Le déficit commercial français a atteint 6,6 milliards d'euros au mois de février dernier. Un chiffre qui dépasse les estimations les plus pessimistes et qui s’explique, en partie seulement, par la hausse des prix de l’énergie

Le déficit commercial français a largement dépassé les attentes les plus pessimistes au mois de février, se creusant pour atteindre -6,55 milliards d'euros, alors que la moyenne des économistes tablait sur -5,6 milliards d'euros.

"Dans un contexte de tension sur les prix du pétrole, la facture énergétique s'alourdit encore. Les importations manufacturières continuent de progresser, du fait, notamment, d'une vive hausse des biens intermédiaires (chimie et métaux). La hausse des exportations est plus modérée", détaillent les Douanes, en charge de la statistique.

Les exportations ont progressé de 2,3% sur 3 mois et de 13,7% sur un an à 34,723 milliards d'euros, tandis que les importations ont bondi de 6,9% à 3 mois et de 18,7% à un an, à 41,276 milliards d'euros. Le déficit cumulé sur 12 mois atteint ainsi -57,11 milliards d'euros, contre -51,12 milliards d'euros un an avant.

La facture énergétique a certes pesé sur la balance commerciale, et elle continuera de peser dans les mois qui viennent. Mais elle n'explique pas tout. D'ailleurs, si l'on exclut les hydrocarbures, les échanges de l'Hexagone restent déficitaires de 1,35 milliard d'euros. En réalité, seuls trois secteurs de l'économie française présentent un excédent commercial en février: l'agroalimentaire, la chimie et la pharmacie. Pour le reste, la France accuse de lourds déficits, particulièrement dans les biens d'équipement, les biens industriels et même dans l'automobile.

Il ne faut pas se voiler la face, le problème est profond. La France souffre d'un manque cruel de compétitivité. En effet, tous les indicateurs montrent malheureusement que l'appareil de production continue de perdre du terrain face à ses concurrents. La part des exportations françaises de marchandises dans les échanges mondiaux n'est plus que de 3,5% en 2010, un niveau historiquement bas, contre 4% entre 2007 et 2009 et 6,3% en 1990. Et la montée en puissance des pays émergents n'explique pas tout. La preuve: la part des exportations françaises de biens et services dans celles de la zone euro n'était plus que de 13,1% au troisième trimestre 2010, contre 16.9% en 1999, date du début du recul tendanciel de la position française. Même dans les secteurs qui sont habituellement nos points forts, notre compétitivité s'érode. Ainsi, les excédents du secteur agroalimentaire ne cessent de se réduire, avec une concurrence de plus en plus féroce sur le vin et le lait notamment. Autant dire que le déficit commercial français n'est pas près de se résorber.

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