Personne ne s’attendait vraiment à ce que ce sommet européen extraordinaire fasse apparaitre un consensus au niveau des dirigeants européens. Alors, bien sur, personne n’est vraiment déçu mais en revanche rien ou presque n’est réglé. L'opération Triton de sauvetage des migrants en Méditerranée va voir ses moyens tripler. Un des seules décisions du sommet européen extraordinaire qui s'est conclu jeudi 23 avril au soir à Bruxelles. Les 28 dirigeants attendent en revanche l'aval de l'ONU pour mener des actions militaires contre les trafiquants en Libye.
Les 28 de l'UE ne sont pas tombés d'accord sur tout, mais ont décidé de renforcer les moyens de sauvetage des migrants en Méditerranée. Jeudi 23 avril à Bruxelles, les dirigeants européens sont parvenus à s'entendre pour tripler le budget de l'opération Triton, actuellement de trois millions d'euros par mois. Elle aura ainsi les moyens de Mare Nostrum - l'opération de la marine italienne mise en place suite à la tragédie autour de l'île italienne de Lampedusa à l'automne 2013 -, à qui elle a succédé à la fin de l'année dernière.
Cette opération gérée par Frontex, l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières extérieures de l'espace Schengen, dont sont membres 22 des 28 pays de l'UE, la Norvège, la Suisse, l'Islande et le Liechtenstein. La France a annoncé la mise à disposition de deux navires et de trois avions. L'Allemagne peut engager deux navires, la Belgique, la Suède, la Norvège et le Danemark un navire chacun. Le Royaume Uni, qui n'en est pas membre, a annoncé sa participation aux opérations de surveillance et de sauvetage avec un navire, deux patrouilleurs et trois hélicoptères.
Un mandat de l'ONU sinon rien
"Nous voulons agir vite" dans cette opération, a déclaré jeudi soir la chancelière allemande Angela Merkel. En revanche, aucun accord n'a été trouvé pour élargir le champ opérationnel de la mission et permettre aux navires de Triton de sortir des eaux territoriales afin d'aller plus près de la Libye, a-t-elle indiqué.
Les opérations militaires envisagées pour identifier, capturer et détruire les navires utilisés par les trafiquants avant leur départ ont elles aussi posé problème. Décision a été prise de chercher un mandat de l'ONU. La France et le Royaume-Uni, membres permanents du Conseil de sécurité, se sont engagés à présenter un projet de résolution, a annoncé le président François Hollande. Il en parlera dès vendredi 24 avril avec le président russe Vladimir Poutine, pour vaincre les réticences de Moscou.
"Les problèmes ne seront pas résolus aujourd'hui"
Les Européens se sont également divisés sur la prise en charge des réfugiés, en renvoyant les décisions à plus tard. Le plan d'action proposait aux Etats d'accueillir "au moins 5.000 personnes" ayant déjà obtenu le statut de réfugiés, dans le cadre d'un projet de réinstallation destiné aux Syriens, pour les dissuader de tenter la traversée. Mais aucun chiffre ne figure dans la déclaration finale "parce que nous pensons que 5.000 n'est pas suffisant", a expliqué Angela Merkel. La participation a ce programme de réinstallation est volontaire, pas obligatoire. "La France prendra sa part" en accueillant "entre 500 et 700 Syriens", a annoncé François Hollande.
"J'aurais aimé plus d'ambition", a déploré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, partisan de porter ce programme à au moins 10.000 places. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait tempéré les attentes dès le début de ce sommet extraordinaire convoqué après la dernière tragédie qui a fait quelque 800 morts. "Personne ne se fait d'illusions. Les problèmes ne seront pas résolus aujourd'hui", avait-il prévenu.
Source : leJDD.fr 24-05-2015