Le conseil d'administration de Bouygues a décidé, mardi 23 juin en fin de journée, de repousser l'offre de rachat faite par Altice, maison-mère de l'opérateur Numéricable-SFR, pour acquérir sa filiale Bouygues Telecom. Le groupe Altice de Patrick Drahi devra faire mieux s'il veut étendre son empire des télécoms.
Le rachat de Bouygues Télécom par Altice, la maison-mère de l'opérateur SFR-Numericable, ne sera pas pour tout de suite. Révélé dimanche 21 juin dernier par le JDD, ce projet a connu un coup d'arrêt mardi soir. Le conseil d'administration du groupe Bouygues a décidé, en fin de journée, de repousser l'offre d'Altice pour acquérir sa filiale, a annoncé le groupe dans un communiqué. "Le conseil d'administration a décidé à l'unanimité, après un examen approfondi, de ne pas donner suite à l'offre non sollicitée du groupe Altice", a précisé le communiqué, ajoutant que "l'offre représente un risque d'exécution important qu'il ne revient pas à Bouygues d'assumer, en particulier en matière de droit à la concurrence".
Drahi "pas en mesure de garantir le deal"?
Autrement dit, le groupe Bouygues n'accepte pas l'offre en l'état. Non pas à cause du prix en lui-même mais surtout parce qu’elle lui semble trop risquée, selon une source interrogée par « Les Echos » : "L'acheteur manquant de fonds propres et finançant l'opération par de la dette, il n'était pas en mesure de garantir le deal." Un autre facteur est également à envisager : celui du veto de l'Autorité de la concurrence. Dimanche soir, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron faisait déjà part de son scepticisme quant à la viabilité de l'offre d'Altice. Il a d'ailleurs reçu Patrick Drahi, le patron du groupe, mardi soir à Bercy. "Des offres de Drahi, on en reçoit tous les quinze jours. Si la sienne est conditionnée au feu vert de l'Autorité de la concurrence, on ne la regardera même pas", résumait dimanche dans nos colonnes un administrateur de Bouygues.
Le mariage SFR-Bouygues n'est pas encore fait, mais il est encore possible. Mardi soir, le conseil d'administration de Bouygues a finalement établi ses conditions à un hypothétique rachat. A Patrick Drahi, s'il souhaite toujours agrandir un peu plus son déjà vaste empire des médias et des télécoms, de prendre les risques et de s'aligner sur les désidératas de Bouygues et de l'Etat.
Source : leJDD.fr 22-06-2015