Soixante jours très exactement avant le premier tour des élections présidentielles. La campagne a déjà réservé bien des surprises : l’avant dernière en date s’est produit tôt dans la matinée, François de Rugy a annoncé son ralliement à Emmanuel Macron. Le député écologiste s'était pourtant engagé, lorsqu'il était candidat à la primaire à gauche, à soutenir le vainqueur de ce scrutin pré-présidentiel, en l'occurrence Benoît Hamon.
Puis c’est François Bayrou qui a choisi ce jour pour mettre fin, au cours d’une conférence de presse, au mystère de son éventuelle candidature à la présidence de la République. Contre toute attente, le Maire de Pau a expliqué « faire offre d’alliance » à Emmanuel Macron :
Le constat
« Le parti du président et du gouvernement sera représenté par un opposant. A droite, le dévoilement des affaires révèle l'existence de dérives, mais ce qui est plus choquant, l'acceptation tacite et unanime de ces abus. Toujours davantage de privilèges pour ceux qui sont en haut. Cette situation pose d'immenses problèmes moraux, pour l'unité du pays », déclare François Bayrou sur un ton grave.
" Un argument me choque particulièrement : tout le monde fait ça. Ce n'est pas vrai, c'est infamant. Un peuple qui ne croit plus à sa vie publique est en danger. Cette situation nourrit le pire des risques, une flambée de l'extrême droite "
Bayrou fait "offre d'alliance à Emmanuel Macron"
« Dans cette situation je mesure la responsabilité : deux voies s'offrent à moi. La candidature devant les Français ou la recherche d'une solution inédite. J'ai reçu de très nombreux messages de témoignages m'encourageant à m'engager. Ces messages ont du sens, je les reçois, l'attrait de cette bataille correspond à mon goût. Mais nous sommes dans une situation d'extrême risque. Parce que le risque est immense, car les Français sont désorientés, j'ai décidé de faire à Emmanuel Macron, offre d'alliance. Unissons nos forces, c'est sûrement un geste d’abnégation mais ca sera aussi un geste d'espoir », annonce François Bayrou
François Bayrou pose ses conditions.
« Je demande expressément que le programme présenté par Macron comporte une loi de moralisation de la vie publique, notamment sur la lutte contre les conflits d'intérêt. Je refuse, comme j’ai refusé toute ma vie, que de grands intérêts prennent la vie publique en otage. Je ne céderai rien sur la séparation de la politique et de l’argent », explique François Bayrou. "Troisième exigence, la France, c'est une vision du monde, une résistance à la loi du plus fort", et enfin « quatrièmement, je n'accepte pas que les deux tiers des citoyens n'aient pas de représentation, alors que le tiers restant, les deux partis qui gouvernent ce pays depuis des décennies, a toute la représentation. »
« Cette alliance peut apporter au pays et à ceux qui la forment. Emmanuel Macron est brillant, peut-être enfin, le projet de dépassement des clivages est à portée de la main. Je n'ai pas l'habitude de renier mes rêves, je crois que cette alliance peut faire entrer dans la réalité ce qui paraissait à certains, impossible. »
Dépasser "les intérêts personnels et partisans"
« Je veux y ajouter une note plus personnelle. Je crois que cette alliance peut être une entente, nous avons des approches différentes. Une majorité, cela se construit à partir d'histoires différentes, des familles politiques différentes, à condition qu'elles soient respectées en elles-mêmes avec toutes leurs identités. En faisant cette offre d'alliance, c'est cette nécessité de rassemblement que j'ai à l'esprit. L'heure exige que nous dépassions nos intérêts personnels et partisans pour construire l'avenir de la France », explique-t-il.
« Je rencontrerai Emmanuel Macron dans les heures qui viennent mais comme vous l'avez senti, je n'ai pas l'intention que le centre français entre dans un mouvement qui ne serait pas le sien », annonce François Bayrou en réponse à un journaliste.
Le suspens François Bayrou est fini. Parviendra-t-il à réaliser son rêve de grande alliance au centre au-delà des clivages partisans. Dans moins de deux mois nous serons fixés…