Lorsque, à la fin de la saison 1986, les autorités de la compétition automobile décident l’arrêt du groupe B, la Peugeot 205, Championne du Monde en titre devient subitement obsolète. L'équipe de course Peugeot Sport dirigée par Jean Todt a alors plusieurs options; ils peuvent construire une voiture pour continuer dans le Championnat du Monde des Rallyes dans un nouveau Groupe, ou élargir leur perspective et entrer dans une nouvelle forme de compétition. La première option est rapidement écartée et les voitures du groupe B sont converties à une utilisation dans des courses automobiles hors championnat comme le Paris Dakar et la célèbre course de côte américaine Pikes Peak. Un changement dans les règlements du groupe C pour les voitures engagées aux 24 Heures du Mans ouvre de nouvelles perspectives au constructeur français. Les nouveaux règlements «3,5 litres» permettent à Peugeot d’entrer dans la course automobile avec une toute nouvelle conception  mais, comme le règlement est nouveau pour tous les constructeurs, il n’y a pas le risque d’être confronté à des concurrents déjà très aguerris.

Peugeot n’a jamais remporté l’épreuve mythique du Mans mais l’élan de la victoire au Championnat du Monde du groupe B donne une très forte motivation à toute l’équipe de Peugeot Sport. Les motoristes développent un tout nouveau moteur V10 à 80° dont le bloc et la culasse sont en alliage léger. C’est l’un des premiers V10 engagé dans ce type de compétition. L’angle d’ouverture n’est pas conventionnel mais rien dans la voiture qui prend forme ne sera vraiment conventionnel. Doté de 4 soupapes par cylindre le moteur dispose d’une cylindrée de 3 499 cc et délivre une puissance maxi de 650 cv à 12 500 t/mn. Il est accouplé à une boite de vitesses à six rapports. L’ensemble est disposé longitudinalement en position centrale dans un châssis conçu par Dassault Aérospace et réalisé en fibre de carbone. L’allure générale de la voiture rappelle la Formule 1 mais les stylistes ont tout de même fait quelques rappels de l’image de marque Peugeot sur la face avant.

Au milieu de l’année 1990, et environ deux ans après que le programme ait été annoncé, la Peugeot 905 est officiellement dévoilée sur le circuit de Magny Cours. Après une période d’essais et de développement, une seule voiture est engagée lors des phases finales de la saison 1990 des World Sports Championship (WSSC) dans les mains de l’ex-pilote de Formule 1 Jean-Pierre Jabouille et Keke Rosberg. Malheureusement, la première course est interrompue après seulement 22 tours lorsque la pompe à carburant tombe en panne. Avec une 905 bien mieux réglée les choses se présentaient très bien pour Peugeot lors du début de la saison 1991. Mais sans surprise les concurrents ont eux aussi mis au point des moteurs de 3,5 litres pour se lancer dans la bagarre. La Jaguar XJR-14 s’avère être la plus rapide et la fiabilité des Peugeot qui n’est toujours pas très bonne les empêchent de s’imposer. Une victoire est remportée à Suzuka, mais les 24 Heures du Mans sont un véritable désastre pour Peugeot. Les deux voitures se montrent les plus rapides lors des qualifications et partent donc en pole position mais elles devront abandonner la course. La dernière en piste ne parcourt que 68 tours.  

Tout au long de la saison 1991 Peugeot va donc  développer une  905 très remaniée baptisée  'Evolution 1 Bis'. Mis à part le châssis monocoque, aucune partie de la voiture n’a été laissée intacte. La différence la plus notable est au niveau de la carrosserie  dont l'aileron arrière massif semble avoir été retiré d'un avion à deux étages la Première Guerre mondiale. Le moteur est également révisé et la version SA35-A2 délivre 20 ch supplémentaires. Malgré tout cela les 905 Evo 1 Bis ne gagnent pas dans les premiers temps. La première victoire au Nürburgring 1991 (WSSC) est le vrai point de départ de la carrière de la 905. Dans les épreuves suivantes du Championnat à Magny Cours et au Mexique, Peugeot marque des points et termine deuxième au classement du championnat du Monde derrière Jaguar, mais devant les champions en titre Sauber Mercedes.

L’année 1992 voit de nombreux changements. Jaguar se retire même si la XJR-14 réapparait sous une carrosserie de Mazda MXR-01 propulsé par un moteur Judd V10. Le concurrent le plus sérieux pour Peugeot cette année est la Toyota TS010 qui, en effet remporte la première manche du championnat à Monza. Mais Peugeot ne fait pas d’erreur et remporte les cinq manches suivantes y compris les 24 Heures du Mans. Il triomphe au Championnat du Monde bien en avance sur Toyota et Mazda.

Avant que l’annulation du Championnat 1993 ne soit annoncée, Peugeot a déjà commencé une deuxième évolution de la 905 baptisée « Evo 2 ». Malheureusement cette voiture ne courra jamais. Mais si 1993 n’a pas de Championnat du Monde les « 24 Heures du Mans »  ne s’interrompent pas pour autant et la 905 de Peugeot va être au sommet de sa gloire. Les trois 905 engagées terminent aux places 1, 2 et 3. C’est la dernière course pour la 905 et Peugeot se tourne vers la Formule 1 en tant que fournisseur de moteurs pour McLaren en 1994.

Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale

ultimatecarpage.com

supercar.net

swisscarsighting.com

mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :

autogaleria.hu

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