Décidément les jours se suivent et se ressemblent pour François Hollande. Après l’affaire de son livre confidences, deux prises de positions qui ne vont pas arranger ses affaires. D’abord Ségolène Royal qui s’oppose frontalement au Premier Ministre dans le JDD du 16 octobre à propos de l’aéroport de Notre-Dame des landes. Ensuite une interview dans Challenges Emmanuel Macron dont François Hollande se serait volontiers passé. Ce dimanche en effet, le site de l'hebdomadaire « Challenges » publie un entretien fleuve avec Emmanuel Macron, réalisé le 5 octobre dernier – soit avant la publication du livre de confidences choc du chef de l'Etat. L'ancien ministre de l'Economie y évoque longuement la présidence de François Hollande, et attaque durement la vision du chef de l'Etat.
"Je ne crois pas au président 'normal', dit-il en référence au mantra de François Hollande. "Les Français n'attendent pas cela. Au contraire, un tel concept les déstabilise, les insécurise". Quand le président devient "normal", "nous courons un risque politique et institutionnel, mais aussi un risque psychologie collectif, et même un risque pour l'efficacité de l'action".
"J'ai eu des désaccords avec le Président"
François Hollande, président trop normal? Son ancien conseiller, qui rappelle avoir "du respect institutionnel et de l'amitié personnelle" pour le chef de l'Etat, avertit: "Une présidence de l'anecdote, de l'événement et de la réaction banalise la fonction. Ce type de présidence ne permet pas de se réconcilier avec le temps long et le discours du sens".
Comme pour achever un président déjà à terre, Emmanuel Macron multiplie les prises de distance: "comme conseiller, j'ai eu des désaccords avec le président", rappelle-t-il. Comme ministre également: "Nous avons eu des discussions et des oppositions. J'ai exprimé des divergences au sujet de certains choix de politique économique, ainsi que sur des dossiers post-attentats".
"Quelqu'un doit conduire la société à force d'actions"
Face à un tel bilan, Emmanuel Macron, qui rejette les accusations de déloyauté envers François Hollande, dessine sa vision de la gouvernance. "Pour moi, la fonction présidentielle dans la France démocratique contemporaine doit être exercée par quelqu'un qui, sans estimer être la source de toute chose, doit conduire la société à force de convictions, d'actions et donner un sens clair à sa démarche".
Il plaide pour l'invention d'une "nouvelle forme d'autorité démocratique fondée sur un discours du sens, sur un univers de symboles, sur une volonté permanente de projection dans l'avenir, le tout ancré dans l'Histoire du pays".
Le projet semble déjà dessiné. Reste à Emmanuel Macron à préciser sa méthode, et à démonter les arguments qui pourraient s'opposer à sa candidature. Une participation à la primaire à gauche? Il avait déjà rejeté l'hypothèse, et le répète: selon lui "cette primaire reproduira des compromis idéologiques mortifères".
Quant à son absence de mandat local, il le balaie également: "L'argument qui consisterait à prétendre qu'il faut être élu pour connaître la France me paraît faux (…) Ce serait un parcours imposé facilitant la reproduction d'une espèce renfermée sur elle-même".