François Hollande a tempéré dimanche 24 janvier les espoirs d'une signature rapide du contrat de vente de 36 avions de combat Rafale à l'Inde, au début de sa visite d'Etat de trois jours. Mais les discussions semblent tout de même très avancées.
Pour cette deuxième visite d'Etat de François Hollande en Inde, où il sera l'invité d'honneur de la parade militaire du "Republic Day" mardi 26 janvier, la France espérait finaliser ce contrat de vente de 36 Rafale, dont le Premier ministre indien Narendra Modi avait passé commande lors d'une visite à Paris en avril 2015.
"Trouver un accord sur les aspects techniques prend évidemment du temps mais nous sommes sur la bonne voie", a déclaré François Hollande dans un entretien à l'agence Press Trust of India (PTI) dimanche. "Nous allons franchir une autre étape qui va dans le sens, nous l'espérons tous, de l'acquisition par l'Inde de 36 Rafale", a ensuite déclaré le Président à son arrivée à Chandigarh, dans le nord de l'Inde. "Le contrat commercial ne peut venir qu'après l'accord intergouvernemental (…) qui sera discuté ici", a-t-il toutefois précisé.
"Ouvrir la voie à une coopération technologique et industrielle sans précédent"
Le montant de ce contrat est estimé à plusieurs milliards d'euros. Narendra Modi avait annoncé en avril qu'il s'agirait d'une commande d'avions "prêts à voler", nécessaires pour moderniser la flotte indienne. "Le Rafale est un projet majeur entre l'Inde et la France. Il va ouvrir la voie à une coopération technologique et industrielle sans précédent, en particulier sur le 'Make in India', pour les 40 prochaines années", a développé François Hollande.
"L'Inde en a besoin et la France a fait la démonstration que c'est le meilleur avion du monde", a complété le chef de l'Etat. Ce dernier, accompagné par cinq ministres et par une importante délégation de chefs d'entreprises, a entamé symboliquement sa visite en Inde par Chandigarh, ville nouvelle dessinée dans les années 50 par l'architecte franco-suisse Le Corbusier.
Une cinquantaine de dirigeants d'entreprises françaises
Une cinquantaine de dirigeants d'entreprises françaises sont en effet du voyage, parmi lesquels les champions dans les domaines du bâtiment, de l'énergie, des transports, et plus généralement des infrastructures urbaines : Alstom, Areva, EDF, Engie (ex GDF Suez), Lafarge, Saint-Gobain, Suez Environnement.
Autant de secteurs dopés par les grandes réformes lancées par le gouvernement Modi, et une croissance, qui selon le FMI, devrait atteindre 7,5% en 2015 et 2016, le pays étant en passe de supplanter la Chine. Les entreprises françaises sont particulièrement intéressées par le programme mis sur les rails pour la construction de cent "villes intelligentes", destinées à devenir des modèles de développement durable. Paris a décidé d'investir dans trois d'entre elles : Chandigarh, Pondichéry et Nagpur.
La France, qui évalue à 680 milliards d'euros les besoins de l'Inde en infrastructures urbaines pour les 20 ans à venir, veut renforcer ses liens économiques et commerciaux avec la troisième économie asiatique, pour l'heure timides.
La question du terrorisme
Sur le plan politique, la lutte antiterroriste sera, selon un diplomate français, "en tête d'affiche" des discussions. "L'Inde et la France sont confrontées à des menaces similaires : des meurtriers qui prétendent agir sur des fondements religieux nous attaquent. Leurs vrais objectifs sont la haine généralisée", a déclaré François Hollande à l'agence Press Trust of India (PTI). Et d'ajouter : "L'Inde et la France sont unies dans leur détermination à agir ensemble contre le terrorisme."
Source : LeJDD.fr 24-01-2016