Le groupe de Patrick Kron passera-t-il sous pavillon américain ou allemand? Le gouvernement cherche à gagner du temps. La réunion entre le Premier Ministre, Arnaud Montebourg et le PDG de General Electric qui devait se tenir dimanche 27 avril au soir a été annulée suite à la proposition ( ?) de l’allemand Siemens.
C'est un tsunami auquel ne s'attendaient ni les salariés d'Alstom ni ceux qui nous gouvernent. Un secret d'entreprise bien gardé jusqu'à mercredi et cette dépêche de l'agence de presse américaine Bloomberg qui annonce dans la soirée une possible reprise par le géant industriel du Connecticut General Electric d'Alstom, le père du TGV sauvé de la faillite en 2004 par Nicolas Sarkozy. Tout un symbole et un psychodrame national qui affole de Paris à Belfort, où cohabitent depuis 1999 près de 4.000 employés d'Alstom et de GE. Certes, les deux groupes se mesurent depuis des années sur tous les continents. Mais un mariage diluerait l'industriel français à tout jamais.
Et voilà que serait englouti un nouveau pan du patrimoine industriel, et avec lui des emplois, des recettes fiscales et des conquêtes économiques qui portent haut et loin le drapeau tricolore. Un coup de trop, après Pechiney emporté par le groupe canadien Alcan, Arcelor raflé par Mittal, le géant indien de l'acier, mais aussi le roi de la pub made in France Publicis pacsé à l'américain Omicom depuis juillet, le constructeur automobile PSA marié au chinois Dongfeng ou le cimentier Lafarge uni à son concurrent suisse Holcim.
Le rêve d'un "Airbus de l'énergie"
"Cela a été quelque chose de subi(t) aux deux sens du terme", verbalise une source à Bercy. Impensé et impensable pour François Hollande. Pas question de perdre un nouveau pilier du CAC 40 sauvé par son prédécesseur. Le passage sous pavillon américain d'Alstom est aussi une épine de plus dans le pari sur l'emploi, la réindustrialisation et les rêves du gouvernement de faire émerger des champions européens. Après les mots, les actes. L'idée de réveiller un projet avec l'allemand Siemens qui se prépare à déposer une offre concurrente ce week-end fait clairement partie des "autres solutions et éventualités" annoncées par Arnaud Montebourg vendredi 25 avril dernier. Peut-être l'ébauche d'un Airbus de l'énergie et du rail. Au minimum, l'offre de Siemens permettra-t-elle de gagner du temps et/ou d'exiger de l'américain GE et à froid plus de contreparties.
Et d'abord des garanties sur l'emploi au moment où le ministère du Travail annonce un nouveau record du chômage. En mars, 3.349.300 personnes étaient inscrites à Pôle emploi en catégorie A. Des mauvais chiffres que l'exécutif entend corriger en accélérant la mobilisation de l'État autour du pacte de responsabilité, supposé générer 200.000 emplois et 0,6 point de croissance supplémentaires à l'horizon 2017. Beaucoup plus tangibles que les 100.000 emplois verts qu'espère créer d'ici à trois ans Ségolène Royal, la ministre de l'Écologie.
Un gouvernement « de combat »
Pour s'afficher dans une posture de combat, le Premier ministre Manuel Valls a convoqué à Paris lundi 28 avril tous les préfets, les directeurs des administrations locales et de Pôle emploi afin de "lancer une dynamique". "Le Premier ministre fera passer le message : la collectivité fournit un effort considérable, nous attendons des retours en termes d'emploi, d'apprentissage, d'investissement, etc., qui passent par leur mobilisation dans les territoires", dit-on à Matignon. Hollande conclura ce rendez-vous par une "brève allocution", selon un proche du Président. Dans la foulée de cette réunion, en fin de journée, Michel Sapin, ministre des Finances, et Arnaud Montebourg ouvriront un autre front en entamant un dialogue avec une dizaine de dirigeants d'entreprises dans lesquelles l'État français est actionnaire. Une manière de préparer l'après… Alstom.
Source : leJDD.fr 27-04-2014
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