Peu de temps après avoir racheté Aston Martin et Lagonda, David Brown se lance dans un programme très ambitieux pour faire sa place dans le monde du sport automobile. Les efforts considérables développés par l’entreprise ne commenceront à porter leurs fruits que lors de la saison 1959. Les premières voitures de compétition sont des voitures de série modifiées mais assez rapidement les ingénieurs s’orientent vers la conception d’une voiture spécialement conçue pour la course. L’objectif est en effet très ambitieux : la victoire dans la très légendaire course d’endurance des « 24 Heures du Mans ».

Les nombreux essais et les quelques courses se déroulent suffisamment bien pour que l’équipe de David Brown se lance dans la construction d’une voiture de Formule 1 en parallèle avec la DBR1, voiture de course qui conserve tout de même la priorité. L’introduction d’Aston Martin en Formule1 va prendre un peu de retard mais la victoire de la marque au « 24 Heures du Mans » en 1959 couronne les efforts de l’équipe de David Brown.

Le temps perdu sur la monoplace DBR4 va tout de même être très pénalisant. Les premiers essais ont débuté en 1957 et lorsque la voiture semble être au point, au début de l’année 1959, beaucoup de temps s’est écoulé, la Formule 1 a beaucoup évolué et Aston Martin semble pour le coup assez dépassé.

Techniquement, la monoplace  DBR4 est de conception très semblable aux voitures qui viennent de remporter les succès sur la piste du Mans, mais bien sûr plus adaptées pour répondre aux exigences de la règlementation de la Formule 1. Le châssis est constitué d’un cadre métallique simple, la suspension avant est à double triangles et ressorts hélicoïdaux l’arrière est équipé d’un essieu rigide DeDion. Ce sera la dernière nouvelle voiture de Formule 1 à utiliser ce type de suspension qui a été abandonnée par la plupart des constructeurs au profit des quatre roues indépendantes. Le moteur est un six cylindres en ligne de 2 493 cc de cylindrée équipé d’un double arbre à cames. Il est réalisé en alliage léger tant au niveau du bloc que de la culasse. Implanté longitudinalement à l’avant de la voiture, il est  alimenté par trois carburateurs Weber et produit jusqu'à 280 ch à 7 800 t/mn. C‘est au moins ce chiffre qui est revendiqué par l'usine, qui, à cette époque,  était rarement près de la vérité. Le moteur a été accouplé à une boîte de vitesses David Brown à cinq rapports. Bien agréable à l'œil, la carrosserie en aluminium n'a pas la forme la plus efficace aérodynamiquement. La grande grille d'admission d’air et le pare-brise vertical sont deux exemples de ce qu’il ne faut pas faire lorsque l’on recherche la performance. 

Pour la saison 1959, c’est Jack Brabham qui a accepté de piloter pour l'équipe Aston Martin, mais, peut être heureusement pour lui, il a été finalement repris par Cooper ce qui lui a permis de remporter son premier titre au Championnat du Monde. Cette défection conduit donc l'équipe britannique à se rabattre sur ses pilotes victorieux au Mans Carroll Shelby et Roy Salvadori pour courir sur les DBR4. Salvadori fait des débuts prometteurs au Tourist Trophy 1959 en terminant deuxième derrière Brabham dans sa Cooper. Cette bonne place sera le seul point culminant d’Aston Martin en Formule 1. Les DBR4 qui, malgré leur 625 kg accusent un léger surpoids par rapport à leurs concurrents sont également un peu juste en puissance. Aston Martin doit lutter contre une opposition qui, techniquement est beaucoup plus avancée. Les pilotes vont souvent été obligés de pousser les voitures à leur extrême limite pour suivre le rythme de la course, ce qui a donné lieu à de nombreux abandons. Pour la saison 1960, Aston Martin réagit avec une voiture plus légère la DBR5, mais la marque reste à la traine sur presque tous les circuits. Après deux brèves années, Aston Martin est contraint d’abandonner la Formule 1 à nouveau et pour de bon.

Seuls quatre exemplaires de la DBR4 ont été construits, dont l'un a été utilisé comme base pour l'une des deux DBR5 de 1960. Les deux DBR5 ont été mis au rebut, mais les trois DBR4 ont survécu. 

Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale

ultimatecarpage.com

supercar.net

swisscarsighting.com

mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :

autogaleria.hu

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