Dans ces temps difficiles ou chacun se pose des questions sur son avenir ou sur l'avenir de ses enfants, d'autres n'ont même plus ce choix là; ils vivent au jour le jour, se débattent ,avec les difficultés et "improvisent" leur vie en fonction des circonstances. D'autres encore, aidés par la chance ou par leur travail ou bien parce qu'ils se trouvent encore dans le bon créneau, parviennent à maintenir leur pouvoir d'achat, souvent avec beaucoup de mal.
En choisissant des exemples représentatifs de notre société, le site "Eco89" a eu l'idée de passer "aux rayons X" les porte-monnaies de Français, que nous cotoyons tous les jours, sans bien savoir leurs problèmes
Parce qu'il ne déclare pas un tiers de ses recettes, Charlie préfère rester anonyme. Il tient un bar-tabac plutôt rudimentaire dans un quartier résidentiel parisien. Ce n'est pas l'affaire du siècle, mais elle roule. S'il est incapable de donner une estimation de ce qu'il gagne tous les mois, Charlie sait que ce n'est pas mal : « Je vais au restaurant une fois par semaine et je prends deux semaines de vacances par an. Sinon, je suis plutôt économe, limite radin. Il y a une partie de l'argent que je gagne que je ne déclare pas parce que c'est le seul moyen de s'en sortir ! »
Avertissement : les sommes indiquées sont approximatives, tant les recettes du buraliste sont variables d'un mois à l'autre. Selon Charlie, les chiffres reproduits ici correspondent à un « bon » mois d'activité.
Bénéfices déclarés : environ 8 000 euros par mois
En 2005, Charlie achète un fond de commerce bar-tabac-loto à 110 000 euros. Au bout de deux ans, il se lance également dans le PMU : « Ça attire des clients et ils consomment plus au bar. »
** PMU : 900 euros mensuels environ
Les clients de Charlie parient sur des sommes allant de 1,5 à 50 euros. Le buraliste touche une commission de 1,6% sur son chiffre d'affaires. Commission qui peut passer à 1,9% si le chiffre d'affaire est supéreur à 90 000 euros.
« C'est un revenu très variable mais je me débrouille assez bien. Il suffit parfois d'un bon client pour toucher plus de 1 000 euros mensuels. En moyenne, je gagne environ 900 euros. »
** Loto : 2 500 euros mensuels environ
La Française des jeux reverse une commission de 5% aux buralistes sur l'ensemble des ventes réalisées sur les jeux de grattage et de tirage : Les blocs de jeux de grattage (Tac-o-Tac, Morpion, Banco, Dédé…) d'une valeur de 150 euros sont vendus 142,50 euros aux professionnels.
Pour les jeux de tirage et de pronostics, un prélèvement bancaire est directement effectué sur les comptes professionnels des buralistes, compte exonéré de frais bancaires : « Si je vends 100 euros de jeux et que je rembourse 30 euros aux gagnants, la Française des jeux prélève 66,50 euros de mon compte. C'est très variable là aussi. Les semaines de foot, il y a beaucoup de monde donc beaucoup d'argent. Le reste du temps, c'est plus calme. »
** Tabac : 700 euros mensuels environ
Situé en zone résidentielle, le bureau de tabac de Charlie est assez peu fréquenté. Il dispose d'un stock de marchandise de 30 000 euros. Il touche une commission de 6,125% des ventes : « Il y a des tabacs qui ont 500 000 euros de cigarettes en stock, je suis un tout petit débit à coté. »
** Bar : 3 800 euros mensuels
Charlie estime gagner environ 150 euros par jours. « Que du bénéf ! »
** Cartes téléphoniques : 90 euros mensuels
Comme pour les autres produits, Charliet touche une commission (3%) sur les cartes téléphoniques vendues. Avec à peu près 100 euros de cartes vendues par jour, il gagne environ 90 euros par mois.
D'un mois à l'autre, ces dépenses sont très variables. Au total, Charlie déclare 55 000 euros de bénéfices par an. Il n'a aucun salarié mais un membre de sa famille travaille - au black - dans le café. Une part des gains lui est reversée.
Dépenses : 4 500 euros par mois
** Loyer : 1 200 euros mensuels
Lorsqu'il achète le fonds de commerce, Charlie réalise ce qu'il estime être une « très bonne affaire ». La location mensuelle du bar (60 mètres2) et d'un appartement situé à l'étage du dessus lui revient à 1200 euros par mois.
** Crédit : 1 200 euros mensuels
Charlie rembourse tous les mois le crédit contracté pour l'achat de son fond de commerce.
** Boissons : 700 euros mensuels
Sur les 700 euros consacrés aux boissons, Charlie dépense 200 euros en café : « C'est le plus gros bénéfice pour moi. Un kilo coûte environ 10 euros et permet de faire 140 expressos à 1,10 euro. »
** Electricité, eau, gaz : 300 euros mensuels
Si elles semblent élevées aux yeux d'un particulier, Charlie confirme qu'elles correspondent aux dépenses « normales » d'un cafetier.
** Sécurité : 150 euros mensuels
Après avoir installé des rideaux de fer pour un coût de 7 000 euros, Charlie a fait sécuriser son magasin avec un système d'alarme et de vidéosurveillance pour plus de 3 000 euros. Une partie des travaux (30% pour Charlie) a été prise en charge par l'Etat.
Une subvention sécurité, versée par les douanes françaises, permet aux buralistes de faire prendre en charge par l'État une partie de leurs travaux de sécurité.
** Urssaf : 2 000 euros par trimestre
En tant que travailleur indépendant, Charlie relève du régime social qui leur est propre.
** Taxe professionnelle : 1 700 euros par an
La taxe professionnelle est due chaque année par les professionnels non salariés.
** Taxe sur les enseignes : 300 euros par an
La taxe locale sur la publicité extérieure (TPLE) depuis 2009 les anciennes taxes sur les affiches, réclames et enseignes lumineuses (TSA) et la taxe sur les emplacements publicitaires fixes (TSE).
** Droits Sacem : 400 euros par an
Les professionnels qui diffusent de la musique ou possèdent une télévision (donc de la musique) versent une redevance annuelle à la société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM), société de gestion des droits d'auteur.
** Assurance : 1 000 euros par an
Charlie est affilié à la Mutedef, la Mutuelle des Débitants de Tabac de France, créée en 1985 par des buralistes.
Le black, un « truc de bon commerçant » : 1 250 euros par mois
« Je ne peux pas gagner ma vie avec le PMU ou les cigarettes, il faut tout déclarer, tu ne peux pas tricher. Un bon commerçant, si ça ne fait pas de black, c'est comme s'il travaillait pour rien. Moi, j'investis dans un appartement. Sans le black, je ne pourrais pas. Ça me permet aussi de faire tourner le bar. Sur 150 euros gagnés, je déclare pas 50 euros, mais je les réinvestis dans du café.
Faut pas se mentir, tous les restaurateurs font ça. C'est un métier très dur. Je n'ai pas de vie à part le café. Quand j'ai débuté, je voulais surtout sortir du salariat, ça ne m'a rien apporté de bosser pour d'autres pendant des années.
Maintenant, je travaille deux fois plus depuis que je n'ai plus de patron, mais je sais que je vais avoir une grande affaire un jour. J'aimerais ouvrir un restaurant, comme mon père. Quand tu es salarié, tu n'avances pas. »
Source : Eco89 décembre 2009
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