Le Premier ministre a implicitement rappelé à l'ordre Brice Hortefeux lundi 13 décembre en qualifiant les faits imputés aux policiers de Bobigny d'"injustifiables" et a appelé "chacun à la raison, à la modération et au sens des responsabilités".
Un rappel à l'ordre très solennel: c'est devant des préfets, au ministère de l'Intérieur, que François Fillon a mis un terme aux divisions entres ses ministres Brice Hortefeux et Michel Mercier, Garde des Sceaux, au sujet des condamnations à Bobigny de policiers reconnus coupables de fausses accusations. Et le Premier ministre a clairement pris le parti du Garde des Sceaux. Il a qualifié les faits imputés aux policiers d'"injustifiables", a implicitement rappelé le ministre à ses obligations.
"L'honneur de la police exige un comportement exemplaire (...) Le respect dû à la justice est un des fondements de l'Etat", a-t-il dit, emboîtant le pas au ministre de la Justice, qui avait défendu les magistrats dans Le Parisien de dimanche. Il a pondéré ses critiques en reprenant certains des griefs adressés par les policiers aux magistrats: "Le travail des policiers et des gendarmes doit être suivi de jugements, et les peines prononcées doivent être exécutées". Mais le chef du gouvernement a conclu en appelant "chacun à la raison, à la modération et au sens des responsabilités". Une critique qui vise Brice Hortefeux, mais aussi les syndicats de policiers, qui ont manifesté leur courroux après le jugement.
Le monde judiciaire indigné
Plus tôt dans la journée, Brice Hortefeux avait déjà été visé par un communiqué de Jacques Degrandi, président de la cour d'appel de Paris, qui jugera les policiers en appel. "Certains commentaires sur le jugement des faits reprochés à des agents de police devant le tribunal de grande instance de Bobigny sont de nature à troubler la sérénité des débats qui auront lieu en cause d'appel", écrit le magistrat dans son texte. "Les décisions de justice ne peuvent être remises en cause que par l'exercice des voies de recours. L'indépendance juridictionnelle des juges est une condition essentielle de la démocratie", souligne-t-il.
Et le président de la cour d'appel de Paris n'était pas le seul dans le monde judiciaire à s'indigner. "La stigmatisation des magistrats, la recherche d'un bouc émissaire, peut-être pour faire oublier les résultats en demi-teinte de la politique de sécurité des gouvernements successifs, conduisent inexorablement à une décrédibilisation de la justice dans l'opinion publique", a ainsi critiqué le président de l'USM, Christophe Régnard, dans une lettre au ministre de la Justice. En réponse, le cabinet de Michel Mercier a annoncé qu'il recevrait les syndicats de magistrats mercredi 15 décembre prochain.
Source : lejdd.fr 13-12-2010
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