A moins de six mois de la COP 21, Barack Obama a décidé de prendre le problème à bras le corps et a annoncé le projet le plus ambitieux que l’Amérique ait jamais entrepris.

Lundi 3 août au soir, le président américain a annoncé le plan le plus ambitieux jamais entrepris aux Etats-Unis pour lutter contre le réchauffement climatique. «C'est le moment pour nous de faire les choses bien et d'agir pour nos enfants», a annoncé le président, insistant sur l'urgence d'agir immédiatement : «nous sommes la première génération à ressentir les effets du changement climatique, et la dernière à pouvoir encore faire quelque chose».

Des restrictions inédites

Si le développement durable a toujours été un élément fort du programme du président américain, son futur départ du bureau ovale lui permet de se lancer dans des projets plus ambitieux, et surtout moins populaires. Pour faire face à l'un des «défis clés» de notre époque, Barack Obama demande donc aux centrales électriques américaines de réduire de 32% leurs émissions de dioxyde de carbone par rapport à 2005 d'ici à 2030. Cette annonce est la mesure phare du projet : «nous limitons le mercure, le sulfure et l'arsenic, mais pas il n'existe aucun plafond au niveau de Co2 que les industries peuvent rejeter dans l'air. Cela doit changer.»

Nuance importante, les différentes mesures du plan s'opéreront en concertation avec chaque Etat de façon personnalisée, pour éviter l'effet politique sanction. Il y a quelques semaines, des grandes entreprises américaines s'étaient déjà engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Un pavé dans la mare des primaires

Cette annonce n'a pas manqué de faire réagir les candidats déjà dans la course des primaires aux élections présidentielles de 2016. Chez les démocrates, la candidate Hillary Clinton a vu pour sa part dans ces mesures un «grand pas en avant»,.

Mais les Républicains, qui contrôlent le congrès, ne sont loin d'être sur la même longueur d'ondes. Car la limite ambitieuse de 32% a provoqué la vive opposition des conservateurs, vent debout contre des mesures qu'ils jugent «disproportionnées» et «maladroites».

Pour sa part, le candidat Jeb Bush, condamne le plan, pensant que «les restrictions passent au dessus des législations des Etats, supprimera d'innombrable emplois, et fera monter les prix de l'énergie pour les américains».

Un lobby pro-charbon, l'American coalition for clean coal electricity, avait indiqué plus tôt lundi qu'elle pourrait poursuivre l'administration Obama en justice, car elle mène «un plan illégal pour faire grimper les prix de l'électricité».

La presse défend le Président

Mais la presse, elle, défend le projet du président. Dans un article sur le sujet, CNN estime que «tant que vous êtes américain et que vous respirez de l'air, ce plan est une bonne nouvelle». Pour le site d'information, le plan permet de créer plus d'emplois dans les énergies renouvelables, tout en protégeant les minorités, contrairement à ce que prétendraient les lobby d'énergie fossile.

Un débat d'autant plus agité que les Etats-Unis dépendent encore à 37% de l'électricité produite au charbon, et que les centrales électriques sont responsables de 40% des émissions américaines de dioxyde de carbone, le gaz contribuant le plus au changement climatique.

Dans son discours, Barack Obama avait déjà répondu aux potentielles critiques, considérant que non seulement celles ci étaient infondées, mais qu'elles étaient hors-sujet, le sujet étant trop pressant pour être contesté : «nous n'avons qu'un seul foyer, qu'une seule planète. Il n'y a pas de plan B».

Source : LeParisien.fr  04-08-2015