Deux jours après avoir annoncé un coup de pouce à la France, Bruxelles l'assortit d'un calendrier exigeant. La Commission européenne a fixé vendredi 27 février de nouveaux objectifs de réduction budgétaire à la France, ce qui revient à réduire plus que prévu le déficit public français en 2016.
D'après la recommandation qu'elle a rendue publique vendredi 27 février, Bruxelles attend donc un déficit public de 4,0% du PIB en 2015 (au lieu des 4,1% promis par le gouvernement français), de 3,4% en 2016, là où Paris prévoit 3,6%, puis de 2,8% en 2017, année où le pays est censé repasser sous la barre des 3%.
La France est «en capacité» de respecter cette trajectoire «exigeante» mais «réaliste», a immédiatement réagi auprès de l'AFP le ministre des Finances, Michel Sapin (PS). «Cette trajectoire est-elle exigeante ? Oui. Est-elle réaliste ? Oui. C'est une trajectoire que la France est en capacité de respecter dans des conditions qui ne viennent pas brider par ailleurs la reprise économique timide qui doit être confortée», a déclaré ce proche de Hollande, actuellement en visite à Ljubljana (Slovénie).
Les demandes pour 2015 étaient déjà connues. Mais l'effort structurel engagé en France ne permettrait d'assurer que 0,3 point du PIB, et non le demi point attendu, soit, tout de même, une différence de 4 milliards d'euros. C'est cette différence qui a poussé les commissaires européens à maintenir pression sur Paris pour obtenir des gages de rigueur. Si de nouvelles mesures ne sont pas annoncées d'ici à l'été, la Commission pourrait, une première, sanctionner la France pour son dérapage budgétaire.
Le commissaire européen aux Affaires économiques, le français Pierre Moscovici, s'est efforcé ce vendredi de relativiser la sévérité des décisions de Bruxelles. «Je ne parle pas de sanction, je ne parle pas de surveillance, je parle d'incitations», a-t-il déclaré sur RTL, «mais en même temps ces incitations sont pressantes d'une certaine façon, puisque nous avons des procédures, et la France n'est pas du tout en situation d'être sanctionnée, mais on lui dit de manière ferme en effet: "il faut les faire ces réformes, comme tous les pays d'Europe"».
Source : LeParisen.fr 27-02-2015