Wonder Woman existe, elle s'appelle… Marisol Touraine! "Nous avons sauvé la Sécurité sociale", lance fièrement la ministre de la Santé dans une interview aux « Échos » De fait, celle-ci affichait un déficit de 24 milliards en 2010, elle sera quasiment à l'équilibre l'année prochaine. Encore que… c'est sans compter le Fonds de solidarité vieillesse qui assure la retraite des chômeurs et qui accuse un déficit de 3,8 milliards d'euros. La ficelle est un peu grosse. C'est un peu comme un débiteur qui, pour renflouer son compte, irait contracter un emprunt dans une autre banque…
Il n'empêche, comment expliquer cette quasi-disparition du fameux trou de la Sécu? La Sécurité sociale recouvre quatre branches : la famille (allocations familiales), les accidents du travail, la retraite et enfin la santé. Ce sont ces deux dernières branches qui posent problème.
«Sur les retraites, on devrait dire "Merci Éric"!»
La retraite tout d'abord. Plutôt que de dire "Merci Marisol", on devrait dire "Merci Éric"! C'est bien la réforme des retraites d'Éric Woerth, en 2010 – et sévèrement combattue par la gauche – qui a permis de sauver le régime de retraite de la Sécurité sociale. Celui-ci affichait alors un déficit de 8 milliards d'euros. Il est désormais excédentaire!
Quant à la branche santé, le trou est en train de se résorber, au prix d'une multitude de petits efforts : médicaments génériques, développement de la médecine ambulatoire, transport sanitaire… Il n'y a pas eu de grande réforme structurelle, mais on a usé et abusé de la technique du rabot. Une technique épuisante pour le personnel hospitalier qui doit faire plus avec moins, et doit même parfois travailler avec des bouts de ficelles. D'où la grande détresse des infirmières.
Certes, ne boudons pas notre plaisir, la Sécurité sociale voit son déficit se résorber. Mais, c'est au prix d'un effort collectif de longue haleine. Marisol Touraine n'a pas, d'un coup de baguette magique, "sauvé la Sécurité sociale".
Axel de Tarlé - Le Journal du Dimanche 27-09-2016