En visite à Pékin, Manuel Valls a estimé que les échanges commerciaux entre la France et la Chine étaient trop défavorables au premier. Il va par conséquent plaider la cause de la France et essayer de trouver des solutions mail il aura toutefois du mal à faire inverser la tendance.
"Rééquilibrer les échanges commerciaux entre la France et la Chine". C'est l'objectif annoncé de Manuel Valls, en visite jeudi 29 janvier à Pékin. Il faut dire qu'il y a urgence : les exportations chinoises vers la France sont deux fois supérieures aux importations. "En 2013, le déficit commercial de l'Hexagone avec la Chine s'est établi à 26 milliards d'euros", résume pour Antoine Bondaz, chercheur associé à l'institut Asia Centre. Pourtant, si la France sait pertinemment qu'il faut remédier à ce déséquilibre, il sera difficile pour Manuel Valls de renverser la vapeur. Il y a pour cela plusieurs explications :
La Chine a un excédent commercial avec (presque) tous les pays développés.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et même l'Allemagne, pourtant championne européenne des exportations, achètent plus de produits à Pékin qu'ils n'en vendent. "Ce dont la Chine a besoin, ce sont des matières premières. Or celles-ci ne se trouvent pas en Europe, mais au Moyen-Orient et en Afrique. Elle affiche donc des déficits commerciaux avec des partenaires comme l'Arabie Saoudite ou l'Angola, car ce sont des pays où il y a peu de choses à exporter, mais beaucoup de matières premières à importer", souligne Antoine Bondaz.
Les entreprises françaises sont peu adaptées aux exportations.
En France, les ventes à l'étranger sont essentiellement portées par de grandes multinationales telles qu'Airbus, Thales ou Areva, qui signent peu de contrats, même si les montants sont très élevés. A l'opposé, l'Allemagne s'appuie sur un important tissu de PME exportatrices, signant de nombreux contrats pour des petits montants. La conséquence, c'est que les exportations françaises vers la Chine demandent un important lobbying du gouvernement et sont beaucoup plus dépendantes des relations géopolitiques. En 2008, la rencontre de Nicolas Sarkozy avec le Dalaï-Lama avait coûté cher aux entreprises françaises, alors que l'Allemagne avait moins eu à pâtir de l'entretien d'Angela Merkel avec le chef spirituel bouddhiste.
L'intérêt de la Chine n'est pas à importer.
"Il ne faut pas se faire d'illusions : la France a beaucoup plus besoin de la Chine que l'inverse", constate Antoine Bondaz. Et il y a peu de chances que celle-ci, par pure bonté d'âme, choisisse de rééquilibrer ses échanges avec Paris. "Le problème, c'est que les pays européens sont en concurrence pour signer des contrats et que les entreprises chinoises vont là où l'offre est la meilleure. Ce n'est pas la visite d'un Premier ministre français qui va faire changer cela…", conclut-il.
Source : leJDD.fr 30-01-2015
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