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25 septembre 2009 5 25 /09 /septembre /2009 10:30











La France étudie la possibilité de renvoyer à Téhéran un Iranien ayant purgé dix-huit ans de prison pour l'assassinat de Chapour Bakhtiar, l'ancien premier ministre du chah. Cette mesure de clémence pourrait hâter le retour à Paris de la jeune universitaire française.

 

Un mois après sa sortie de prison, Clotilde Reiss reste confinée à l'ambassade de France à Téhéran, dans l'incertitude quant à la date de son retour dans l'Hexagone. Libérée sous caution le 16 août, après 45 jours de détention à Evin, au nord de la capitale iranienne, la jeune universitaire attend, officiellement, le verdict de son procès. «Mais nous sommes toujours dans un clair-obscur typiquement iranien», observe à Paris un diplomate au cœur de cette sombre affaire, sur laquelle ont pesé les mauvaises relations entre l'Iran et la France - cette dernière accusant Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire.

Depuis le début, les autorités françaises ont été maintenues dans le brouillard par le régime iranien. C'est un employé local de l'ambassade à Téhéran qui apprit, en écoutant la radio qu'un procès allait se tenir, le même jour, pour juger la chercheuse, accusée d'espionnage par la justice iranienne. Quarante-huit heures après ledit procès, le vice-ministre des Affaires étrangères, Mahdi Safadi, convoqua l'ambassadeur de France, Bernard Poletti, avide d'en savoir plus sur ce qui pouvait se tramer en coulisses. «Mais non, vous n'avez pas compris, il n'y a pas eu de procès, et il n'y aura pas de procès», lui assure alors le responsable iranien, qui ajoute : «Le procès, ce sont les aveux publics de mademoiselle Reiss, retransmis à la télévision !»

Stupeur à l'ambassade, qui transmet immédiatement l'information à Paris. Le lendemain, nouvelle surprise à la chancellerie. Les diplomates reçoivent la visite - sans doute pas vraiment fortuite - de l'avocat commis d'office par le procureur pour défendre Clotilde Reiss. «Je suis un peu étonné que vous ne m'ayez pas contacté», leur lance l'Iranien. «Mais on ne savait pas que vous aviez été commis par la justice», lui répondent les Français. L'avocat leur confirme qu'il n'y eut qu'un pseudo-procès.

 

Un verre de champagne : sacrilège !

 

Les diplomates cherchent à comprendre la logique judiciaire persane. «Puisqu'il n'y a pas eu de procès, il ne peut y avoir de verdict», se dit-on à l'ambassade. Et, même si l'on admet qu'un semblant de procès a bien eu lieu, d'après la loi iranienne, son verdict ne peut tomber plus de huit jours après l'audience. Nous sommes aujourd'hui quarante jours après la parodie judiciaire à laquelle se sont livrés les Iraniens. Bref, constatent les diplomates français, «il y a eu un faux procès, mais pas de verdict annoncé en bonne et due forme». On n'exclut pas, toutefois, que «le juge prononce un verdict quand bon lui semblera». L'affaire peut encore durer, comme le redoute Bernard Kouchner. «J'ai le sentiment que les choses vont encore traîner pendant plusieurs semaines», reconnaissait le ministre des Affaires étrangères, fin août, devant la presse.

Une fois Clotilde Reiss hébergée à l'ambassade, les récriminations publiques, de part et d'autre, se font toutefois plus rares. À l'Élysée, on estime désormais que «le plus dur a été fait». «La France et l'Iran ont décidé de ne plus parler à haute voix de l'affaire Reiss, et de la régler au contraire tranquillement», nous affirme, depuis Téhéran, l'ancien activiste libanais Anis Naccache, toujours au fait de la politique iranienne. À froid, on remet en place les pièces du puzzle.

«C'était un coup monté par les Iraniens, qui avaient été mécontents des déclarations de Nicolas Sarkozy, après l'élection présidentielle truquée de juin», explique le diplomate en première ligne dans l'affaire. Il raconte : «Les services de renseignements iraniens avaient deux ou trois de nos ressortissants en ligne de mire, qu'ils surveillaient. Le père de Clotilde travaille au Commissariat à l'énergie atomique, il lui avait trouvé un stage au CEA. Les Iraniens ont donc choisi la plus profitable à leurs desseins. Certes, elle a envoyé un courriel à l'ambassade au moment de l'élection, mais il ne contenait aucune information d'importance. C'était maladroit de sa part, mais sa maladresse est bien la preuve qu'elle n'était pas une espionne. Clotilde avait simplement l'impression de vivre l'histoire».

 

Un billet Paris-Téhéran pour Ali Vakili Rad

 

Au brouillard savamment maintenu par Téhéran, ont répondu plusieurs erreurs françaises, comme le laisse entendre le diplomate. Les Iraniens ne souhaitaient pas que l'arrestation de la jeune femme soit médiatisée. Ils ont traité de haut, ensuite, la médiation syrienne, sollicitée par Paris. Enfin, le lendemain de la sortie de prison de Clotilde Reiss, Téhéran était furieux. L'ex-otage apparaît à la une des journaux français un verre de champagne à la main. Sacrilège en République islamique ! Peu après son arrivée à l'ambassade, Clotilde Reiss fête en effet sa liberté quasi recouvrée. Un convive aux agapes immortalise cet instant avec son portable. Et il envoie le cliché au père de l'ex-détenue pour bien lui montrer que sa fille est désormais en mains sûres. Sollicité dans la foulée par la presse, Rémi Reiss transmet la photo à un journaliste. Il s'excusera ensuite auprès des diplomates français, mais le mal était fait. «C'est agiter inutilement un chiffon rouge, alors que tout le monde sait qu'on ne doit surtout pas montrer qu'on consomme de l'alcool en Iran», regrette un homme d'affaires français, joint par téléphone à Téhéran.

Le pouvoir iranien n'a sans doute pas arrêté Clotilde Reiss pour apurer de vieux comptes avec la France, mais Téhéran, en pareille circonstance, sait être opportuniste. Le diplomate cité plus haut lève le voile sur les mystérieuses tractations autour de cette affaire. «Un Iranien, coupable de l'assassinat de l'ancien premier ministre du chah Chapour Bakhtiar ( en 1991 à Suresnes, en banlieue parisienne, NDLR) est encore emprisonné en France. Mais il est sur le point d'être libéré. Je ne serais pas surpris qu'on lui offre un billet Paris-Téhéran, et qu'en contrepartie, nous recevions un billet Téhéran-Paris pour Clotilde Reiss. Cet échange a été évoqué dans les tractations entre l'Iran et la France, mais par d'autres canaux que la voie diplomatique», ajoute-t-il. Sous-entendu par de discrets intermédiaires, ou via les services de renseignements.

L'homme s'appelle Ali Vakili Rad, a révélé la semaine dernière Le Figaro Magazine. En 1994, il a été condamné par une cour d'assises spéciale à la réclusion à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de dix-huit ans, pour avoir égorgé Chapour Bakhtiar. Âgé de 50 ans, Rad est actuellement détenu à la centrale de Poissy dans les Yvelines.

Le 2 juillet, son avocat, maître Sorin Margolis, a obtenu un arrêt de la cour d'appel de Paris mettant fin à sa peine de sûreté. Et, le 14 août, maître Margolis a déposé une requête de mise en liberté conditionnelle, assortie d'une demande d'expulsion du territoire. La demande d'expulsion en urgence absolue, dont peut bénéficier Rad en vertu de l'article 26 D du Code de procédure pénale, est depuis quelques jours sur le bureau du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, nous ont indiqué plusieurs sources.

«Ce serait logique qu'il soit expulsé, estime maître Margolis. Pour un homme condamné à la perpétuité, comment voulez-vous que j'obtienne un permis de séjour et un permis de travail s'il doit rester dans un régime de semi-liberté, alors que la préfecture n'en donne pas à des étrangers qui n'ont jamais commis le moindre délit ?», poursuit l'avocat d'Ali Vakili Rad. Il ne minimise pas, pour autant, les obstacles juridiques à surmonter, notamment l'hostilité du parquet antiterroriste.

 

«Heureuse et discrète concomitance»

 

En début de semaine dernière, M. Rad aurait reçu de l'ambassade d'Iran un passeport valide pour pouvoir rentrer dans son pays. Mais Brice Hortefeux signera-t-il l'ordre d'expulsion ? Sollicité, son entourage dit ignorer la réponse à cette question. Les Iraniens ne sont pas plus prolixes. Logique : Vakili Rad - et derrière lui le régime de Téhéran - n'ont jamais reconnu les faits.

Officiellement, il n'y a pas de négociations autour de cet échange. «Si, au final, il y a échange, indique un intermédiaire actif en coulisses, ce ne pourra être que le résultat d'une heureuse et discrète concomitance.» Dans le passé, plusieurs Iraniens ont déjà été renvoyés à Téhéran après une mesure de clémence française. Auteur de la première tentative d'assassinat contre Bakhtiar en 1980, qui lui valut d'être condamné à la perpétuité, Anis Naccache fut ainsi libéré, dix ans plus tard, à la suite d'une amnistie décidée par le président François Mitterrand.

«Mademoiselle Reiss mérite une grâce du pouvoir iranien, poursuit l'intermédiaire. Celle-ci peut très bien intervenir à l'issue du ramadan ou de la semaine des fêtes de l'Aïd-el-Fitr», qui a commencé lundi, espère-t-il. Une chose est sûre : le retour à Téhéran d'Ali Vakili Rad serait considéré par l'Iran comme un signal positif de la part de la France. «En relâchant Clotilde Reiss, note Anis Naccache, les Iraniens ont déjà fait un geste.» En clair : aux Français maintenant de renvoyer l'ascenseur.

 

  Source : lefigaro.fr  22-09-2009

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