Les Irakiens ont voté dimanche 7 mars en grand nombre en dépit des obus et bombes qui ont fait 38 morts et 110 blessés lors d'un scrutin législatif crucial entouré d'impressionnantes mesures de sécurité.
Selon les premières estimations données par les responsables locaux, les regions sunnites qui avaient boycotté le scrutin en 2005 semblent avoir davantage voté que les provinces chiites. Ainsi 90 % des électeurs se sont rendus aux urnes dans la province de Diyala, 82 % dans la ville de Samarra et 60 % dans le gouvernorat de Ninive alors que dans des provinces chiites comme Diwaniya, Najaf et Nassiriya, le taux de participation se situe entre 55 % et 60 %. Les bureaux de vote sont désormais fermés et les opérations de dépouillement ont immédiatement débuté.
Tirs d'obus de mortier
Dès l'ouverture du scrutin à 7 heures (5 heures à Paris), les tirs d'obus de mortier et de roquettes katioucha ont secoué la capitale, survolée par des hélicoptères. Au moins soixante-dix projectiles sont tombés principalement sur les quartiers sunnites. 38 personnes ont été tuées par ces tirs. Le nombre de blessés s'élève à 110 personnes dans tout le pays, dont 13 par des tirs d'obus contre un bureau de vote à Iskandariya, à 50 km au sud de Bagdad.
Les explosions ont fait trembler les murs des immeubles mais pas les Irakiens habitués depuis sept ans aux bombes et obus. "C'est notre destin. Nous Irakiens, ne connaissons pas notre avenir mais pour nous aujourd'hui les bombes sont des vétilles", assure la professeur d'anglais Arabiya al-Samarraï, 46 ans, présente avec ses deux enfants dans un bureau de vote à Mansour, à Bagdad. "Votez contre Al-Qaeda ! Ils nous ont terrorisés pendant plusieurs années. Maintenant, il faut les chasser car ils font du tort au pays", a lancé dans un bureau de vote Kamal Fawaz, un électeur de Fallouja, ancien fief de l'insurrection après l'invasion de l'Irak en 2003.
Le réseau d'Oussama Ben Laden a menacé de mort quiconque participerait à ces élections, les deuxièmes depuis le renversement de Saddam Hussein. Ce scrutin est jugé crucial pour la stabilité du pays à six mois du départ des troupes américaines de combat et à moins de deux ans du retrait total.
Vers un retour des sunnites sur la scène politique ?
Plusieurs centaines de milliers de militaires et policiers ont protégé les 46.000 bureaux de vote. Environ 19 millions d'électeurs ont été appelés à désigner les 325 députés pour un mandat de quatre ans durant lequel 96.000 soldats américains quitteront définitivement l'Irak. Ces législatives doivent consacrer l'hégémonie politique des chiites, qui représentent près de 60 % de la population et le retour sur la scène politique des sunnites, qui ont perdu en 2003 la direction de l'Etat qu'il détenait depuis sa création en 1920.
Douze coalitions et 74 partis sont en lice mais deux listes sont données favorites : l'une ayant une forte connotation religieuse chiite, "l'Alliance pour l'Etat de droit" du Premier ministre Nouri al-Maliki, et l'autre résolument laïque, le Bloc Irakien, dirigé par l'ancien chef du gouvernement Iyad Allawi.
Source : lepoint.fr 07-03-2010
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