En cinq ans, les incidents de livraison dans les pharmacies ont été multipliés par dix. Un système de distribution du médicament en bout de course qui inquiète le secteur.
Près d'un vaccin sur quatre serait en rupture de stocks dans les pharmacies françaises, avec un délai moyen d'approvisionnement de 139 jours… Et les derniers chiffres des pharmaciens, révélés vendredi 23 décembre dernier par le quotidien « Les Échos », ne sont pas faits pour rassurer. Entre février 2015 et novembre 2016, l'Ordre aurait répertorié chez ses adhérents quelque 200.000 signalements de rupture de stocks.
Certains grossistes privilégient leurs clients étrangers
Pour être comptabilisées comme telles, ces pénuries doivent durer au moins 72 heures ; en deçà, il s'agit d'un simple retard. Dans la majeure partie des cas, il s'agit de produits pour lesquels il existe des substituts. Mais la tendance n'est pas très bonne. Au cours des cinq dernières années, l'ANSM, agence du médicament, reconnaît dans son dernier rapport d'activité une multiplication par dix des incidents de livraison pour des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur.
Le cri d'alarme des pharmaciens, qui par ailleurs voient leurs marges s'effondrer, révèle un système de distribution du médicament en bout de course. Quelques grandes centrales se partagent un secteur très administré. En échange, ces répartiteurs étaient auparavant soumis à des contraintes de couverture du territoire et de référencement très précises. Or, depuis 2008, le marché a été en partie déréglementé. Des francs-tireurs, parfois filiales de grands laboratoires, se sont invités dans le jeu sans en supporter toutes les règles. Dans ce contexte, certains grossistes français ou des industriels s'arrangent pour privilégier leurs clients étrangers, notamment allemands. Le prix du médicament y est nettement plus élevé qu'en France, et les marges plus confortables.
Source : Le Journal du Dimanche 23-12-2016