Le départ de François de Rugy en claquant la porte d’ EELV risque bien de sonner le glas du parti écolo. A force de parler de tout sauf d’écologie et de ne prendre en compte que leurs problèmes personnels, les écolos ont fini par gagner : on fera de l’écologie sans eux !.. Au parti Socialiste, si le contexte est différent, l’ambiance est la même. Entre « Frondeurs » et « Réformateurs » le dialogue semble tellement difficile que les deux mouvements se sont réunis chacun de leur côté avant de se retrouver à l’Université d’été de La Rochelle. Réunis pendant deux jours à Marennes (Charente-Maritime), les "frondeurs" du Parti socialiste n’entendent pas baisser la garde face à la politique "d’inspiration social-libérale" menée par le gouvernement. Manuel Valls est au centre de leurs critiques. Pendant ce temps les « Réformateurs » accueillaient Emmanuel Macron, la bête noire, qui d’ailleurs n’est pas invité à La Rochelle !...
Manque d’ambition de la gauche au pouvoir
Ils ont décidé de se réunir avant la rentrée du Parti socialiste. "C’est bien d’avoir son moment à soi", justifie le député Laurent Baumel. Cette année, les "frondeurs" ont donc tenu à prendre le temps de débattre lors de deux demi-journées à Marennes (Charente-Maritime), située à moins d’une heure de La Rochelle. Car pour eux, cette rentrée "est celle de la dernière chance". "Le budget, qui va être voté dans quelques semaines, est le dernier où la majorité de gauche peut réellement imprimer sa marque", estime le chef de file de la motion B, Christian Paul, qui dénonce un "manque d’ambition de la gauche au pouvoir".
"Ceux-là même qui regrettent qu’on puisse accueillir des camarades d’une autre motion sont les mêmes qui rêvent à voix haute d’une entente avec le centre-droit", a lancé en ouverture, devant quelque 400 personnes, le maire de Marennes, Mickaël Vallet, avant une plénière intitulée « Comment les gauches se réinventent en Europe » en présence de membres de Podemos et Syriza.
"Manuel Valls est un problème pour la France"
Quelques jours après la tribune de Manuel Valls aux Echos, où il réaffirme le cap gouvernemental, les "frondeurs" sont remontés. Dans un texte intitulé Notre gauche, ils dénoncent le "réformisme d’inspiration social-libérale qui dicte clairement les orientations et les choix actuels de la politique gouvernementale" et lui opposent un "réformisme de gauche qui entend rester fidèle aux principes fondateurs et aux combats de la gauche". "Manuel Valls est un problème pour la France, il est un problème pour la gauche", a lancé Marie-Noëlle Lienemann en conclusion de la journée. "Si nous ne sommes pas capables de redresser la barre (…) le risque est non seulement grand que nous ayons une défaite, mais aussi que le discrédit de la gauche soit durable", a ajouté la sénatrice de Paris, qui affirme haut et fort que "oui, le CDI est un tabou".
Jérôme Guedj voit, lui, une "contradiction" dans l’attitude du gouvernement, "entre maintien du cap et volonté de rassembler à gauche". "Car cette contradiction a justement divisé la gauche", précise-t-il. "Si on ne change pas, c’est l’échec assuré", renchérit le député européen Emmanuel Maurel.
"Nous devons voter contre le budget Valls 2016"
"On manque d’une boussole politique. Il faut reposer un noyau qui fasse germer une nouvelle perspective", estime pour sa part Baptiste, membre des Nouveaux partisans, le mouvement des jeunes avec Montebourg. "Le PS n’a plus les forces en interne pour réussir ce renouvellement externe", précise ce jeune homme de 29 ans, consultant en communication. Arnaud Montebourg avec les "frondeurs"? "A un moment, il faut dépasser tout ça pour construire une vraie alternative politique", assure-t-il. Et d’ajouter : "Si on donne l’impression de marcher séparément, on tire dans le même sens."
De son côté, Daniel Goldberg a compté les jours d’ici la présidentielle. "619 jours nous séparent du 7 mai 2017, date du second tour", détaille le député de Seine-Saint-Denis à la tribune. "Il n’y a pas de place pour une gauche qui se construit sur une forme d’esthétisme du renoncement", a-t-il déclaré, affirmant qu’il reste "douze mois utiles d’ici septembre 2016". "Pour montrer que nos choix ne conduisent pas cette même gauche à l’impasse." Prenant la parole au terme de cette première journée, Gérard Filoche s’est interrogé sur la nécessité de créer "une association pour capitaliser" les 30% de la motion B au congrès. "Nous devons voter contre le budget Valls 2016", a-t-il également lancé : "Si nous ne nous démarquons pas à cette occasion, nous ne serons pas écoutés hors des rangs du PS et dans les rangs du PS."
Par leurs sorties, les "frondeurs" ne participent-ils pas aux difficultés rencontrées par le PS? "Que penserait-on s’il n’y avait aucun remous dans un parti qui gouverne avec un tel virage entre la campagne et son action au pouvoir? C’est normal et sain", rétorque Laurent Baumel, qui conclut : "On va continuer sur notre logique. Ça ne s’arrête pas parce que Valls ferme la porte."
Source : leJDD.fr 27-08-2015