Les députés afghans ont rejeté samedi la plupart des noms de ministres proposés par le président Hamid Karzaï. Le chef de l'Etat pourrait donc rester plusieurs semaines sans gouvernement. Certains de ses adversaires demandent sa démission.
Cela devait être une formalité. Mais le parlement afghan en a décidé autrement, tenant tête au président Hamid Karzaï, vainqueur d'une présidentielle controversée en août 2009. Samedi 2 janvier 2010, les députés ont rejeté 17 des 24 noms figurant sur la liste de ministres qui leur avait été soumise par le chef de l'Etat. "C'était à l'évidence un vote de défiance", a déclaré son ancien ministre des Affaires étrangères, devenu depuis son principal adversaire, Abdullah Abdullah. Les membres du parlement ont voté, à bulletin secret, sur chacune des propositions de Karzaï, au cours d'un processus qui a pris six heures de plus que prévu. Au final, seuls certains postes clés ont été entérinés, notamment ceux de l'Intérieur ou encore des Finances. De son côté, le ministre de la Défense, Abdul Rahim Warak – un ancien chef de la guérilla antisoviétique – a aussi été reconduit dans ses fonctions.
Pour l'ancien Premier ministre, Ahmad Shah Ahmadzaï, cet important revers remet en question la place même de l'actuel président: "Karzaï a échoué avant l'élection présidentielle et il échoue encore après l'élection. Ses choix et ses décisions sont rejetés par le parlement et par le pays. Il doit démissionner."
Des ministres corrompus
Le principal reproche fait par les députés au président afghan est finalement d'avoir souhaité reconduire bon nombre de ministres déjà présents dans le gouvernement précédent. "Certains ministres ont trempé dans la corruption et ont été impliqués dans un mauvais usage de leur statut gouvernemental, c'est pourquoi nous les avons rejetés", a expliqué le député de Kaboul, Sayed Dawood Hashimi. Pourtant, lors de son investiture en novembre dernier, Hamid Karzaï avait promis de repartir sur de bonnes bases.
La plus haute personnalité rejetée par les parlementaires est Ismaïl Khan qui détenait le portefeuille de l'Energie dans le cabinet sortant. Cet ancien chef de guérilla contre l'armée soviétique et commandant anti-taliban a pourtant obtenu un vote majoritaire, mais les bulletins blancs et nuls ont joué contre lui. En effet, dans le système afghan, les candidats doivent obtenir plus de la moitié des bulletins exprimés pour être élus. Les députés n'ont pas souhaité voir Sarwar Danish prendre la tête de la Justice et n'ont pas, non plus, soutenu la candidature de Husn Ban Ghazanfar – la seule femme proposée par Karzaï – au poste de ministre des Droits de la Femme.
En visite dans le Sud
La suite s'annonce donc difficile pour le président afghan qui devra peut-être rester plus d'un mois sans gouvernement. Le Parlement entame la semaine prochaine ses vacances d'hiver, un laps de temps bien insuffisant pour trouver de nouveaux candidats et les soumettre au vote des parlementaires.
En visite à Bulan, dans la province méridionale du Helmand, au moment du vote, Hamid Karzaï – qui avait semble-t-il sous-estimé le rôle des députés – a échappé à une attaque. Deux roquettes se sont abattues, sans faire de victimes, à quelques centaines de mètres du chef de l'Etat.
Source : lejdd.fr 03-01-2010
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