Plus d'une dizaine de milliers de céréaliers, juchés sur des tracteurs, ont déferlé mardi dans les rues de Paris pour dénoncer la baisse de leurs revenus et manifester leurs craintes sur l'avenir de la Politique agricole commune (PAC). La manifestation a eu lieu sous un soleil radieux dans une atmosphère bon enfant et s'est terminée dans le calme. Selon la préfecture de police de Paris, qui a salué la "bonne tenue" de la manifestation, 3.800 personnes et 1.546 tracteurs ont manifesté. De son côté, la Fédération nationale des syndicats des exploitants agricoles (FNSEA) avance le chiffre de 11.400 manifestants et de 1.500 tracteurs.

Le matin, les tracteurs étaient entrés dans Paris par la porte de Vincennes, après avoir franchi plusieurs péages de banlieue. Regardez les images filmées par un amateur sur le périphérique parisien :

Ils arboraient des panneaux où était écrit "Détresse agricole", "agriculteurs en colère" ou encore "tous à Paris". "Ce soir, tout le monde va dire 'Quelle réussite !', mais ce ne sera réussi que s'il y a des (...) décisions du gouvernement", a affirmé le patron du principal syndicat agricole français (FNSEA), Jean-Michel Lemétayer, à l'issue de la manifestation sur la place de la Nation.

Les céréaliers, qui étaient jusqu'à peu encore considérés comme les plus riches du monde agricole français, réclament des mesures pour doper leurs exportations avant la prochaine récolte ainsi que des allègements des charges sociales, fiscales et environnementales. Ils entendent aussi que les pouvoirs publics défendent à Bruxelles une PAC, dont ils ont été jusqu'ici les premiers bénéficiaires, alors que la prochaine réforme de 2013 risque de rebattre les cartes. L'an dernier déjà, une réforme intermédiaire ("le bilan de santé") s'était traduite par un premier recul des aides européennes distribuées en France aux céréaliers, au profit des éleveurs et des agriculteurs des zones de montagne.

Le prix des céréales a reculé de 24 % en 2009

La Commission européenne a précisé, mardi, qu'elle "n'hésiterait pas à réagir si nécessaire" par des mesures d'intervention pour aider les producteurs, a indiqué un de ses porte-parole. Reconnaissant une situation "terriblement difficile", le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a annoncé qu'il demanderait mercredi lors de sa rencontre avec Dacian Ciolos, le nouveau commissaire européen à l'Agriculture, "d'intervenir sur les marchés des céréales pour faire remonter les prix". "On est dans une situation dramatique, où les cours ne remontent pas et où de nouvelles charges franco-françaises s'accumulent, la situation devient intenable", a affirmé Christophe Derycke, de la FDSEA de Seine-et-Marne, branche départementale de la FNSEA.

En 2009, la filière a vu ses revenus baisser de 51 % dans le sillage des cours des céréales (-24 %), après l'envolée de 2007 et 2008. La baisse de la rémunération des céréaliers est similaire à celle des producteurs laitiers, qui ont manifesté régulièrement ces derniers mois, alors qu'en moyenne, le monde agricole a vu ses revenus diminuer de 34 % en 2009.

 Source : lepoint.fr  27-04-2010

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