Les auto-écoles ont manifesté dans plusieurs villes de France, et plus particulièrement à Paris, vendredi 6 février contre la réforme du permis de conduire, inscrite dans la loi Macron. Mais le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a défendu le texte, évoquant une mesure "d'intérêt général pour la jeunesse".
Incompréhension entre Emmanuel Macron Ministre de l’Economie et les Auto-écoles. Alors que celles ci ont mené vendredi 6 février une opération escargot à Paris pour contester la réforme du permis de conduire, Emmanuel Macron a affirmé que cette mesure était "d'intérêt général pour la jeunesse". "J'entends les messages d'inquiétude mais c'est une réforme de bon sens pour notre jeunesse parce qu'on va réduire des délais d'attente trop longs et des coûts trop élevés", a déclaré le ministre de l'Economie à l'Assemblée nationale, en marge du débat sur le projet de loi Macron.
La réforme du permis de conduire instaurée dans la loi Macron et votée à l'Assemblée nationale la semaine dernière prévoit entre autres 45 jours d'attente maximum entre deux passages à l'examen de conduite, le recours à des agents d'entreprises publiques comme La Poste pour assurer certaines missions des inspecteurs, à l'image du code.
"Aucune mesure ne conduit à réduire la sécurité routière"
Pour les auto-écoles, cette réforme menace leur survie et va à "l'encontre de la profession et donc de la sécurité routière". Emmanuel Macron "entend libéraliser le secteur, au mépris des intérêts des élèves", estime le Conseil national des professions de l'automobile (CNPA), qui rappelle l'objectif fixé par le gouvernement de faire passer le nombre de morts sur les routes sous la barre des 2.000 d'ici 2020, après une hausse de la mortalité routière en 2014.
"Aucune mesure portée par le texte ne conduit à réduire la sécurité routière. Il ne faut pas désinformer", a répondu Emmanuel Macron. De son côté, le rapporteur thématique Gilles Savary (PS) a justifié la réforme par le fait que "les députés ne pouvaient rester indifférents aux conditions catastrophiques d'obtention du permis de conduire".
"Ça fait six mois qu'on travaille avec les services du ministère de l'Intérieur pour réformer le permis de conduire", souligne Frédéric Martinez, directeur du réseau d'auto-écoles ECF, agacé que "les amendements au projet de loi Macron viennent tout court-circuiter" alors que les organisations s'apprêtaient à remettre les conclusions de leurs travaux "dans les semaines à venir".
De nouvelles actions dès lundi
Les représentants des auto-écoles ont été reçus par des collaborateurs de Manuel Valls vendredi 6 février après-midi et des discussions se poursuivront dans les prochaines semaines, a indiqué le ministre de l'Economie.
Vendredi, à la mi-journée, 860 véhicules d'auto-écoles selon la police, 2.000 selon les organisateurs, sont arrivés klaxon hurlant à proximité du Champ-de-Mars, non loin de la Tour Eiffel, après s'être rassemblés dès 7h30 à différentes portes parisiennes, près du périphérique, engendrant une faible perturbation du trafic francilien. "Auto-écoles en colère, Macron démission", criaient les manifestants.
Lundi, les professionnels prévoient de manifester de nouveau à Paris et dans plusieurs villes de province comme Bordeaux, Lorient, Marseille, Nancy, Limoges, Clermont-Ferrand ou Alès.