Dans un entretien à la revue « Acteurs Publics » que nous avions relaté ici-même, le député-maire de Provins Christian Jacob s’était clairement prononcé en faveur de la fin du statut à vie des fonctionnaires. L'ancien ministre de la Fonction Publique avait ajouté qu’il souhaitait ouvrir ce débat dans la majorité. Après les demandes réitérées de Jean-Francois Copé pour ouvrir un débat sur les 35 heures, cela commence à faire vraiment désordre au sein de l’UMP. Et à Matignon, cette dernière idée de Jacob ne passe pas du tout. Fillon pense sans doute qu’il a suffisamment de débats à arbitrer comme cela. Il  confie même au JDD le week-end dernier: "Cela me choque. Je ne crois qu'on ait besoin d'ouvrir ce débat maintenant." Lundi 10 janvier dernier, lors de ses vœux à la presse, le Premier ministre enfonce le clou et juge carrément le débat "inutile". Le soir, les deux hommes se voient et s'expliquent une première fois. Sans crever l'abcès.

Devant les députés de la majorité le lendemain mardi, Fillon atténue ses propos mais sur le fond, il ne veut pas s'embarrasser avec cette question qui ne figure pas sur sa feuille de route. Selon plusieurs parlementaires présents à cette réunion qui se tient à huis-clos, Jacob semble à la peine. Copé se porte à la rescousse de son ami mais le député-maire de Provins ne parvient pas à faire taire les critiques qui montent dans les rangs de l'UMP. Les surnoms fusent aussi. Certains le surnomment le "blaireau". Deux mois après son élection, Jacob enchaîne en tous les cas couacs et polémiques. "Il vit les mêmes débuts que Copé lorsqu'il a démarré au groupe", note un proche des deux hommes.

Mercredi, Copé et Jacob ont décidé d'enterrer la hache de guerre et se sont mis d'accord pour mieux coopérer. Ils se verront désormais en tête-à-tête, tous les lundis, à 15 heures. "Je ne comprends cette soudaine agressivité du Premier ministre contre moi. Jusqu'à présent j'avais zéro problème avec lui", dit-il.

Fillon viserait-il Jacob pour mieux s'attaquer à Copé? "Je ne suis pas un adepte du billard à trois bandes. En tout cas, je ne me laisserai pas piétiner", prévient le maire de Provins, visiblement à fleur de peau. Au passage, ce fidèle de Jacques Chirac assure qu'il souhaite "tout faire" pour faire réélire Nicolas Sarkozy en 2012 alors que certains membres dans la majorité commencent à s'interroger sur la stratégie Copé-Jacob.

A Matignon, on préfère dédramatiser et tourner la page. Il est vrai qu'à l'issue de cette mauvaise séquence pour la majorité, Fillon s'en sort plutôt mieux que Copé et Jacob. En choisissant de porter leur offensive d'hiver sur les 35 heures et la fonction publique, le nouveau tandem de l'UMP a raté ses débuts.

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