Manuel Valls a annoncé lundi 25 janvier que la majoration des heures supplémentaires sera inscrite dans le nouveau Code du travail, contredisant ainsi son ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Décidément ces deux là ne sont plus en phase du tout.
En marge de la remise d’un rapport de Robert Badinter préfigurant le nouveau Code du travail, Manuel Valls a annoncé lundi 25 janvier que le futur texte maintiendra la majoration des heures supplémentaires. Une annonce qui sonne comme un énième désaveu du Premier ministre envers Emmanuel Macron. Vendredi 22 janvier dernier, le ministre de l’Economie avait exprimé depuis le Forum économique de Davos son souhait de voir cette mesure supprimée.
Comme le reconnaissait Emmanuel Macron lui-même, cette suppression aurait mis fin "de facto" aux 35 heures. Mais sa proposition restera lettre morte, comme l’a affirmé Manuel Valls ce lundi devant la presse : "Il faut que les heures supplémentaires soient majorées et elles seront toujours majorées."
Selon la législation actuelle, les heures supplémentaires sont payées 25% de plus, même si des accords internes aux entreprises peuvent baisser cette majoration jusqu’à 10%. C’est ce plancher qu’Emmanuel Macron souhaite voir disparaître du nouveau Code du travail, ce qui donnerait la possibilité aux entreprises de faire travailler les salariés plus de 35 heures sans coûts supplémentaires. Une mesure qui apporte selon lui "plus de flexibilité".
Bataille d’idées et d’egos
Cela fait maintenant plusieurs mois que les relations entre Manuel Valls et Emmanuel Macron sont tendues. Le Premier ministre jalouserait la forte présence médiatique et les sondages d’opinions favorables de son ministre de l’Economie, mais aussi sa liberté de parole. Une posture qui était la sienne avant sa nomination à Matignon. En septembre 2015, l’ancien de la banque Rothschild avait créé la polémique en remettant en cause le statut des fonctionnaires, ce qui avait amené à un recadrage de la part de Manuel Valls.
Concernant les 35 heures, Emmanuel Macron n’a jamais caché son envie d’assouplir la législation, sans que cela n’amène à un recadrage de la part de son Premier ministre. En tout cas, dans un premier temps. Invité de l’université d’été au Medef en août 2015, le ministre de l’Economie s’était livré à une attaque particulièrement virulente envers les 35 heures : "La gauche a cru à un moment que la France pourrait aller mieux en travaillant moins. C’était des fausses idées."
Une déclaration applaudie par le syndicat patronal mais qui avait fait bondir l’aile gauche du PS, forçant Manuel Valls à éteindre l’incendie. A l’époque, Emmanuel Macron avait accepté de revenir sur ses propos en déclarant qu’il ne voulait pas remettre en cause les 35 heures. Acceptera-t-il une seconde fois ?
Source : leJDD.fr 25-01-2016