Quelques jours après le remaniement qui a vu notamment trois écologistes rentrer au gouvernement, l'ancien ministre Jack Lang a sorti la sulfateuse ce lundi 15 février au matin sur France Inter.
L'actuel président de l'Institut du Monde Arabe a qualifié de «replâtrage» le remaniement survenu jeudi dernier. «En quelques heures, entre deux portes, on change un gouvernement», a-t-il déploré. «C'est typiquement français, c'est une french touch », a-t-il jugé. « En Allemagne on prend deux mois, ils sont sérieux, solides. Ici il y a un truc qui craque et on change deux, trois têtes, d'où le sentiment de replâtrage». «Plus grave encore », a-t-il ajouté, « c'est l'instabilité ministérielle : trois ministres de l'Education nationale en trois ans, trois ministres de la Culture, trois du Logement... Comment peut-on conduire des politiques de changement alors que les responsables sont à ce point sur des sièges éjectables ?», a interrogé Jack Lang.
Et surtout, il a dénoncé l'arrivée d'Emmanuelle Cosse comme ministre, alors qu'elle est opposée à plusieurs décisions du gouvernement. Il s'est dit choqué par «l'immoralité de certains personnages qui, hier, étaient les contempteurs les plus durs à l'égard du président et du gouvernement, notamment sur la déchéance de nationalité, et qui aujourd'hui s'installent dans leurs fonctions comme si de rien était.»
L'ancien ministre de François Mitterrand a ajouté qu'il «espère qu'au moins ils vont être solidaires. (...) Il faut qu'Emmanuelle Cosse apprenne qu'un gouvernement c'est une équipe, elle n'a pas à faire part de ses états d'âme, elle a choisi d'y être, qu'elle se batte pour les grands chantiers annoncés par le gouvernement».
Par ailleurs, Jack Lang a expliqué qu'il n'avait «pas trouvé correcte la façon dont Fleur Pellerin a été éjectée». «Ce qui me choque un peu c'est qu'on vire quelqu'un comme ça, sans aucun préavis d'aucune sorte. Elle a appris ça à la dernière minute, a-t-il déploré. Je pense que les rapports humains ça compte aussi, le respect des personnes.»
Invité quelques minutes plus tard sur i>Télé, le secrétaire d'Etat à l'enseignement supérieur Thierry Mandon a répondu en balayant l'accusation d'immoralité. «Je n'ai pas vu d'oppositions frontales à l'action du président», a-t-il assuré. En revanche, il a donné raison à Jack Lang sur la question du «replâtrage». «Dans un quinquennat, effectivement il faut réfléchir à l'idée de remaniement (...) Il faut de la continuité dans l'action, si vous remaniez trop souvent c'est l'administration qui a le pouvoir», a-t-il jugé expliquant que les entrées des derniers jours étaient plutôt «un ajustement». Thierry Mandon a cité notamment les exemples de l'Angleterre et de l'Allemagne, où «cette idée de remaniement, n'existe pas». «Ajuster oui, remanier trop souvent non», a-t-il insisté.
Source :LeParisien.fr 15-02-2016
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