Selon une moyenne des sondages outre-Manche, le camp du « Brexit », qui veut la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne, l'emporterait avec 51% des voix. Une situation qui impacte déjà, avant même le vote du 23 juin, les marchés financiers. La livre sterling est en effet tombée lundi matin à 1,4353 dollar, son plus bas niveau depuis trois semaines.
Les détracteurs du Brexit alertent depuis des semaines contre une des conséquences d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE : la chute de la livre sterling et une crise financière. Les événements du lundi 6 juin pourraient étayer leur argumentaire. Selon le site britannique WhatUKThinks qui a publié une vaste enquête faisant la moyenne des sondages, le camp du Brexit (British Exit) l'emporterait avec 51% des voix. C'est la première fois depuis près d'un mois que les partisans d'une sortie du giron européen passent en tête dans les intentions de vote calculées par cette organisation, qui ne prend pas en compte les indécis.
Haut niveau d’incertitude pour la monnaie
A peine ce bilan sondagier publié, la livre sterling a été chahutée dans un marché des changes inquiet. La monnaie britannique est tombée dans la matinée à 1,4353 dollar, son plus bas niveau depuis trois semaines, et baissait face à la monnaie européenne, à 78,61 pence pour un euro - atteignant même en début d'échanges asiatiques 79,05 pence. "Les sondages continuent d'être un moteur pour la monnaie qui fait face ce mois-ci à un haut niveau d'incertitude", notait l'analyste Ana Thaker, de PhillipCapital UK, prédisant des fluctuations encore "plus prononcées" à l'approche du référendum du 23 juin.
Le Brexit, une "bombe" pour Cameron
Pour tenter de reprendre l'avantage, David Cameron, chef de file du camp du maintien, a tenu lundi 6 juin à Londres un meeting aux côtés de responsables du Labour, le principal parti d'opposition, des Verts et du parti Libéral démocrate. Comme il le fait depuis des mois, le Premier ministre conservateur a mis en garde contre les conséquences économiques d'une rupture avec l'UE. "Il est temps que Vote Leave [la campagne officielle pour le Brexit, NDLR] dise la vérité sur son projet économique pour un Royaume-Uni en dehors de l'Europe", a déclaré David Cameron, qui joue son avenir politique et sa place dans l'histoire dans ce référendum.
Un Brexit, a-t-il argumenté, aurait l'effet d'une "bombe" sur l'économie britannique et la condamnerait à une "décennie d'incertitude" en raison des nouveaux accords commerciaux que le pays devrait négocier sitôt sorti du bloc des 28. En parallèle, dix syndicats britanniques ont publié lundi une lettre dans le quotidien « The Guardian » appelant leurs millions d'adhérents à voter pour le maintien.
Les banques se préparent à une "panique"
Dans le camp adverse, Boris Johnson, l'ancien maire conservateur de Londres à qui l'on prête l'ambition de succéder à David Cameron, a riposté en appelant ses compatriotes à envisager "l'énorme risque" que ferait peser selon lui un maintien dans l'UE sur la stabilité du Royaume-Uni. "Vous devez voter pour quitter [l'UE], ou vous réveiller avec la plus grosse gueule de bois de l'histoire", écrit-il dans sa chronique publiée dans « The Telegraph », un quotidien conservateur dont les abonnés sont eux-mêmes majoritairement pro-Brexit.
En attendant le référendum du 23 juin, le pays se préparait petit à petit à l'une ou l'autre des possibilités, et le « Financial Times » rapportait que les banques britanniques dispensent des instructions à leurs employés pour conseiller leurs clients en cas de Brexit. Avec un mot d'ordre, selon le quotidien financier : les empêcher de "paniquer".
Source : leJDD.fr 06-06-2016