Renouant avec la tradition des conférences de presse à l’Elysée qu’il n’affectionne pas beaucoup, Nicolas Sarkozy a présenté à un parterre de journalistes et de diplomates les « nouvelles idées » de la France alors que s’ouvre la présidence française du G20. Tous les observateurs ont bien noté que les ambitions françaises avaient quelque peu mollies. Plus de promesses et de défis, simplement des pistes de travail sur des thèmes que le Président a maintes fois évoqués. Le chef de l’Etat a cependant promis de jouer "collectif" et s’est félicité que l’ordre du jour fasse "consensus", rappelant qu’il avait eu des discussions en privé avec les chefs d’Etats des deux puissances mondiales les USA et la Chine
"Si le G20 veut rester légitime, il doit demeurer efficace. Notre objectif est de lancer des chantiers de fond de manière à apporter des résultats concrets", a expliqué Nicolas Sarkozy. Les priorités de la présidence française du G8 et du G20 portent sur six axes: le système monétaire international, la régulation financière, la lutte contre la volatilité des prix des matières premières, le soutien à l’emploi, la lutte contre la corruption et l’action pour le développement. Elles se déclinent en une dizaine de propositions-clés.
La taxe sur les transactions financières
Pour financer la conversion écologique dans les pays pauvres, le président de la République soutient la création d’une taxe sur les transactions financières. "Cette taxe est morale", a-t-il justifié. "Elle est utile pour lutter contre la spéculation et trouver des nouvelles ressources". Si l’idée n’est pas nouvelle, elle se heurte à "de grands adversaires que nous essaierons de convaincre", a reconnu le chef de l’Etat. Les anglo-saxons y sont hostiles. Nicolas Sarkozy s’est dit ouvert à d’autres propositions, par exemple une taxe sur les containeurs ou sur les cigarettes. "Nous sommes prêts à un panier de financements", a-t-il avancé. Il n’est pas opposé à l’idée que « la France mette seule en place cette taxe pour donner l’exemple: Pourquoi pas? ». Mais il préfèrerait obtenir le soutien d’autres pays: "Pour être crédibles, on ne peut pas prendre une initiative seuls".
Même s’ils sont plutôt d’accord sur le principe, beaucoup de pays rechignent à mettre en place une nouvelle taxe, d’abord au titre du libéralisme et ensuite au nom de la crise.
Internet
Le chef de l’Etat souhaite "un internet civilisé". Les opérateurs de télécoms seront réunis après le sommet du G8 de Deauville qui se tiendra fin mai. "Il ne s’agit nullement de brider les contenus", a précisé le Président.
Le développement des pays pauvres
Nicolas Sarkozy souhaite que le G20 fasse de l’Afrique "une priorité". Il veut établir une liste d’infrastructures à financer d’urgence. Ces projets seront communiqués à l’issue du sommet du G20 à Cannes en novembre.
Définir des indicateurs économiques
La proposition date du sommet de Séoul. Elle consiste à établir un diagnostic partagé entre les grandes puissances sur les déséquilibres commerciaux et financiers. Nicolas Sarkozy promet des résultats "dès le mois de février". Ces indicateurs doivent permettre d’orienter les réformes dans chaque pays.
Un code de conduite pour les flux de capitaux
Nicolas Sarkozy veut instaurer des "règles multilatérales" sur les mouvements de capitaux qui déstabilisent les monnaies et les marchés. Plusieurs pays, comme le Brésil ou la Corée du Sud, sont tentés de prendre des mesures protectionnistes unilatérales pour prévenir les bulles spéculatives. Le chef de l’Etat estime que le FMI doit pouvoir "exercer sa surveillance" sur les mouvements de capitaux intempestifs.
Un élargissement des Droits de tirage spéciaux
"Les DTS ont été créés il y a 42 ans. Peut-on s’accorder sur l’élargissement à de nouvelles monnaies comme le Yuan", s’est interrogé le Président. Les Droits de tirage spéciaux constituent l’équivalent d’une monnaie commune au Fonds monétaire international dont le Président veut accentuer le rôle. Elles sont supposées refléter le poids économique des membres de cette institution. La France va installer un groupe de travail sur le FMI piloté par l’Allemagne et le Mexique, qui assurera la présidence du G20 en 2012.
Réguler les marchés de matières premières
Nicolas Sarkozy propose un ensemble de mesures pour rendre plus transparents et moins spéculatifs les marchés de matières premières, notamment agricoles. Il souhaite que tous les pays producteurs abondent une base de données commune "afin de prévenir les crises alimentaires". Un code de bonne conduite pourrait s’appliquer aux marchés. Un système d’assurance éviterait aux producteurs de geler leurs exportations.
Un "socle" de protection sociale universel
La France veut "soutenir l’emploi et renforcer la dimension sociale de la mondialisation", indique le dossier de l’Elysée. Nicolas Sarkozy propose la mise en place d’un "socle de protection sociale universel" qui ne serait "pas un modèle unique" mais permettrait aux grands pays de partager des principes communs. Le chef de l’Etat pousse tous les membres du G20 à signer les normes fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui interdit, par exemple, le travail des enfants et promeut l’égalité hommes-femmes.
La gouvernance mondiale
La France souhaite que le G20 se dote d’un secrétariat permanent qui assurerait le suivi des décisions et leur application par les grandes institutions mondiales (FMI, OMC...).Le Premier ministre britannique David Cameron a été missionné sur ce sujet.
Des idées, on le voit, bien généreuses, mais qu’il sera très difficile de faire adopter à 20 chefs d’Etat qui ont chacun leurs problèmes particulier et des intérêts économiques parfois très divergents. Ces idées devraient également, si quelques unes d’entre elles sont mises en œuvre, renforcer le rôle régulateur du FMI. On ne voit pas en effet très bien qui pourrait piloter ces affaires si ce n’est cet organisme.
Source : lejdd.fr 25-01-2011
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