Le maire de notre commune reproche le manque de loyauté dont l’opposition fait preuve. Cette posture fâcheuse et fâchée relève de la sentence resassée que se renvoient de coutume les maîtres en vertus tapageuses.
La loyauté s’inscrit dans la démocratie, mais il faut savoir de quoi l’on parle et non de parler sans savoir.
Tout démocrate autoproclamé ne devrait pas se targuer de vertus sur lesquelles il repose son séant.
En effet, le maire considère la majorité comme une équivalence à l’unanimité pour agir tout en faisant taire. Or tout élu devrait savoir qu’indivisibilité et unanimité ne sont pas de même ordre constitutionnel ; pouvoir et transparence le sont par contre. Mais notre maire à tous s’accommode de cet anti-pluralisme hérité des jacobins, autrement appelé par les historiens le monisme jacobin. Depuis la Révolution notre histoire s’administre dans le conditionnement institutionnel qui prive les citoyens de la surveillance du pouvoir durant son exercice. Vous en voulez la preuve ?
Condorcet, Mirabeau, Turgot, Guizot ont avancé des propositions visant à admettre les contrôles citoyens. En 1848, le socialiste Pierre LEROUX a suggéré l’institution d’un jury national de citoyens tirés au sort dans les départements chargés de surveiller la représentation nationale. Mais jacobins et libéraux s’y sont opposés. Il ne s’agissait pourtant que de rappeler une longue tradition remontant au XIII e siècle et ayant perduré jusqu’à la Révolution par les assemblées générales des communautés d’habitants qui se chargeaient de surveiller les Consuls locaux et autres Jurats ou Syndics.
Aujourd’hui le Parlement s’auto-contrôle et les collectivités territoriales en font tout autant pour la plupart.
Pourtant depuis 2004, le traité constitutionnel de l’union européenne mentionne en son article I-47 :
Article I-47 : Principe de la démocratie participative
1. Les institutions donnent, par les voies appropriées, aux citoyens et aux associations représentatives la possibilité de faire connaître et d’échanger publiquement leurs opinions dans tous les domaines d’action de l’Union.
2. Les institutions entretiennent un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les associations représentatives et la société civile.
Cela valide l’évolution de la société qui se concrétise de plus en plus par l’apparition d’observatoires (économiques, sociaux…), des agences de notation, le développement des open data et autres ‘’regards citoyens’’, les lanceurs d’alertes, les portails d’information alternative et d’expression citoyenne.
Il faut être de son temps et non à contre courant.
Sachez que le 26/11/2014 un journal titrait ‘’ Présence des députés lors des votes : grave recul à l’Assemblée contre la transparence des délégations’’. Auparavant les délégations étaient rendues publiques par le Journal Officiel. Les députés ont finalement supprimé cette disposition : il restera donc impossible de savoir quels parlementaires étaient présents ou non lors des scrutins publics. Les députés du Parti Radical de Gauche sont à l’origine de cette suppression, portée par Olivier Falorni et approuvée par les socialistes.
Voyez comme les règlements intérieurs sont pratiques… !
Que reste-t-il des propos tenus par François MITTERRAND :’’ les citoyens… attendent précisément qu’un service, marqué du sceau de l’intérêt général, leur soit rendu par ceux auxquels ils s’adressent. Il s’agit d’humaniser ce contact, le rendre plus simple, plus transparent, plus accessible…’’. Il avait sans doute du lire ALAIN ayant écrit : ‘’ le citoyen n’a pas encore bien saisi que tout pouvoir est mauvais, s’il n’est surveillé, mais que tout pouvoir est bon, autant qu’il sent une résistance pacifique, clairvoyante et obstinée. La liberté n’est pas d’institution ; il faut la refaire tous les jours’’.
Que notre cher maire médite l’un des trois principes de la vie démocratique à Athènes : l’ISEGORIA.
À bon entendeur.
Jean-Claude AURIOL