Après l’annonce de la mairie de Roubaix (Nord) de vouloir brader des maisons à l’abandon à des particuliers en échange de leurs rénovations, une délégation d’élus locaux s’apprête à réaliser un voyage d’étude en septembre à Liverpool, où le dispositif est en vigueur depuis 2013. Si cette idée semble plutôt s’appliquer à certains quartiers urbains ou périphériques des villes, elle pourrait également trouver certaines applications en milieu rural…
L’idée n’est pas nouvelle mais fait assurément parler d’elle. Lorsque le maire de Roubaix, Guillaume Delbar (LR), a annoncé en juillet vouloir "redonner vie" au quartier défavorisé du Pile par la vente de maisons abandonnées pour la somme dérisoire de 1 euro, nombreux sont ceux qui se sont franchement emballés.
Trop tôt pour savoir comment l’annonce peut se concrétiser dans la "ville aux milles cheminées", on peut néanmoins regarder outre-Manche, où des expériences similaires ont été réalisées en 2013 à Liverpool et à Stoke-on-Trent, dans le centre de l'Angleterre.
Une obligation de résidence de 5 ans
Impulsé par le maire Joe Andersen (Parti travailliste, centre-gauche) début 2013, le projet s’est popularisé sous le nom de "maison à 1 livre sterling". Objectif : redynamiser le quartier paupérisé de Kensington, à l’est du centre-ville de Liverpool. Une zone minée par la pauvreté et la criminalité, qui comptait, en 2009, le plus fort taux de meurtres par balles de tout Liverpool, selon un rapport de la police locale.
Confrontée à la baisse endémique de sa population entraînée par la désindustrialisation (la démographie de la ville a été divisée par deux entre 1931 à aujourd’hui, passant de 846.101 à 445.200 habitants), la municipalité a d’abord décidé de mettre en vente 20 maisons au prix symbolique d’1 livre sterling. En échange les acheteurs s’engagent réhabiliter la maison sur leur propre deniers et à y habiter pendant au moins cinq ans.
Un "travail acharné"
Neuf mois plus tard, la première "maison à 1 livre sterling" était remise à Jayalal Madde, chauffeur taxi de son état. Lors d’une cérémonie symbolique des clés de la propriété, le maire de Liverpool prévenait sur la BBC : "Ceux qui ont réussi à obtenir une maison devront faire preuve d’un travail acharné sur leur propre finance."
De son côté, Jayalal Madde a en effet dépensé 50.000 livres (environ 70.000 euros) pour restaurer la bâtisse. L’homme se dit néanmoins très satisfait de son achat. Et il y a de quoi, en Grande Bretagne, le prix d’achat moyen d’une maison est de 200.000 livres (280.000 euros) à Liverpool et 480.000 livres (675.000 euros).
Face au premiers succès, la ville de Stoke-on-Trent décide d’emboiter le pas en janvier 2014. Et propose un projet pilote composé 35 maisons à l’abandon.
Des résultats insuffisants mais encourageants
Dans un article daté de début juillet, le quotidien britannique The Independent, exposait les points noirs subsistants au projet sur le quartier de Stoke-on-Trent. Et de pointer en premier lieu le sentiment d'"isolement" des habitants. "Il faut des emplois des infrastructures : des boutiques, des cafés et un plan d’urbanisation plus large", expliquait au journal Mark Hemingway, de l’entreprise caritative "Maisons vides".
Il n’empêche, avance « The Independent », malgré la théorie de la "vitre brisée" (qui voudrait que la décrépitude des lieux attire la délinquance), certains habitants du quartier pointent une diminution des faits d’incivilités. Et de reconnaître que désormais, "les enfants jouent dehors et les voisins se parlent entre eux dans la rue la soirée". De quoi donner des idées. En début d’année à Liverpool, le maire Joe Andersen a décidé d’élargir le dispositif à 150 maisons supplémentaires.
Source : LeJDD.fr 11-08-2015