Malgré les moyens engagés par l'armée pakistanaise depuis vendredi 16 octobre dernier, les talibans continuent de résister dans le district tribal du Waziristan du Sud, à la frontière afghane. L'armée, qui reconnaît de son côté cinq morts et onze blessés, annonce avoir tué 60 rebelles islamistes au deuxième jour de son offensive terrestre et aérienne.

Celle-ci mobilise quelque 20 000 hommes dans ce district montagneux et extrêmement accidenté du nord-ouest du Pakistan.  

Equipés de roquettes et d'armes lourdes, les combattants islamistes ont opposé une vive résistance dans la zone de Sharwangi, la première en territoire des tribus Mehsud, qui composent le gros de l'encadrement et des combattants du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP).

L'offensive pourrait durer six à huit semaines

L'aviation est entrée en action en menant des raids sur les localités de Ladha et Makeen, dans le nord du district où cinq repaires de talibans ont été détruits, selon le témoignage anonyme d'un officier. L'armée est parvenue à s'emparer du village de Spinkai Raghzai et à mettre en place un checkpoint près de Kotkai, la ville dont est originaire le chef des talibans pakistanais, Hakimullah Mehsud, assure un autre responsable militaire.

Plus de 100 000 personnes ont déjà fui le Waziristan du Sud, selon l'armée pakistanaise et le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Elles s'installent dans les districts de Tank et Dera Ismail.  Les autorités avertissent que le nombre de déplacés pourrait atteindre 200 000.  

Les zones tribales du nord-ouest du Pakistan sont qualifiées par le président américain Barack Obama d'«endroit le plus dangereux du monde pour les Américains». Depuis la chute, fin 2001, des talibans en Afghanistan, elle sont devenues progressivement le sanctuaire d'Al-Qaïda et une base-arrière des talibans afghans, soutenus par les talibans pakistanais qui disposent de plusieurs bases de repli.

Le gouvernement avait annoncé dès juin une offensive majeure dans ce district tribal, fief des tribus Mehsud. Des responsables militaires ont évoqué une durée de six à huit semaines pour cette offensive, l'objectif étant de terminer avant l'arrivée des premières neiges.

Des talibans encadrés par des combattants étrangers

Le mouvement des talibans pakistanais (TTP) dispose de 20.000 à 25.000 combattants dans les zones tribales dont 10.000 à 12.000 au Waziristan du Sud, épaulés par des combattants étrangers arabes ou venus d'Asie centrale, estiment les experts.

Washington considère qu'Al-Qaïda a reconstitué ses forces dans les zones tribales pakistanaises frontalières avec l'Afghanistan. De fait, les drones américains basés en Afghanistan tirent fréquemment des missiles visant Al-Qaïda et les talibans dans le nord-ouest du Pakistan et le chef-fondateur du TTP, Baïtullah Mehsud, a été tué par l'un d'eux le 5 août au Waziristan du Sud. Pour le venger, le TTP a multiplié les attaques et attentats suicide, qui ont fait 178 morts ces douze derniers jours, jusqu'au coeur du pouvoir près d'Islamabad.

Selon certains experts, l'offensive au Waziristan pourrait se solder par un désastre pour des troupes entraînées à la guerre conventionnelle et non à la contre-insurrection, dans une région où il est extrêmement difficile d'acheminer chars et pièces d'artillerie lourde. Les nombreuses opérations militaires lancées par le passé n'ont engrangé que des succès limités et l'armée a déjà perdu 2.000 hommes depuis 2002.

Source : Leparisien.fr  18-10-2009