La justice a bien ses lenteurs mais tout de même ses extravagantes notes de taxis ont fini par lui coûter cher. Agnès Saal, ex-patronne de l'INA, qui avait dépensé 40.000 euros en frais de taxi, dont une partie dilapidés par son fils, a été exclue de la fonction publique pour 2 ans, dont 6 mois ferme, une sanction administrative décidée par le président de la République, a annoncé lundi 4 janvier par le ministère de la Culture, confirmant une information du Point.
Mme Saal, qui risquait jusqu'à une révocation pure et simple de l'administration, sera d'abord exclue sans rémunération pendant six mois, puis sera réintégrée dans la fonction publique, où un nouveau poste lui sera proposé.
Elle avait démissionné de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) en avril 2015 quand l'affaire avait éclaté. Elle avait pris la tête de l'institut après sept ans passés au centre Pompidou. Depuis, elle fait l'objet de deux enquêtes ouvertes par les parquets de Créteil et de Paris, sur ces 40.000 euros de frais de taxi quand elle présidait l'INA et sur 38.000 euros de notes de frais quand elle dirigeait le Centre Georges-Pompidou. Elle faisait aussi l'objet d'une procédure disciplinaire administrative qui a abouti à cette sanction prise par décret du chef de l'Etat.
Après la démission de Mme Saal, le ministère de la Culture avait rappelé à l'ordre les dirigeants de grands établissements publics pour prévenir toute dérive sur leurs frais. Ces établissements devront désormais tenir à jour un «tableau de bord» pour suivre les dépenses de leurs dirigeants.
Au plan pénal, l'affaire n'est pas réglée
Après une première garde à vue en septembre, Agnès Saal avait, une nouvelle fois, été placée en garde à vue début décembre. Les deux parquets de Créteil et de Paris doivent décider des suites qu'ils comptent donner à la procédure: classement sans suite, désignation de juges instructeurs, ou citation directe devant un tribunal correctionnel.
Agnès Saal avait à nouveau fait scandale en mai dernier lorsque «Le Monde» avait révélé que cette haut fonctionnaire du corps des administrateurs civils avait finalement retrouvé, malgré l'affaire, son ministère d'origine, celui de la Culture. Elle était rattachée au secrétariat général du ministère avec un titre de «chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences».. .
Elle avait été recasée au ministère de la Culture
La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, qui avait réagi fermement en apprenant l'affaire initiale en exigeant «le remboursement intégral» des «frais de déplacement privés de la présidente», avait dû se justifier : «Il s'agit uniquement de l'application du droit de la fonction publique», avait-elle assuré. «Il ne faut pas donner l'impression qu'Agnès Saal n'a pas été sanctionnée. Il y a eu une réelle sanction puisqu'elle était présidente de l'Ina, elle est aujourd'hui chargée de mission», avait poursuivi Fleur Pellerin. A l'évidence, comme sanction, le président de la République a trouvé mieux.
Selon « Le Point », la décision de François Hollande suscite déjà un recours gracieux de la part d'amis de Mme Saal, notamment des hauts-fonctionnaires, qui adresseront au président une lettre lui demandant de revenir sur sa décision.