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19 décembre 2017 2 19 /12 /décembre /2017 09:00

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (27/35)

 

Le Procès du Roi à la Convention Nationale

 

 

 

 

LA CONVENTION CONDAMNE LE ROI : SEPTEMBRE 1792 - JANVIER 1793

   

 

 

   21 Septembre 1792 - Quatre heures de l'après-midi : une troupe de gendarmes à cheval escorte un municipal jusqu'au pied de la petite tour du Temple. Ils sont accompagnés par une foule de parisiens hurlant de joie et chantant, en chœur, des hymnes révolutionnaires. Alors qu'ils arrivent sous les fenêtres des appartements occupés par la famille royale, le silence se fait et le municipal lit une déclaration qui annonce « l'abolition de la royauté et l'établissement de la république ». C'est la première décision que vient de prendre la Convention nationale qui, la veille, a succédé à l'Assemblée Législative.

    Marie-Antoinette et Louis-Auguste, qui ont entendu distinctement le texte de la proclamation, restent impassibles devant leurs geôliers qui les observent : pas un mot, pas un signe d'émotion, pas un mouvement qui pourrait trahir les sentiments qu'ils éprouvent en cet instant.

    Un pas de plus vient d'être franchi dans leur humiliation mais, depuis le meurtre de la princesse de Lamballe et le déferlement de haine et d'horreur qui a suivi, ils s'attendent vraiment à tout ! ....

   Ils ne savent pas encore que les élus du peuple, sous la pression de ceux que l’on nomme maintenant les enragés tels Hébert (1) ou Marat*, et surtout sous la pression de la rue, vont faire preuve d'une imagination débordante pour assouvir leur vengeance envers le « despotisme » qu'incarnent les « Capet ».

   

    Au matin du 29 Septembre, un arrêté de la Commune est lu à la famille réunie pour la circonstance. Il ordonne « d'enlever papier, encre, plumes, crayons et même les papiers écrits, tant sur la personne des détenus que dans leur chambre, ainsi qu'au valet de chambre et autres personnes de service à la tour ; de ne leur laisser aucune arme quelconque, offensive ou défensive » ; en un mot de prendre toutes les précautions nécessaires pour ôter tout commerce de « Louis le Dernier » avec autre personne que les officiers municipaux (2). L'exécution de ce nouveau décret impose une fouille de tous les effets des prisonniers ; fouille qui est effectuée sur-le-champ. Nouvelle brimade que Marie-Antoinette, paradoxalement, ressent comme une petite victoire sur ses ennemis : elle parvient à conserver son crayon ! ..

    Ce même 29 Septembre, dans la soirée, nouvelle incursion des municipaux pour l'annonce d'un nouveau décret : la Commune ordonne cette fois, la séparation des prisonniers. Louis XVI* est transféré immédiatement dans la grande tour du Temple ; les autres membres de la famille doivent demeurer dans la petite. Marie-Antoinette après un bref instant de révolte qu'elle parvient à contenir, se résout à attendre le départ de ses tortionnaires pour pleurer avec Mousseline. On l'autorise, dès le lendemain, à retrouver le Roi, en compagnie de ses enfants, mais uniquement pour les repas et la promenade.

 

    La morne vie au Temple se transforme, jour après jour, en une longue attente, ponctuée de petites joies qui correspondent aux rares moments pendant lesquels la famille se trouve enfin réunie.

 

    Les décrets de la Commune se succèdent apportant, chaque fois, leur lot de vexations et d'humiliations. Le 7 Octobre, par exemple, Louis XVI* est privé des « insignes de ses ordres » : nouvelle mesure prise par la Commune « au nom de l'égalité ». Le 26 Octobre, Marie-Antoinette, ses enfants et madame Elisabeth sont, elles aussi, transférées dans la grande tour mais un nouvel arrêté précise « qu'à l'instant le fils de Louis Capet sera retiré des mains des femmes pour être remis et rester entre celles de son père, les jours et les nuits ». Cette décision constitue, pour Marie-Antoinette, la plus lourde des peines qu'on pouvait lui infliger. Elle perd son fils le jour même où elle retrouve, enfin, son époux.

    A chacune des mesures prises par la Commune, chaque fois plus sévère que la précédente, est adjoint un correctif qui apparaît alors comme une faveur. On accorde à la Reine, par tolérance, de recevoir Louis-Charles dans ses appartements pendant quelques heures par jour...

 

    Le 1er Novembre, une députation de la Convention nationale, dans laquelle se trouve (par hasard ?) Drouet, l'homme de Varennes, vient s'enquérir de « l'état de situation de la personne de Louis Capet et de sa famille ».

    Le lendemain, 2 Novembre, Marie-Antoinette fête son trente-septième anniversaire. Dans sa mémoire reviennent les images des anniversaires de Schönbrunn et de Versailles auxquelles se mêlent celles de l'humiliation de Varennes, de l'angoisse du 10 Août et des horreurs de Septembre. La Reine prie pour la princesse de Lamballe ; elle prie beaucoup aussi, en ce jour d'anniversaire, pour son époux et surtout pour le Dauphin. Elle sait maintenant que l'offensive autrichienne a été stoppée et qu'elle n'a plus rien à attendre des opérations militaires menées par son frère. Elle sait aussi, par les vexations qu'elle doit subir quotidiennement, par les cris qui parviennent jusqu'à ses fenêtres, qu' « ils » sont prêts à tout...

    Malgré son courage, jusqu'à présent inébranlable, une extrême lassitude l'envahit.

 

    D'autant plus qu'à la douleur morale ressentie par les prisonniers du Temple, s'ajoute maintenant la douleur physique. Le 14 Novembre, le Roi tombe malade. Embarras des membres de la Commune qui se demandent si le « citoyen Capet » à droit, comme il le réclame, à la visite de son médecin. La visite sera finalement  autorisée, après plusieurs jours de discussions. Les premiers soins ne seront cependant donnés à Louis XVI*  que le 22 Novembre !

    Le Roi à peine rétabli, c'est le Dauphin qui attrape la coqueluche et déclenche une véritable épidémie : Marie-Antoinette, puis Elisabeth, puis Mousseline succombent à la même maladie.

    Aux détenus malades, à qui l'on ne dispense que le minimum de soins, on enlève en plus toute intimité : les municipaux ont maintenant reçu ordre de les suivre pas à pas dans leurs appartements et de ne plus les quitter des yeux. Ils s'acquittent de cette tâche avec un zèle particulièrement malsain qui ne cesse d'irriter Marie-Antoinette et Louis-Auguste car les deux époux ne peuvent même plus se parler sans que leur conversation soit entendue par leurs geôliers.

    Le 7 Décembre, Louis-Auguste doit profiter d'un moment d'inattention de ses gardiens pour apprendre à Marie-Antoinette la terrible nouvelle qu'il ne connaît que depuis la veille : la date de son procès vient d'être fixée au 11 Décembre ; il sera jugé par la Convention...

    Effectivement, au matin du 11 Décembre, un tumulte inhabituel se produit dans la cour du Temple : on bat la générale. Le Roi est emmené, sous escorte, vers l'Assemblée. Marie-Antoinette ne verra plus son mari pendant six semaines...

 

 

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION :  MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (27/35)

 

Jacques René Hébert

 

 

 

    Six semaines d'angoisse pendant lesquelles elle tente de se persuader que la jeune république ne peut renier d'un seul coup les textes élaborés depuis le début de la Révolution ; qu'elle va déclarer le Roi « irresponsable » et le condamner à l'exil avec sa famille... Après tout, l'exil serait probablement plus doux à supporter que cette affreuse prison du Temple ! .. Malheureusement ses espoirs vont s'envoler, un à un, au fil des jours. Marie-Antoinette ne sait rien de ce qui se passe à la Convention mais de petits signes ravivent ses inquiétudes tels ces graffitis qu'elle peut lire sur les murs lors de ses courtes promenades dans le petit jardin : « la guillotine est permanente et attend le tyran Louis XVI* », ou encore ces cris qu'elle perçoit, chaque jour, en provenance de la rue : « Mort au tyran ! ». La rue semble avoir déjà jugé le Roi.

   

    Le jour de Noël 1792, puis de nouveau le 1er Janvier, Marie-Antoinette surmonte la répugnance qu'elle éprouve vis à vis de ses geôliers ; elle n'en peut plus d'attendre et leur demande l’autorisation de voir son mari : l'autorisation est refusée. Elle tente alors d'obtenir, auprès d'eux, des nouvelles du procès mais rien ne filtrera...  Sans qu'aucun renseignement ne soit parvenu jusqu'à la Reine, la Convention déclare, le 15 Janvier 1793, Louis Capet coupable. Le 17, la peine de mort est votée ; le 20, le sursis d'exécution de la peine, demandé par une partie des députés, est repoussé à une large majorité.

    C'est, parait-il, par un marchand de journaux qui crie sous les fenêtres de la tour, que Marie-Antoinette apprend, le 20 Janvier, la terrible nouvelle : « la Convention nationale décide que Louis Capet subira la peine de mort (..) L'exécution aura lieu dans les vingt-quatre heures à compter de sa notification au prisonnier. »  (3)

    C'est donc pour demain ! .....

    Le soir même, vers huit heures, un nouveau décret est pris par la Convention qui autorise le condamné à revoir sa famille. Marie-Antoinette et ses enfants se jettent dans les bras de Louis-Auguste ; tous se mettent à pleurer et ne peuvent échanger une seule parole. Il s'écoulera près d'un quart d'heure avant que Louis-Auguste, d'une voix calme, essayant de cacher son émotion, commence à raconter son procès : les questions, les plaidoiries de ses avocats, le vote de son cousin Orléans dont la voix a pesé très lourd dans la condamnation (4). Chacun voudrait retenir cet instant, ce dernier instant de bonheur qui réunit toute la famille. Marie-Antoinette se risque alors à demander à son époux de rester parmi eux pour cette nuit, mais Louis se lève et refuse. Il veut demeurer seul pour se préparer à la mort.

 

    Terrassée par la douleur, Marie-Antoinette ne peut se résoudre à quitter son mari. « Je vous assure », dit le Roi, « que je vous verrai demain matin à huit heures ». « Pourquoi pas à sept heures ? » demande Marie-Antoinette. « Eh bien ! Oui, à sept heures » répond Louis. (5)

 

    Après avoir couché ses enfants, la Reine se jette sur son lit sans même se dévêtir et laisse aller ses larmes. Cette nuit, le tendre époux qu'elle a mis tant d'années à découvrir, celui qui à Versailles lui faisait souvent honte à cause de sa maladresse et de sa balourdise, celui dont elle a dû souvent forcer les décisions, fait preuve, devant la mort, d'un courage admirable.

 

    Le 21 Janvier, dernier jour du Roi, a été relaté par sa fille Marie-Thérèse :

 

«  Le matin de ce terrible jour, nous nous levâmes à six heures. La veille au soir, ma mère avait eu à peine la force de déshabiller et de coucher mon frère ; elle s'était jetée tout habillée sur son lit, où nous l'entendîmes toute la nuit trembler de froid et de douleur. A six heures et un quart on ouvrit notre porte, et on vint chercher un livre de prières pour la messe de mon père ; nous crûmes que nous allions descendre, et nous eûmes toujours cette espérance, jusqu'à ce que les cris de joie d'une populace effrénée vinrent nous apprendre que le crime était consommé. »  (6)

 

    Le Roi avait-il été empêché par ses gardes de revoir sa famille ? Ou n'a-t-il pas eu le courage d'infliger à son épouse et ses enfants la douleur de cette ultime séparation ? Toujours est-il qu'il ne tint pas la promesse faite la veille au soir à Marie-Antoinette.

 

    La Reine est terrassée par la douleur : pas de cris, pas de larmes, mais une véritable prostration dont elle ne sort, qu'un bref instant, pour demander qu'on lui procure des vêtements de deuil pour elle et ses enfants.

    Marie-Antoinette est veuve ; plus rien, au moins le croit-elle aujourd'hui, ne l'attache encore à la vie.

 

   A l’étranger, où les nouvelles ne parviennent que par bribes, Axel de Fersen reçoit une information erronée qui lui laisse croire que toute la famille royale a été exécutée par les factieux. Dans une lettre à sa sœur Sophie, qui est la seule personne à qui il a jamais fait ses confidences à propos de Marie-Antoinette, il laisse libre cours à son désespoir :

 

«  Ah, plaignez-moi, l’état ou je suis ne peut se concevoir que par vous ; j’ai donc tout perdu dans le monde… Celle qui faisait mon bonheur, celle pour laquelle je vivais, oui, ma tendre Sophie, car je n’ai jamais cessé de l’aimer, non je ne le pouvais pas un instant et tout, oui tout je lui aurais sacrifié et je le sens si bien en ce moment, celle que j’aimais tant, pour qui j’aurais donné mille vies n’est plus ; oh, mon Dieu, pourquoi m’accabler ainsi… Elle ne vit plus, ma douleur est à son comble et je ne sais comment je vis encore, comment je supporte ma douleur et rien ne pourra l’effacer jamais ; toujours je l’aurai présente à ma mémoire et ce sera pour la pleurer toujours. Tout est fini pour moi ; ah, que ne suis-je mort à ses côtés pour elle et pour moi et pour elle et pour eux le 20 Juin, je serais plus heureux que de traîner une triste existence dans d’éternels regrets qui ne finiront qu’avec ma vie ; car jamais son image adorée ne s’effacera de ma mémoire, mon cœur…est bien malheureux et le sera désormais tant qu’il vivra.. » (7)

 

   Fersen, toujours si maître de lui montre, par l’incohérence de ses propos, l’étendue de son désespoir. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’il apprendra que sa bien aimée a échappé à la mort. Elle est vivante… Tout espoir est encore permis.. Il la sauvera ! …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1)   HEBERT : Né le 15 Novembre 1757. Membre de la Commune, orateur des Jacobins et des Cordeliers, Hébert est avant tout le rédacteur d'un journal populaire d'une rare vulgarité : le "Père Duchesne". Membre de la Commune insurrectionnelle du 10 Août, il est un des adversaires les plus virulents des Girondins qui le feront arrêter le 24 Mai 1793. Mais les pressions de la Commune obligent la Convention à le libérer le 27 Mai suivant. Sous l'impulsion d'Hébert et des Enragés, seront votées les lois des suspects le 17 Septembre 1793 et la loi du maximum le 27.

Au début de 1794, alors qu'il lance un appel à l'insurrection et qu'il s'en prend au modérantisme de Robespierre*, celui ci décide de s'en débarrasser.

Hébert sera arrêté dans la nuit du 13 au 14 Mars 1794 et guillotiné le 24 Mars

 

(2)   Cité par Jean CHALON  "Chère Marie-Antoinette"  op. cit. Page 411.

 

(3)   Cité par André CASTELOT  "Marie-Antoinette" op. cit. Page 449.

 

(4)   vote de la mort du Roi : Le 15 Janvier, le premier vote à la Convention déclare Louis XVI* coupable de conspiration contre la liberté publique par 707 voix contre 0.

Le 16 Janvier, vote à la Convention sur la peine à infliger au Roi. Le vote se terminera le 21 Janvier à 21 heures : 361 voix pour la peine de mort, 360 voix contre dont 26 partisans de la peine de mort avec sursis.

Le sursis à l'exécution de la peine sera repoussé par 380 voix contre 310.

 

(5)   Cité par André CASTELOT  "Marie-Antoinette"  op. cit. Page 450.

 

(6)  Cité par Jean CHALON  "Chère Marie-Antoinette" op. cit. page 425.

 

(7)   Lettre de Axel de Fersen à sa sœur Sophie datée du 26 Janvier 1793

        Cité par Claude DUFRESNE  « Le Cœur de la Reine »  op. cit. Pages 312-313.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE (28/35)

 

LA REINE PEUT-ELLE ENCORE ETRE SAUVEE ?  MARS - AOÛT 1793

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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