Il ne manque pas de souffle le « Baby Doc » et il profite au maximum du chaos qui règne dans son pays. Revenu dans son pays après vingt cinq années d’exil pendant lesquelles, entre parenthèses, il a été hébergé par la France qui n’a jamais trouvé rien à redire, il exprime sa compassion pour un peuple qu’il a jadis écrasé par sa dictature !... Pour la première fois depuis son retour en Haïti, Jean-Claude Duvalier a exprimé vendredi 21 janvier sa "tristesse" face à ses compatriotes "victimes de son régime". L'ancien dictateur a aussi appelé à la réconciliation afin de sortir le pays de l'impasse. Mais il n’est pas sur que ses préoccupations soient seulement de rendre service à son pays. Certains y voient une sordide affaire d’argent..
Presque une semaine après son retour en Haïti, l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier a tenu à prendre la parole. Et, vendredi, "Baby Doc"a exprimé des regrets dans une allocution prononcée dans sa maison de Pétionville, située sur les hauteurs de Port-au-Prince. "Je saisis cette opportunité pour dire une fois encore ma profonde tristesse à tous mes compatriotes qui se considèrent sincèrement comme des victimes de mon régime",a-t-il déclaré, sans pour autant s'excuser. En 1971, à la mort de son père, Jean-Claude Duvalier avait pris le pouvoir, devenant ainsi à 19 ans le plus jeune chef de l'Etat du monde. Proclamé "président à vie",il a dirigé Haïti jusqu'à son départ en exil en France en 1986, à la suite d'un soulèvement populaire.
Vendredi, l'ancien dictateur a également lancé un appel à la réconciliation. "Si nous faisons en sorte que le tocsin de la réconciliation nationale résonne dans tous les cœurs (…), alors le jour arrivera rapidement où tous les enfants, hommes et femmes d'Haïti (…) pourront marcher main dans la main sans exception et participer ensemble à la renaissance d'Haïti", a clamé Jean-Claude Duvalier. Mais l'homme, aujourd'hui âgé de 59 ans, n'a pas donné les raisons précises de son retour inattendu dans le pays. Il a seulement indiqué vouloir "montrer sa solidarité dans cette période extrêmement difficile"et aider "à reconstruire le pays". Devant sa maison, une centaine de partisans ont scandé: "Duvalier, ce pays est tien, fais-en ce que tu veux."
Cette semaine, "Baby Doc" a été inculpé par la justice haïtienne pour corruption, vol, détournement de fonds et abus de pouvoir. Il a été laissé en liberté, mais il lui est interdit de quitter le pays. Quatre personnes ont également déposé plainte pour crimes contre l'humanité, en raison des sévices dont ont été victimes des milliers d'opposants durant ses 11 années de pouvoir.
Motivations probables : l'appât du gain !..
Bien sur, beaucoup se sont interrogés sur les raisons de ce retour au pays après si longtemps.. Et il n’est pas sûr que les intentions de «Baby doc» soient aussi vertueuses que ne le pensent certains. Les Associations de défense des droits de l'homme et experts estiment que ce retour inopiné fait partie d'une manœuvre qui lui permettrait de retrouver ses avoirs bloqués en Suisse. En grandes difficultés financières, il ne serait revenu en Haïti que par simple appât du gain.
Duvalier craindrait une loi suisse qui doit entrer en vigueur le 1er février prochain et qui permettra la restitution à Haïti de quelque 5,7 millions de dollars déposés par sa famille sur des comptes en Suisse. Le nouveau texte permettrait en effet au gouvernement helvétique de rendre directement à son peuple les fonds illicites bloqués, même si Haïti n'avait pas engagé d'action en justice contre lui. Mais il aurait alors fallu que l'absence de poursuites soit motivée par un système judiciaire actuellement trop faible ou par son absence dans le pays. «Si Duvalier revient en Haïti et n'est pas poursuivi, alors il peut dire: je suis disponible pour des poursuites, mais vous ne me poursuivez pas, donc rendez-moi mon argent»,explique Reed Brody.
Et la manœuvre pourrait fonctionner. Si l'ancien dictateur a été inculpé mardi de corruption, de détournements de fonds publics et d'association de malfaiteurs, commis sous sa présidence et s'est vu signifier une interdiction de quitter le pays, il est ressorti libre du tribunal. «La Cour de cassation a depuis longtemps annulé ces plaintes, et en Haïti, la prescription couvre celles qui ont été déposées pour crime contre l'humanité», explique Camille Leblanc, ancien ministre de la justice haïtienne, avant de conclure : « Bref, il profite du système judiciaire que lui et son père ont mis en place.»
Source : lejdd.fr 22-01-2011
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