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28 mars 2016 1 28 /03 /mars /2016 15:09
NUCLEAIRE : LA POURSUITE DU PROJET BRITANNIQUE FAIT DES REMOUS AU SEIN D’EDF

 

Le JDD révèle le contenu d’un document confidentiel dans lequel EDF s’engage à assumer les risques financiers du projet britannique de Hinkley Point au profit de son partenaire chinois CGN.

 

Le projet des deux réacteurs nucléaires en Grande-Bretagne fait douter sérieusement les dirigeants d'EDF. Non pas le PDG, Jean-Bernard Lévy, qui espère obtenir un feu vert définitif lors du conseil d'administration du 11 mai, veille de l'assemblée générale du groupe. Plutôt ses administrateurs, notamment ceux du comité d'audit qui, il y a environ deux mois, ont reçu un document édifiant de la part de l'ancien directeur financier - il a démissionné le 1er mars -, Thomas Piquemal. Ce rapport, que le JDD a consulté, dresse l'ensemble des risques cachés pris par EDF : l'électricien français porte deux tiers du coût initial de 24 milliards d'euros contre un tiers à son partenaire chinois CGN ; les deux EPR pèsent 60 % des fonds propres du groupe! Mais la facture réelle sera plus lourde. Ces clauses, jamais rendues publiques, sont toutes au bénéfice de CGN et à la charge d'EDF.

 

"En réalité, EDF assumera l'essentiel des coûts"

La première concerne les surcoûts des deux EPR. Selon ce document, EDF s'engage à prendre à sa charge des surcoûts de son partenaire chinois : une simulation transmise aux administrateurs évalue qu'un dépassement de 5 milliards d'euros serait assumé à 80% par EDF alors qu'il ne détient que 66% du projet. Même chose si le chantier prend six mois de retard, une forte probabilité, d'autant que l'accord prévoit une construction plus rapide que celle des EPR de Taishan, pourtant menée tambour battant : il faudra rembourser plusieurs centaines de millions d'euros de l'investissement initial de CGN. Autre hypothèque, si la Commission européenne validait le recours déposé par l'Autriche contre l'aide de l'État britannique, le groupe indemniserait les Chinois à hauteur de 1,6 milliard d'euros. "EDF supporte deux tiers du projet dans le cas le plus favorable qui n'a aucune chance de se réaliser, peste un proche du dossier. En réalité, il assumera l'essentiel des coûts." Ces risques pèsent aussi sur la rentabilité réelle du projet Hinkley Point. Mardi, devant les députés, ­Emmanuel Macron se félicitait qu'elle atteigne 9%. "Elle n'est déjà plus que de 8% et finira plutôt autour de 6%", se désole un bon connaisseur du projet.

 

« EDF ne contrôle même pas la société qui gère les EPR »

Voilà pour le volet financier. Mais EDF a aussi concédé à son partenaire minoritaire de nombreux avantages sur la gouvernance et la gestion. CGN dispose ainsi de droits de veto sur le versement des dividendes, la comptabilité, le budget et la rémunération des administrateurs de la société qui chapeaute les deux réacteurs. Et peut même faire voter des mesures contre l'avis d'EDF s'il convainc les administrateurs indépendants. "EDF ­investit plus que les Chinois, assume l'essentiel des risques et ne contrôle même pas la société qui gère les EPR, s'agace un proche du groupe. C'est du jamais-vu."

 

Une majorité d'administrateurs pour le report du projet

Déjà échaudés de ne pas recevoir les informations qu'ils réclament sur le plan du financement du chantier, des administrateurs n'ont pas apprécié de découvrir aussi tard le pot aux roses. Sauf qu'il leur faudra se décider dans un mois. "CGN nous a tordu le bras et on est dans le brouillard complet, s'énerve un administrateur. On ne pourra pas prendre une décision à toute vitesse." Beaucoup d'entre eux militent pour repousser le projet de deux ou trois ans, le temps de démarrer les deux EPR en Chine et d'y voir plus clair sur celui de Flamanville. Une option qui fait son chemin au sein de l'état-major d'EDF.

Le JDD a contacté plusieurs administrateurs et, selon nos estimations, une courte majorité - 9 des 17 membres - du conseil d'administration souhaite temporiser. "Reporter le projet est une hypothèse qu'il faut sérieusement considérer", lâche l'un d'entre eux. Sauf qu'entre l'opinion et le vote il y a un pas que certains ne franchiront pas. Notamment les représentants de l'État, qui ne se risqueront pas à enfreindre les consignes du gouvernement, favorable, lui, à une signature rapide du contrat. "Ma trouille est de devoir voter pour Hinkley Point, avoue l'un de ces représentants. Je suis désespéré que l'État ne change pas d'avis." Selon plusieurs sources, le Premier ministre serait perplexe sur le dossier mais, en accord avec le PDG d'EDF, l'Élysée et Bercy continuent de pousser à la signature, et ce malgré une large réticence des salariés. Il y a dix jours, la CGT a lancé un référendum interne : sur les 5.000 premiers sondés, 90% souhaitent un report du projet.

 

Source : leJDD.fr 28-03-2016

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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