut-il? Finir à 7% et porter la responsabilité historique de laisser passer Fillon ou Macron?"
Peillon évoque une candidature commune
C'était il y a un mois, une éternité en politique. Ce discours, indexé sur les sondages et une dynamique perdue, est aujourd'hui caduc. Affaiblie par les défections, la campagne de Benoît Hamon vire au chemin de croix. "Cet argument lui revient en boomerang", glisse Raquel Garrido. Renforcé par son rassemblement à la Bastille et sa prestation remarquée lors du débat télévisé, Jean-Luc Mélenchon engrange des soutiens et se rapproche de François Fillon dans les enquêtes d'opinion.
"Le vote utile est en train de devenir le vote Mélenchon. Hamon va finir sous les 10%", prédit un membre de l'exécutif à L'Opinion. S'il refuse d'utiliser "à revers l'argument du vote utile", Eric Coqurel précise: "Benoît Hamon n'est pas en capacité d'être au second tour. Seul Jean-Luc Mélenchon l'est, car il marque une rupture avec les deux derniers quinquennats."
Soutien du socialiste, le député PS de l'Indre-et-Loire Laurent Baumel analyse: "Hamon paye en premier lieu le départ de plusieurs de ses électeurs pour Macron, qui l'a affaibli. D'autres peuvent ensuite se dire: 'Perdu pour perdu, autant voter pour le candidat de gauche contestataire.'"
Signe du doute qui enveloppe la campagne de Benoît Hamon, son conseiller politique Vincent Peillon a relancé dimanche 26 mars sur « France Inter » l'idée d'un accord entre son poulain et Jean-Luc Mélenchon, sans préciser lequel des deux hommes devait se retirer. Idée saugrenue s’il en est !...
Hamon ira "jusqu'au bout"
"J'irai jusqu'au bout", a répondu Benoît Hamon sur « France 2 », balayant toute idée de retrait. Etre contraint de confirmer son maintien devant des millions de téléspectateurs à un mois du premier tour: l'image était cruelle pour le candidat, élu en janvier avec plus d'un million des voix. "Franchement, Vincent Peillon est brillant, mais il ne dit que des conneries, fulmine un proche du socialiste. C'est inepte de dire cela dans le contexte actuel, Benoît Hamon n'a pas dû être ravi."
Dans son intervention, l'ancien ministre de l'Education n'a d'ailleurs pas abandonné sa posture de rassembleur de la gauche, affirmant qu'il battait Marine Le Pen "dans tous les sondages au second tour". « Il est plus apte à porter une majorité plurielle que Jean-Luc Mélenchon », glisse Alexis Bachelay. « Lui ne fait que soustraire en disant avec qui il ne veut pas gouverner. Benoît Hamon additionne." "Il y aura peu de députés de la France insoumise en juin prochain », ajoute Laurent Baumel. « Sa posture protestataire ne peut pas le mettre au cœur de la vie politique."
Directeur de campagne de Benoît Hamon, Mathieu Hanotin place de son côté le leader de la France insoumise au rang d'éternel opposant. "Emmanuel Macron a renoncé à être de gauche, Jean-Luc Mélenchon a renoncé à gouverner", confie au Figaro le député de Saint-Denis.
Source : L’Express.fr 28-03-2017
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