Elle était avec l'opposant Boris Nemtsov lorsqu'il a été assassiné vendredi 27 février au soir à Moscou. Ganna Douritska, un mannequin ukrainien de 23 ans, a affirmé lundi sur la chaîne câblée d'opposition Dojd être "retenue" contre son gré en Russie.
A la veille des obsèques de Boris Nemtsov à Moscou, sa compagne a déclaré lundi 2 mars être "retenue" en Russie. "Les enquêteurs m'interrogent et ne me disent pas quand je serai libérée ni pourquoi ils me retiennent ici", a dit Ganna Douritska, un mannequin ukrainien de 23 ans à la chaîne câblée d'opposition Dojd. La jeune femme se trouvait avec Boris Nemtsov sur un pont situé à deux pas du Kremlin lorsque ce dernier a été assassiné par balle vendredi soir.
"Je ne sais pas qui a fait ça (...) je ne sais pas comment l'assassin s'est approché, il était derrière moi", a-t-elle lancé, reconnaissant être actuellement "dans un état psychologique très difficile" et soulignant vouloir rentrer chez elle en Ukraine, auprès de sa mère. Mais "on ne m'autorise pas à sortir", a poursuivi Ganna Douritska. Pourtant, "j'ai le droit de quitter la Russie, je ne suis pas un suspect. Je suis témoin et j'ai donné toutes les informations que j'avais, j'ai tout fait pour aider l'enquête", a-t-elle insisté.
"J'ai peur qu'on l'accuse du meurtre", dit sa mère
Pour sa part, la mère de Ganna, Inna Douritska, a dit craindre pour la sécurité de sa fille, en appelant à l'aide les autorités ukrainiennes. "J'ai peur qu'on l'accuse du meurtre, simplement parce qu'ils ont besoin d'une piste ukrainienne", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Peu d'informations ont pour l'heure filtré sur le travail du Comité d'enquête. Celui-ci n'a "pas vocation à révéler en temps réel chacune de ses avancées", avait prévenu son porte-parole, Vladimir Markine. Les enquêteurs russes ont déclaré n'écarter aucune piste : le crime politique comme la piste islamiste en raison du soutien de l'opposant au journal satirique français Charlie Hebdo, ou encore celle d'un meurtre lié au conflit ukrainien et commis par des "éléments radicaux".
Les obsèques mardi, des personnalités refoulées?
Les obsèques de Boris Nemtsov doivent se dérouler mardi, en présence des ambassadeurs des pays européens et des responsables étrangers, parmi lesquels le chef de la diplomatie lituanienne Linas Linkevicius et le maire de Riga, la capitale lettone, Nils Usakovs. Le président du Sénat polonais, Bogdan Borusewicz, a déclaré de son côté que les autorités russes lui avaient refusé la permission d'aller aux obsèques de Boris Nemtsov, en réponse aux sanctions européennes contre Moscou selon la diplomatie polonaise.
L'eurodéputée lettonne Sandra Kalniete a également affirmé lundi soir avoir été refoulée à l'aéroport international Chérémétiévo de la capitale russe. "Après deux heures d'attente, on m'a informée que le droit d'entrée en Russie m'avait été refusé sur la base de l'article 27, alinéa 1 de leur code. J'ai demandé ce que voulait dire exactement cet article, mais personne n'a pu me l'expliquer", a-t-elle déclaré à l'AFP au téléphone.
Une cérémonie d'adieux est prévue mardi à partir de 07h00 GMT au Centre Sakharov à Moscou, suivi d'un office orthodoxe, a indiqué Konstantin Merzlikine, un proche collaborateur de Boris Nemtsov.
Source : leJDD.fr 03-03-2015