Le nouveau gouvernement d'Alexis Tsipras a présenté dès mercredi 28 janvier ses premières mesures anti-austérité, entraînant la chute de la bourse et notamment des grandes banques.
La bourse a dégringolé et les grandes banques ont perdu le quart de leur valeur. La réaction aux premières mesures anti-austérité présentées par le nouveau gouvernement d'Alexis Tsipras est immédiate. En ouvrant le premier conseil des ministres, Alexis Tsipras a déclaré qu'il s'estimait à la tête d'un gouvernement "de salut national", prêt à "verser son sang" pour rétablir "la dignité des Grecs".
Pour Syriza, cette perte de "dignité" est due aux contraintes imposées à la Grèce depuis l'entrée en vigueur des programmes d'aide, en 2010, et dont le nouveau gouvernement prétend s'affranchir, tout comme il exige une renégociation de la dette du pays. "Parmi nos priorités, a réitéré Alexis Tsipras, figure une nouvelle renégociation avec nos partenaires pour trouver une solution juste, viable et mutuellement utile". Déterminé à mettre fin à "la politique de soumission" du pays, il a également assuré vouloir éviter "une rupture désastreuse réciproque" avec les partenaires de la Grèce. Le nouveau ministre des Finances,Yanis Varoufakis, s'est aussi voulu apaisant. Tout en réaffirmant que son pays allait "tourner la page de la politique d'austérité", il a précisé qu'il "ne voulait pas de duels" entre la Grèce et l'Europe : au contraire, "une nouvelle relation de confiance et de sincérité".
Le marché et les banques dégringolent
Mais le gouvernement n'a pas tardé à mettre en oeuvre les engagements de Syriza qui devraient indisposer la troïka : l'arrêt de la privatisation du port du Pirée a ainsi été confirmée, ainsi que l'arrêt de celle de la compagnie nationale d'électricité, DEI. Le gouvernement Tsipras a également l'intention de faire passer très vite une loi destinée à améliorer le niveau de vie des Grecs, notamment en relevant le salaire minimum et en mettant fin à l'obligation de mobilité dans les services publics imposée par la troïka des créanciers du pays (UE, BCE, FMI). Mesure symbolique, il a annoncé la réintégration des femmes de ménage de l'administration des Finances du pays, mises en disponibilité il y a un an et demi et qui, depuis, avaient installé un campement devant le ministère à Athènes.
Or, l'Union Européenne a prévu de verser fin février à la Grèce les 7 derniers milliards de son plan d'aide, mais à la condition expresse que les réformes en cours aient abouti et que la Grèce observe un strict régime budgétaire. Or ni Alexis Tsipras ni son ministre des Finances n'ont paru mercredi accorder la moindre importance à l'échéance de février.
Les épargnants inquiets retirent leur argent
Du coup, les marchés ont perdu pied. L'indice général de la Bourse d'Athènes a ainsi perdu 9,24% mercredi, tandis que l'obligation à dix ans de la Grèce est repassée au-dessus de 10%. Les banques se sont effondrées perdant un quart de leur valeur (-26,67%) : la Banque nationale de Grèce cédant 25,45%, Banque du Pirée 29,26%, Eurobank 25,93% et Alpha 26,76%. Elles sont déjà fragilisées par des retraits, opérés ces dernières semaines par des épargnants inquiets de l'arrivée de Syriza, au point qu'elles ont dû faire un recours de précaution la semaine dernière au programme de liquidités d'urgence (ELA) prévu par la BCE.
Elles ont pu être victimes aussi des propos tenus la veille par Joachim Nagel, membre de la Banque centrale allemande, qui avait mis en garde sans nuance le nouveau gouvernement grec contre un arrêt du programme d'aides européennes en cours, brandissant la menace de possibles "conséquences fatales pour le système financier grec", dont les banques "perdraient alors leur accès à l'argent de la Banque centrale".
Source : leJDD.fr 28-01-2015
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