En fuyant la ville de Minbej dans le nord de la Syrie, reprise par une alliance de combattants anti-Assad, Daech a enlevé "environ 2.000 civils dont des femmes et des enfants", ont rapporté vendredi 12 août dernier des responsables militaires et humanitaires. Le groupe terroriste a utilisé ces personnes comme des "boucliers humains" pour éviter d'être pris en chasse. Il a libéré samedi 13 août plusieurs centaines d'entre eux.
Ce sont environ 2.000 civils qui ont été enlevés par Daech dans le nord de la Syrie. Des combattants du groupe djihadiste ont emmené avec eux ces personnes au moment de fuir la ville de Minbej dans la province d'Alep au nord de la Syrie, ont rapporté vendredi 12 août une ONG et une alliance antidjihadistes, les Forces démocratiques syriennes (FDS) regroupant des combattants arabes et kurdes. "Ils ont utilisé ces civils comme boucliers humains lors de leur retrait, ce qui nous a empêchés de les prendre pour cible", a ainsi déclaré à l'AFP un porte-parole militaire des FDS Cherfane Darwich.
Plusieurs centaines de personnes libérées
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un vaste réseau de sources et de militants dans le pays ravagé par la guerre, a confirmé l'enlèvement. "L'EI a enlevé quelque 2.000 civils qui ont été emmenés dans 500 voitures en direction de Jarablous", un fief de l'EI situé à une quarantaine de km au nord de Minbej, près de la frontière turque, a dit l'ONG. Les voitures utilisées appartiennent à des civils habitant al-Sireb où se cachaient une centaine de djihadistes.
Samedi, l'OSDH a annoncé que Daech avait libéré plusieurs centaines de ces civils. Une source des Forces démocratiques syriennes (FDS) a pour sa part affirmé à l'AFP qu'une "partie des civils avait pu s'échapper sur la route menant à Jarablous (fief de l'EI au nord de Minbej), d'autres ont été relâchés", sans pouvoir confirmer si tous avaient été libérés.
Les habitants pris au piège des combats
Après une rude bataille lancée le 31 mai, les FDS s'étaient emparées le 6 août de Minbej, qui servait à l'EI de carrefour vital d'approvisionnement à partir de la frontière turque vers ses zones en Syrie, dont Raqa, plus à l'est. Une poignée de djihadistes a résisté pendant une semaine, mais samedi, l'OSDH et la source des FDS ont confirmé la sortie de l'ensemble des combattants de l'EI. Le porte-parole militaire des FDS avait précisé la veille que les forces rebelles avaient "réussi à sauver 2.500 habitants qui étaient détenus par l'EI". Des dizaines de milliers d'habitants avaient réussi à fuir Minbej, mais des dizaines de milliers d'autres avaient été pris au piège des combats.
437 civils tués dans Minbej
L'utilisation par les djihadistes d'habitants comme boucliers humains avait retardé la prise de la ville, les FDS disant vouloir éviter des victimes civiles. Selon l'OSDH, depuis le début de l'offensive, 437 civils ont été tués dont 105 enfants dans Minbej et sa région. Parmi les civils, 203 ont péri dans les frappes de la coalition. Durant la même période, 299 membres des FDS on péri, ainsi que 1.019 djihadistes. L'Union européenne a dénoncé l'enlèvement des civils, "principales victimes du conflit", en soulignant que l'EI "continue de constituer une menace pour les peuples de Syrie, d'Irak, de la région ainsi que d'Europe et au-delà".
Quand leurs adversaires tentent de prendre les villes qu'ils contrôlent, les combattants de Daech utilisent les civils comme boucliers humains, soit en se cachant parmi eux pour éviter les bombardements, soit en les prenant en otage. Le dernier enlèvement en date remonte à avril, quand l'EI a enlevé plus de 300 ouvriers d'une cimenterie à Dmeir, au nord-est de Damas. Quatre jours plus tard, le groupe en a libéré la majorité après un accord avec des responsables de la localité. Il en avait exécuté quatre.