Jusqu’à l’année 1934 la technique de fabrication, chez Bugatti, consistait à concevoir un châssis spécifique à chaque type de carrosserie. Pour tenter de diminuer les coûts de production, Ettore Bugatti a pris la décision d’entreprendre l’étude d’un châssis sur lequel pourrait s’implanter différents styles de carrosserie. A cette époque la grande majorité des Bugatti sont construites au sein même de l’usine Bugatti et le patron du style n’est autre que Jean Bugatti, le fils d’Ettore. Il n’a que 23 ans lorsque le projet « Type 57 » est lancé, dans le courant de l’année 1932.
Les modèles précédents comme le « Type 41 » Royale ou le « Type 50 » n’ont pas été de grands succès pour la marque. Trop luxueux et surtout trop chers ils n’ont réussi à séduire qu’une faible clientèle très fortunée. L’idée est donc de créer un nouveau modèle motorisé avec un groupe beaucoup plus modeste que celui du Type 50. Le premier prototype dispose d’un moteur dont la cylindrée est de 2,8 litres. Deux fois moins que le moteur du Type 50 !.. Le modèle définitif sera tout de même motorisé avec un 8 cylindres en ligne de 3,257 cc de cylindrée développant une puissance de 135 cv à 4500 t/mn dans sa version à aspiration naturelle.
Quatre types de carrosseries seront proposées pour la Type 57 : une quatre places, deux portes « Ventoux », une quatre portes « Galibier » et une deux portes cabriolet « Stelvio ». Contrairement aux autres, la carrosserie du modèle « Stelvio » est conçue et fabriquée par le carrossier français Gangloff. La quatrième modèle de type 57 est la variante coupé deux portes « Atalante ». Le plus cher des quatre modèles proposés puisqu’il coute à peu près le double d’un type 57 moyen.
Pour les clients les plus sportifs, une version boostée du type 57, la type 57c voit le jour en 1936. Le moteur reçoit un « supercharger » qui porte sa puissance de 135 à 160 cv. Mais Bugatti présente également une version « S » plus courte et dont les moteurs à aspiration naturelle ou avec supercharger ont encore gagné en puissance. La production des variantes S ne va durer que trois ans mais les versions classiques 57 et 57C seront fabriquées jusqu’au début de la guerre.
Le modèle Type 57C présenté ici a une très belle histoire. Le Shah d'Iran, Mohammad Pahlavi, responsable de la modernisation du pays et grand amateur de voitures... épouse la princesse Fawzia, fille du roi Fouad qui a gouverné l'Egypte. L'événement se produit au Caire. L'Iran ayant de bonnes relations avec l'Egypte et la plupart des pays du monde occidental, de nombreux gouvernements envoient des cadeaux pour ce mariage qui comprend un avion royal et plusieurs voitures uniques dont cette Bugatti offerte par le Gouvernement Français.
Cette voiture représente ce que la France a de plus prestigieux à offrir au plus grand amateur d’automobiles de l’époque.. Inspirée du style de Figoni & Falaschi dans leur période la plus flamboyante, la construction est assurée conjointement par Saoutchik et Van-Vooren. Dans cette voiture unique ont été imaginés des accessoires inédits dont le plus ingénieux est le pare-brise qui peut s’abaisser et même s’escamoter totalement dans une cloison. Un principe identique est également prévu pour la capote
La Bugatti du Shah reste dans la cour royale de l'Iran jusqu’en 1979. Ensuite, les Ayatollahs, alors au pouvoir, après avoir failli détruire la voiture, la vende à un prix très bas (275 US Dollars) à un américain de passage. Celui-ci la transporte aux Etats-Unis et entreprend de la transformer à son goût allant jusqu'à y installer un V8 de construction américaine !
Enfin, elle est expédiée en Angleterre pour une restauration complète assurée par l'atelier Rod Jolly avec le concours de Louis Giron un ancien de chez Bugatti. La voiture retrouve alors son état d’origine. Elle est maintenant la propriété du Musée Petersen et a été présentée au Concours d’Elégance de Pebble Beach en 2015.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)