On l’attendait depuis plusieurs jours ce discours présidentiel. D’autant plus que les occasions de s’adresser au parlement et encore plus au peuple sont assez rares. A Damas, le président syrien Bachar el-Assad a prononcé son discours devant le Parlement, retransmis à la télévision. Il devait y présenter un programme de réformes sans précédent. On attendait au moins qu’il annonce la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis près de 50 ans. Mais il n'a finalement rien annoncé de concret. Comme beaucoup d’autres au moyen orient il a évoqué une conspiration contre la Syrie. Une manière d’expliquer que les émeutes dans la rue sont téléguidées par des étrangers…
Contrairement à ce qui était largement attendu, Bachar el-Assad n'a pas annoncé la levée de l'état d'urgence, en vigueur dans tout le pays depuis 1963."J'appartiens au peuple syrien, et quiconque appartient au peuple syrien devra toujours garder la tête haute." C'est ce que le président a déclaré à la Nation, en préambule de son discours devant les députés. "C'est un moment exceptionnel qui apparaît comme un test de notre unité", a-t-il ajouté.
C'est la première intervention publique du président depuis le 15 mars, début du mouvement de contestation. Elle a lieu au lendemain de la démission du gouvernement de Mohammad Naji Otri, en place depuis 2003. Bachar el-Assad a été accueilli par une ovation des députés qui ont scandé "par notre sang, par notre âme, nous nous sacrifierons pour toi Bachar." "Je sais que les Syriens attendent ce discours depuis la semaine dernière, mais je voulais attendre d'avoir une image complète de la situation... afin d'éviter de tenir des propos émotionnels qui auraient peut-être apaisé les gens, mais n'auraient pas eu d'effet concret au moment où nos ennemis visent la Syrie" a alors déclaré le chef d'Etat.
Théorie de la "conspiration"
En effet, Bachar el-Assad affirme que son pays fait face à "des conspirateurs" qui ont tenté de renforcer le sectarisme et de "faire tomber" la Syrie. Il a accusé une "minorité" de tenter de semer le chaos à Deraa, mais a affirmé que la population de cette ville, où des affrontements sanglants se sont déroulés samedi dernier, parviendrait à venir à bout des fauteurs présumés de troubles. "Cette conspiration est différente sur la forme et sur le moment choisi de ce qui se passe ailleurs dans le monde arabe", a-t-il estimé. "Nous ne sommes pas une copie des autres pays."
"Nous sommes totalement favorables à des réformes. C'est le devoir de l'Etat. Mais nous ne sommes pas favorables à des dissensions", a poursuivi le président, avant d'indiquer que la lutte contre la corruption et le chômage était une "priorité" du prochain gouvernement. Mais Bachar el-Assad a omis d'évoquer les trois mesures qu'opposants et la communauté internationale attendent : la levée de l'état d'urgence, la libéralisation des médias et le pluralisme politique. Un rendez-vous manqué qui symbolise les hésitations du régime, tiraillé entre la tentation de la répression et des négociations avec l'opposition.
Source : lejdd.fr 30-03-2011
Informations MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)