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8 mars 2010 1 08 /03 /mars /2010 19:00




Dans ces temps difficiles ou chacun se pose des questions sur son avenir ou sur l'avenir de ses enfants, d'autres n'ont même plus ce choix là; ils vivent au jour le jour, se débattent ,avec les difficultés et "improvisent" leur vie en fonction des circonstances. D'autres encore, aidés par la chance ou par leur travail ou bien parce qu'ils se trouvent encore dans le bon créneau, parviennent à maintenir leur pouvoir d'achat, souvent avec beaucoup de mal.
En choisissant des exemples représentatifs de notre société, le site "Eco89" a eu l'idée de passer "aux rayons X" les porte-monnaies de Français, que nous cotoyons tous les jours, sans bien savoir leurs problèmes







violaine-vendeuse.jpg




Violaine vient nous rencontrer un lundi, son jour de congé hebdomadaire, car elle n'a pas envie que la marque de « prêt-à-porter féminin haut de gamme de la rive gauche de Paris » qui l'emploie sache qu'elle livre son porte-monnaie au rayon X. Elle porte un des vêtements que son employeur lui offre chaque saison - ici un pull à 180 euros pièce. Et rien dans sa tenue ne dépareille.

 

En contrat à durée indéterminée à temps plein, Violaine est en apparence dans une situation plutôt confortable. Mais après trois ans passés en boutique, elle ne se voit pas faire de vieux os dans cette profession où elle a atterri par défaut.

 

Difficile de percer dans la haute-couture


Après des études de photo, cette femme de 30 ans a d'abord travaillé dans un laboratoire où elle traitait notamment des images de défilés. Attirée par la couture, elle a suivi pendant un an une formation qui l'a menée dans l'atelier d'un sous-traitant de marques de luxe, puis chez une créatrice où, comme « mécanicienne », elle réalisait des prototypes :
« J'étais plus larbin qu'autre chose. Certes j'avais un diplôme mais sans piston, je n'aurais jamais pu percer. Et puis, il faut être très soumis, accepter des horaires de fou pour finalement être payé au Smic… Ça ne correspondait pas à mon caractère. »

 

 

Elle s'est réorientée dans la vente en grand magasin, rayon sous-vêtements homme, a fait un détour comme habilleuse de théâtre, mais trouvait l'intermittence « trop galère ». Elle est alors revenue en grand magasin avant d'être finalement embauchée en mai par la marque pour laquelle elle travaille toujours.

 

Les journées de Violaine ressemblent à celles de nombreuses vendeuses : beaucoup de temps passé debout dans la boutique à attendre la cliente (sans l'autorisation ni de s'asseoir, ni de lire, ni de surfer sur Internet). Et comme tout le monde dans la vente, les jours de rush, elle doit faire preuve de patience face à des clientes pas forcément aimables.

 

Violaine fait précisément ses comptes, ce qui ne l'empêche pas d'être fréquemment à découvert. Elle trouve que, surtout quand on vit à Paris, « le Smic devrait être à 1 500 euros ».

 


Revenus : 1 373 euros par mois

 

Embauchée sur 32 heures, Violaine est à temps plein depuis novembre, au taux de 10,78 euros bruts de l'heure, soit un peu mieux que le Smic. Son salaire varie en fonction des heures supplémentaires, notamment les mois de soldes, où elle touche aussi la double paie du dimanche.

 

Ainsi, nous avons fait la moyenne entre un mois sans heure sup » (novembre), à 1 214 euros net, et un autre avec (janvier), soit 1 469 euros pour 170 heures. Ce qui donne un salaire moyen de 1 341 euros par mois.

 

A cela s'ajoutent 32 euros d'allocations logement, qu'elle est sur le point de toucher.

 

On imagine que ce sont les primes qui améliorent le quotidien de la vendeuse. En réalité, ce sont les heures supplémentaires, quand ça arrange l'employeur. Et encore, pas toujours, grâce au « lissage » : « J'ai mis un peu de temps à comprendre leur technique : si je fais des heures supplémentaires une semaine, ils essaient de m'en retirer sur la suivante, afin de les éliminer sur le mois… Sauf les mois de soldes, où ce n'est pas possible. »

 

 

Elle n'a jamais eu l'occasion de toucher la prime sur objectif (fixée à 150 euros par salarié et par mois). Et pour cause : sa boutique n'a jamais atteint cet objectif. Elle explique : « En septembre, pour la collection hiver, ils ont décidé d'augmenter tous les prix de 20 à 30% pour s'aligner sur les marques plus haut de gamme… Résultat : on n'a pas réalisé l'objectif de vente, fixé chaque début de mois par la direction. Toute la saison, on a entendu les clients demander : “c'est quand les ventes privées ? ”. "Ce qui est rageant, c'est que la prime ne soit pas un pourcentage des ventes : elle n'est pas versée du tout même si on est proche de l'objectif. »

 

 

Cinq tenues comme unique avantage


Violaine ne bénéficie pas des tickets restaurants. Elle apporte généralement son déjeuner qu'elle réchauffe dans le micro-ondes de l'arrière-boutique.

 Comme tous les salariés franciliens, elle se fait rembourser 50% de sa carte orange par son employeur « sauf les premiers mois, où il oublie toujours, au cas où on ne le voit pas. »

 

Elle profite de cinq ensembles de sa marque qu'elle est supposée porter au travail, et peut aussi acheter ce qui lui plaît dans la collection pour 50% du prix de vente : « Avant c'était 50% du prix soldé, ce qui était vraiment intéressant, mais ils ont supprimé cet avantage en nature en novembre, officiellement à cause de la crise. Heureusement, entre vendeuses on se refile les bons plans, des différés de paiement ou des infos sur des promos. »

 

 

Sous les apparences d'une boîte familiale, cette marque est en fait « tenue par des financiers », déplore Violaine : « Ils se braquent dès qu'on parle salaire ou horaires. Si je dis non à des heures sup » pour le lendemain, on me répond « Quoi ? Tu veux pas travailler plus ? » C'est pesant.

 

"On reçoit le vendredi les plannings pour la semaine suivante. Souvent, je commence à 12 heures et avant je dors, et je sors à 19h30 et après je suis fatiguée. "

 

 

Dépenses : 1 073,55 euros par mois

 

Charges fixes : 528,55 euros


** Loyer : 336 euros

 

Violaine partage avec sa sœur un appartement de 29 m2 à Paris, loué 672 euros charges comprises. Elle en paie la moitié, soit 336 euros, et partage aussi les autres charges fixes de l'appartement avec sa sœur : « Si je voulais le louer seule, le propriétaire me demanderait des feuilles de paie à 2 000 euros nets. »

 

** Electricité : 25 euros

 

C'est peu car le chauffage collectif est inclus dans les charges, « mais il ne fait pas chaud ».

 

** Téléphone fixe : 20 euros

 

** Téléphone portable : 40 euros

 

** Transports : 28,30 euros (abonnement à la RATP)

 

** Frais bancaires : 17 euros 

Ça correspond à l'abonnement et aux « frais de découvert, fréquents. »

 

** Mutuelle : 24 euros

 

« La société ne la propose pas mais j'en ai besoin, notamment pour les lunettes et le psy. J'ai pris la moins chère que j'ai trouvée. »

 

** Taxe d'habitation : 9,25 euros

 

Elle n'a pas de télévision donc ne paie pas de redevance.

 

** Assurance civile et habitation : 12 euros

 

** Impôts sur le revenu : 17 euros

 

Elle a payé 203 euros pour l'année 2009, soit 17 euros par mois.

 

 

Autres dépenses : 545 euros par mois


** Déjeuner : 100 euros

 

Elle dépense environ 5 euros par jour les jours de boulot.

 

** Courses alimentaires : 100 euros

 C'est peu, Violaine reconnaît qu'elle « n'investit pas du tout ce poste, mais avant c'était pire ».

 

** Psy : 160 euros

 

Son psychanalyste lui fait des feuilles de soin qui lui permettent d'obtenir 64 euros de remboursement. Elle paye donc 160 euros par mois.

 

Je vois d'avance ceux qui diront que c'est une dépense inutile, mais il faut d'abord reconnaître à Violaine sa franchise à nous livrer ce détail de son porte-monnaie. Elle l'assume : « J'ai commencé une analyse il y a trois ans et je ne regrette pas. Payer fait partie du travail d'analyse et je serais prête à me priver s'il le fallait. »

 

 

** Restaurants : 80 euros 

Sans enfants, elle profite de son temps libre pour sortir avec des amis, souvent au restaurant :

« J'essaie de me calmer sur cette dépense. En ce moment, je limite à un par semaine, pour 20 euros l'addition en moyenne, soit environ 80 euros par mois. »

 

 

** Fringues : 75 euros

 Amatrice de mode sans être une « fashionista », elle a appris, depuis qu'elle travaille dans cette marque haut de gamme, à privilégier les achats utiles et durables : « Avant, j'achetais beaucoup de pièces dans les boutiques pas chères, à partir de 10 euros. Maintenant, je préfère acheter en solde de la qualité. Je dois en avoir pour 900 euros par an, ce qui n'est pas beaucoup pour une vendeuse. »

 

 

Violaine vire 30 euros par mois sur un compte épargne. Les 300 euros restants ? Vacances, cadeaux et sorties.

 

Source : Eco89  mars 2010





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