Ce débat sur la réforme des retraites va décidément laisser des traces profondes au parlement. La nuit de mercredi 15 septembre a donné lieu à un accrochage très sévère entre les députés du Groupe Socialiste et le Président de l’Assemblée Bernard Accoyer dont ils ont demandé la démission. "Le président de l'Assemblée nationale s'est rendu coupable ce matin de forfaiture", peut-on lire dans le communiqué des socialistes. Le président de la chambre a refusé à l'opposition la possibilité de procéder à des explications de vote pour ne pas retarder l'adoption du projet de loi, prévue mercredi à 15 heures. Si les mots sont durs, si la position du Président de l’Assemblée peut se comprendre, il n’en reste pas moins que le règlement, voté par les députés il n’y a pas si longtemps, n’a pas été appliqué.
L'ambiance cette nuit a été houleuse. Cette matinée, c'est carrément délétère. Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale, a provoqué l'ire des socialistes en suspendant une séance marathon autour de l'examen du projet de loi sur les retraites. Le motif du patron des députés était simple: le débat avait débuté la veille a 16 heures et s'est poursuivi toute la nuit, les élus de l'opposition ayant fait chacun valoir leur droit à une "explication de vote". Pendant cinq minutes, chaque député pouvait s'exprimer. Résultat, le vote du texte, prévu à 15 heures cet après-midi, aurait été forcément reporté.
Une perspective qu'a refusé le président de l'Assemblée: ces explications de vote "n'ont d'autre objet que de retarder la fin du débat", a-t-il déclaré dans un communiqué de presse pour expliquer la suspension de la séance. "Je ne laisserai pas, au travers de petites manœuvres, l’obstruction, qui est paralysante et dévalorisante pour notre Parlement, se réinstaller", a-t-il ajouté. Mais en décidant de renvoyer les députés de la chambre, les socialistes ont vu leur sang ne faire qu'un tour. Ils se sont levés comme un seul homme, ont suivi le président jusque vers son bureau en scandant "démission!"
" Il viole de sang froid les règles qu'il a lui-même fait adopter"
"Le président de l'Assemblée nationale s'est rendu coupable ce matin de forfaiture", peut-on lire dans leur communiqué. "Garant de l'institution, le président de l'Assemblée a le devoir de faire respecter la démocratie dans la maison du peuple", déclare le groupe PS. "Aujourd'hui nous ne reconnaissons plus l'autorité d'un président qui viole de sang froid les règles qu'il a lui-même fait adopter", poursuit le communiqué. "C'est pourquoi les députés socialistes demandent la démission sans délai de Bernard Accoyer d'une fonction qu'il a trahie".
"J'ai fait mon devoir en mon âme et conscience. Les socialistes ne sont pas encore habitués à ce règlement. S'ils redevenaient un jour majoritaires, je prends le pari qu'ils ne le changeraient pas et qu'ils appliqueraient la jurisprudence qui s'est écrite aujourd'hui", s'est défendu Bernard Accoyer devant la presse. Le président du groupe UMP, Jean-François Copé, a exprimé sa solidarité. "Nous sommes totalement solidaires de la décision de Bernard Accoyer. C'est une décision de sagesse", a-t-il dit, lors d'une conférence de presse. "Les socialistes font ces détournements de procédure et tentent de retarder de quelques jours le vote de cette réforme pour masquer le fait qu'ils n'ont sur ce sujet aucune ligne politique claire", a ajouté le patron du groupe majoritaire. A la reprise des travaux, à 15 heures, l'ambiance devrait être électrique.
Source : lejdd.fr 15-09-2010
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