L'entretien en tête-à-tête vendredi 8 octobre au matin a duré environ une demie heure. Officiellement, la rencontre organisée au Vatican entre le pape et Nicolas Sarkozy aurait porté sur le processus de paix au Proche-Orient ou la situation des chrétiens dans plusieurs pays de la région, sujet cher à Benoît XVI. "Une rencontre cordiale", précise le Saint-Siège dans un communiqué. Plus précisément, Nicolas Sarkozy rencontre le pape Benoît XVI avec en toile de fond la volonté pour le chef de l'Etat de dissiper un malentendu sur l’expulsion des Roms du territoire français et de regagner dans l'Hexagone l'électorat catholique.

C'est la troisième fois que Benoît XVI et Nicolas Sarkozy se rencontrent depuis 2007 et l'accession au pouvoir du chef de l'Etat français. L'entretien a eu lieu à la Cité du Vatican à la demande du président de la République. Il vise à gommer l'impression de flottement constatée ces derniers mois, notamment après le virage sécuritaire entamé par l'exécutif cet été et le célèbre discours de Grenoble..

On le sait la politique d'expulsion des Roms n'avait pas été du goût du Vatican et de l'épiscopat français qui ne s'était pas privés de le faire savoir. On peut donc penser que la question n'a pas été totalement absente de l'entretien. Un peu plus tard, le cardinal français Jean-Louis Tauran, a d'ailleurs été plus explicite lors d'une "prière pour la France" célébrée dans la basilique Saint-Pierre, en présence du chef de l'Etat. Il a demandé ainsi à Dieu d'apporter "au peuple de France et à ses dirigeants courage et persévérance" pour agir en faveur de la paix, de la justice, de l'emploi, de l'éducation, de la santé, de l'environnement et de la sécurité mais aussi "pour l'accueil des persécutés et des immigrés".  

Indirectement mis en cause, Nicolas Sarkozy n'a pas manqué de s'expliquer. Recevant une trentaine de hauts prélats pour un déjeuner à l'ambassade de France près le Saint-Siège, le président a déclaré que la lutte contre l'immigration illégale, "qui produit tant de détresse et de drames", était un "impératif moral".

La rencontre au sommet à Rome doit aussi permettre à Nicolas Sarkozy de reconquérir l'électorat catholique qui appartient à la masse d'électeurs qui l'avait propulsé à l'Elysée mais ont été depuis déçus par son rapport à l'argent et la présidence «bling-bling». Surtout, geste très symbolique, Nicolas Sarkozy est devenu le premier président de la Ve République à assister à la "prière pour la France", dédiée à une vierge qui fut l'objet d'un culte particulier sous la monarchie française.

Un geste qui ne manquera pas de susciter en retour les critiques des tenants de la laïcité française. "Son pèlerinage ne suffira pas à faire oublier ses actes", fustige ainsi le PCF dans un communiqué.  

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