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10 octobre 2017 2 10 /10 /octobre /2017 07:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (16 / 52)

 

Louis XVI

 

 

 

L'EPREUVE DE FORCE CONTRE LE ROI : MAI - JUIN 1792

 

 

 

 

    La mise en place, au mois de mars dernier, de la garde constitutionnelle du Roi, décrétée par l'Assemblée nationale, a fourni le prétexte à une campagne, orchestrée par les Jacobins, contre un prétendu « comité autrichien » soupçonné d'entretenir des relations avec l'ennemi. C'est, bien entendu, la reine qui est directement visée par ces attaques mais, avec elle, ce sont les conseillers du Roi, les Ministres, et Louis XVI* lui-même, que l'on cherche à atteindre.

    La campagne des Jacobins est d'autant mieux perçue par l'opinion que, dans Paris, sévit la disette. Le peuple a faim, les produits de première nécessité se raréfient et l'émission massive d'assignats (1); la nouvelle monnaie, qui n'inspire confiance à personne, pousse les paysans et les commerçants à stocker grains et farine.

 

    Le mouvement « sans-culottes » se développe rapidement et il exprime avec beaucoup de bruit des revendications précises : imposition des riches, taxation des denrées mais également, ce qui est nouveau, démocratie !

    Brissot* et ses amis, qui ont poussé à la guerre et qui ne peuvent que constater la mauvaise tournure que prend ce conflit, sont très inquiets de voir naître cette poussée de mécontentement. Craignant de se faire déborder, ils lancent une contre-offensive en s'appuyant, eux aussi, sur le peuple. Ils justifient les revers militaires par l'incompétence et le manque de patriotisme des généraux, incapables de faire triompher la valeureuse armée de la Révolution. Ils attribuent toutes les difficultés intérieures aux manœuvres du clan Feuillant.  Quant au Roi, c'est par l'intermédiaire de l'Assemblée que les brissotins vont tenter de l'affaiblir. Coup sur coup, ils font voter plusieurs décrets en sachant très bien qu’ils sont innacceptables pour le Roi: le 27 Mai, un premier stipule que les prêtres réfractaires seront dorénavant déportés sans jugement; un deuxième, le 29 Mai, décide la dissolution de la garde constitutionnelle du Roi.

 

    Le 8 Juin, les députés votent encore un nouveau décret concernant la création, aux portes de Paris, d'un camp de 20 000 Fédérés venant de tous les départements. C'est pousser un peu loin la provocation; Louis XVI*, qui ne peut tolérer de telles mesures sans avoir l'air de capituler, oppose son veto, le 11 Juin, aux deux décrets sur les prêtres réfractaires et sur les Fédérés. Roland, Ministre de l'Intérieur, aura beau sommer le Roi d'accepter les décisions de l'Assemblée nationale, Louis XVI* ne cédera pas, bien au contraire : il renvoie les trois Ministres Roland, Clavière et Servan (2), confie le Ministère de la Guerre à Dumouriez et appelle, le 15 Juin, un Ministère Feuillant dont les membres, bien entendu, ont été désignés au Roi par Duport et les frères Lameth.

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION  :  DANTON (16 / 52)

 

Assignat de 50 Sols

    L'épreuve de force est engagée : dans les sociétés populaires, c'est un véritable tollé qui salue les décisions royales. Celles-ci semblent, en effet, laisser présager ce que réclame La Fayette* depuis longtemps : briser les Jacobins, dissoudre éventuellement l'Assemblée, rappeler les émigrés et terminer la guerre par une transaction avec l'ennemi.

    Danton ne reste pas inactif. Il tonne à la tribune du Club :

 

« Je prends l'engagement de porter la terreur dans cette Cour perverse ! Le pouvoir exécutif n'a déployé son audace que parce qu'on a été trop faibles ! »  (3)

 

    Et il demande, en conséquence, que soient mis en place des moyens de la plus grande énergie pour sauver la patrie des dangers qui la menacent. Le lendemain même de son intervention il précise, à la tribune du Club des Jacobins, quelles sont les mesures qu'il attend :

 

« Une nouvelle répartition de l'impôt dont il fallait rejeter sur les riches une plus grande partie..

«  Une loi fondée sur le bien de l'Etat, continuellement opposé à l'intérêt de la Maison d'Autriche qui a toujours fait le malheur de la France.. » pour « forcer le Roi à répudier sa femme et la renvoyer à Vienne, avec tous les égards, les ménagements et la sûreté qui lui sont dus. »

 

    Danton est entré à nouveau dans l'action, même si, cette fois, c’est de façon un peu outrancière !...Et les occasions de faire entendre sa voix ne vont maintenant pas manquer !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   Assignats : En 1789, l'Assignat est une valeur mobilière gagée sur les biens immobiliers du Clergé. La première émission, décidée après la saisie des biens de l'église, à la fin de 1789, s'élève à 400 millions et porte intérêt à 5 %.

En Avril 1790, les Constituants transforment les biens du clergé sous séquestre en biens nationaux. Leur vente est destinée à combler le déficit de l'Etat et une nouvelle émission de 800 millions est décidée en Septembre 1790; le taux est alors porté de 5 à 3 %. Mais cette émission massive va provoquer une vague inflationniste : le peuple se méfie de l'Assignat et épargne en monnaie métallique. L'Assignat va alors subir une dépréciation rapide et continue. Par rapport à la monnaie métal, la dépréciation est de 10 % en Avril 1790; de 18 % en Octobre 1791; de 48 % en Décembre 1793. Elle atteindra 92 % en Mars 1795 ! Les émissions des Assignats sont en rapport avec cette dépréciation : il y a 4 milliards d'Assignats en Octobre 1792; 9 milliards en Septembre 1793. Il y en aura 14 milliards en Février 1794 !....

 

(2)   SERVAN (Joseph) : Né en 1741. Il est Sous-gouverneur des Pages de Louis XVI*, lorsqu’il  est gagné par les idées de la Révolution. Lieutenant Colonel en 1791, Colonel en 1792, puis Maréchal de Camp, il reçoit le portefeuille de la Guerre sur la demande des Girondins en Mai 1792.

Limogé le 12 Juin avec les autres Ministres Girondins, il retrouvera son ministère après le 10 Août 1792 et jusqu'au 30 Septembre, date à laquelle il est nommé pour commander l'Armée des Pyrénées. Destitué le 4 Juillet 1793 comme ancien Girondin, il ne sortira de prison qu'en Janvier 1795 et mourra en 1808.

 

(3)   cité par Frédéric BLUCHE  "Danton"  op. cit. Page 165

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A SUIVRE :

 

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : DANTON (17/52)

 

LE PEUPLE AUX TUILERIES  :  JUIN 1792

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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