A quelques heures de l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations Unies, l'horizon s'éclaircie pour Bachar el-Assad. Face à la menace que représente l'Etat islamique en Syrie et sous la pression russe, les Occidentaux vont, que cela leur fasse plaisir ou non, être amenés à revoir leur position à son égard.
"Il n'y a pas d'autre solution à la crise syrienne que de renforcer les structures gouvernementales et de les aider dans le combat contre le terrorisme", déclarait vendredi 25 septembre dernier Vladimir Poutine. Alors que l'Assemblée générale de l'ONU s'ouvre lundi, le président russe et son allié Bachar el-Assad semblent en position de force pour renégocier l'avenir du dictateur syrien. Si son éviction a longtemps été la condition sine qua non de la transition politique dans le pays, l'avancée quasiment ininterrompue de Daech a changé la donne. Le flot de réfugiés syriens vers l'Europe aussi. Le maintien de Bachar el-Assad n'est plus tabou. D’autant que l’affaire de la Lybie ou celle de l’Irak pays dans lesquels le chaos à suivi le renversement des dictateurs est dans toutes les têtes.
Moscou met l’Occident devant le fait accompli
Le dictateur syrien doit ce retournement de situation à la Russie notamment. Vladimir Poutine a proposé dimanche une nouvelle coalition contre l'Etat islamique qui permettrait de sauver son allié. A l'offensive sur le plan diplomatique et militaire (des avions de chasse ont été déployés en Syrie la semaine dernière), le président russe est en train d'imposer sa stratégie à l'Occident. Dans un entretien à la télévision américaine CBS, il déclarait vouloir mettre en place avec "les pays de la région (...) une sorte de cadre de coordination" contre les djihadistes de l'EI en Syrie et en Irak. Ces initiatives inquiètent les Etats-Unis qui semblent de plus en plus mis devant le fait accompli par Moscou, et dont la propre stratégie militaire paraît au contraire patiner.
Les puissances occidentales infléchissent leur position
Avant même de monter à la tribune de l'ONU à New York, Vladimir Poutine a reçu le soutien de l'Iran. Le président Rohani s'est déclaré prêt à discuter avec la Russie, les Etats-Unis et les Européens d'un "plan d'action (...) pour chasser les terroristes" de Syrie, estimant que "le gouvernement à Damas (devait) rester en place". "Je pense qu'aujourd'hui tout le monde a accepté que le président Assad devait rester (au pouvoir) afin de combattre les terroristes", a-t-il ajouté.
Le revirement n'est pas si net, mais le message commence à passer. Washington, Londres, Berlin et même Paris, ne posent plus le départ immédiat de Bachar el-Assad comme préalable à toute négociation, la chancelière allemande Angela Merkel étant même allée jusqu'à dire qu'il faudrait aussi discuter avec lui. Même les Etats-Unis ont assoupli leur position : il y a une semaine, John Kerry concédait que le calendrier de sortie du dictateur était négociable. Quant à Paris et Londres, ils répètent que Bachar ne peut pas faire partie de "l'avenir" de la Syrie, mais restent flous sur le calendrier et les modalités de son départ.
Les premières frappes françaises en Syrie, lancées dimanche contre un camp d'entraînement de djihadistes de Daech, confirme en tout cas l'évolution de la stratégie du gouvernement. Et même si Manuel Valls assurait devant les députés le 15 septembre dernier qu'il était "hors de question" de renforcer Bachar el-Assad avec ces frappes, difficile d'imaginer que le dictateur en sorte affaibli.
Source : leJDD.fr 29-09-2015