Après quatre jours de cacophonie médiatique, de mensonges et de fausses justifications, le Premier ministre cherche à éteindre l'incendie politique déclenché par son déplacement à Berlin pour assister à un match de football, dans un avion de la République, et avec deux de ses fils. Un incendie qu’il a lui-même attisé par des déclarations intempestives sur le ton qu’on lui connait.

Dès son arrivé sur l'île de la Réunion où il est en visite, ainsi qu'à Mayotte, pour trois jours, le Premier ministre est revenu sur son déplacement en jet à Berlin, samedi soir, pour assister à la finale de la ligue des Champions opposant la Juventus de Turin au FC Barcelone.

Et le ton n'était plus à l'attaque, comme ces derniers jours. Il s'agissait « d'un déplacement officiel à l'invitation de Michel Platini », a d'abord de nouveau défendu Manuel Valls, parlant longuement, pendant 1 minute 50, du caractère «officiel» de son déplacement et des impératifs de sécurité qui imposent aux Premiers ministres des conditions de voyage particulières.

« Si c’était à refaire, je ne le referais pas.. »

Poursuivant qu'il était parti sans se cacher avec deux de ses quatre enfants. « L'avion étant affrété pour ce déplacement officiel, leur présence à bord n'a donc pas coûté un euro supplémentaire », a expliqué le Premier ministre, se référant même au député René Dosières, incarnation de la plus grande honnêteté et transparence dans l'utilisation de l'argent public. Mais, « sensible à la réaction des Français », il «se doit d'incarner un comportement parfaitement exemplaire» et a « décidé d'assumer la prise en charge du déplacement pour (ses) enfants », c'est-à-dire de rembourser sur ses deniers personnels.

« Si c'était à refaire, je ne le referais pas », a-t-il ajouté. « Et pour lever toute ambiguïté, tout doute, j'ai décidé d'assumer la prise en charge du voyage pour mes deux enfants, c'est-à-dire 2500 euros. Notre pays n'a pas besoin de polémique inutile ».

Pourquoi 2 500 euros ? C'est le tarif moyen sur un vol commercial pour deux personnes sur les trajets Paris-Poitiers, Poitiers-Berlin et Berlin-Poitiers, a précisé l'entourage du Premier ministre. «Je voulais mettre un point final à cette polémique pour me consacrer à l'essentiel», a-t-il conclu.

C’est l’opinion publique qui s’est offusquée

Depuis dimanche, de retour au congrès de Poitiers où il s'était engagé à passer du temps avec les militants socialistes, Manuel Valls a vu l'incompréhension grimper. Si la règle veut, pour des raisons de sécurité, que ce soit la République qui assume les déplacements du chef du gouvernement, l'aller-retour Poitiers-Berlin semblait une maladresse politique à l'heure de l'exemplarité. Et plus que la classe politique - qui au gouvernement et à l'Elysée l'a défendu tandis qu'à droite on observait globalement une certaine discrétion-, c'est l'opinion qui a fini par peser sur Valls. Devant la levée de boucliers, notamment après la révélation de la présence de ses fils, le Premier ministre avait dû se défendre... devant l'Assemblée nationale.