Dans une vidéo postée sur le blog de Nasser Ferradj, maire-adjoint de Noisy-le-Sec, Julien Dray, récemment blanchi par la justice, règle crûment ses comptes avec ses camarades du PS qui, dit-il, se sont mal comportés à son égard pendant l'enquête. Nasser Ferradj, un "vieil ami" du fondateur de SOS-Racisme, explique sa démarche au JDD.fr.

Julien Dray a très mal vécu l'année 2009. Le député socialiste de l'Essonne a dû batailler contre des accusations de détournement d'argent d'argent, après que Tracfin a révélé des mouvements suspects sur son compte en décembre 2008. Lavé de tout soupçon par la justice en décembre, le député a peu apprécié que les socialistes, dont beaucoup d'anciens proches, se détournent de lui. Dans une étonnante interview-confession postée dimanche soir sur le blog de Nasser Ferradj, l'un de ses proches, Dray livre les noms de ceux qui se sont mal comportés à son égard. L'eurodéputé Harlem Désir, la secrétaire nationale à l'environnement Laurence Rossignol, le secrétaire national chargé de la rénovation Arnaud Montebourg et le secrétaire national du PS aux relations internationales, Jean-Christophe Cambadélis, en prennent pour leur grade. Il égratigne également les journalistes, tout particulièrement Sylvia Zappi, du Monde.

"Il se livre de façon sincère, il dit des choses qu'il n'aurait pas confié à des journalistes", explique Nasser Ferradj, ancien porte-parole des lycéens en 1990 et responsable de SOS-Racisme en Ile-de-France. Contacté par nos soins, le maire-adjoint de Noisy-le-sec estime qu'un an après le début de "l'affaire Dray", le moment était "opportun" pour permettre à cette figure du PS de "répondre aux attaques. Et notamment à cet article de Sylvia Zappi", intitulé Julien Dray, un chef de bande désormais esseulé, qui décrypte l'itinéraire de l'ancien trotskiste. L'élu de l'Essonne met en cause la journaliste, au nom de son passé. Elle n'est "pas n'importe quelle journaliste", dit-il, soulignant qu'elle "a un passé politique, a été militante, a été trotskiste (...) Elle règle à sa manière un certain nombres de compte avec ce que j'ai été". Le détail des autres accusations.

Harlem Désir, l'apparatchik

Quant aux membres du PS qui l'ont lâché, Julien Dray parle d'"enfants gâtés". "Ils ont tous rompu avec moi sur des problèmes individuels". Et de faire l'inventaire. Harlem Désir, l'ancien président de SOS-Racisme? "C'est parce qu'il n'a pas eu le secrétariat national au sein du PS qu'il espérait. (...) Et donc maintenant, il est porte-flingue de Bertrand Delanoë, tu parles d'une trajectoire!", lâche-t-il amer. "Il s'est enfermé dans un rôle d'apparatchik", ajoute-t-il. Surtout, Julien Dray lui reproche son manque de soutien lorsqu'il est mis en cause dans les journaux. "Je ne lui demandais pas de dire que j'étais innocent ou pas, c'était pas son problème, son problème, c'était d'être avec son pote", s'insurge-t-il.

"Le caca nerveux" de Laurence Rossignol

Il règle également ses comptes avec Laurence Rossignol, une ancienne proche de l'époque LCR. "Elle a rompu parce que dans l'équipe de direction du PS de 2003, elle est membre du bureau national, mais elle n'a pas le titre de secrétaire national. Alors elle me fait un caca nerveux", parce que Delphine Batho, elle, a obtenu ce titre, relate-t-il. Et de lâcher, cinglant, "après elle s'en va, elle est devenue je sais pas quoi, apparatchik du PS chargé de l'environnement".

Montebourg et Cambadélis, faux-frères

Seuls socialistes à obtenir son satisfecit, Vincent Peillon et Manuel Valls, "courageux dans cette affaire". Autres mauvais points décernés à Arnaud Montebourg, "qui s'est comporté de manière honteuse à mon égard" et à Jean-Christophe Cambadélis, qui ne "s'est pas bien comporté dans cette affaire-là"."Il a fait une phrase sybilline au début de l'affaire et après il a disparu de la circulation", juge-t-il. Au premier, Julien Dray promet: "Un jour ou l'autre, on se retrouvera", au second, il assure: "Il a un problème avec sa conscience, un jour ou l'autre, il sera rattrapé par tout ça".

La conclusion

Au moins, Julien Dray tente de tirer du positif de cette "épreuve". Au plan personnel d'abord. "Cet épisode m'a permis de me séparer d'une génération d'enfant gâtés, qui se sont accrochés à moi se disant 'c'est une bonne gagneuse Julien' et quand ils n'ont plus pu tirer, ils se sont tirés", résume-t-il. "Ça a permis d'écrémer, ceux qui reste, pour moi, sont très solides". Au plan politique ensuite. Le député de l'Essonne, tête de liste du PS dans le département assure être aujourd'hui "beaucoup plus proche de Robert Hue que de la direction du PS". Et d'annoncer que le nouveau Julien Dray est arrivé. "Je vais dire ce que je pense de l'état de la gauche. J'ai acquis cette liberté. Cette affaire m'a donné le droit de parler", assure-t-il.

 

Source : lejdd.fr   04-01-2010

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