Errett Lobban Cord quitte l’école à l’âge de 15 ans et aussitôt prend un job de vendeur de voitures. Il devient même rapidement un très bon vendeur sachant examiner les voitures qu’il doit vendre afin de les connaitre parfaitement dans tous leurs détails. Un peu plus tard il délaisse la vente mais reste dans l’automobile en travaillant dans une station service de Los Angeles où il va se familiariser avec la mécanique. C’est la période des ses premières expériences sur les « modifications » moteur qu’il expérimente sur sa propre voiture : une Ford model T.
Il revient quelques mois plus tard dans le commerce automobile, mais cette fois-ci à Chicago puis dans le Milwaukee où il ouvre sa propre entreprise de distribution d’automobiles. Il sait maintenant ce qu’il a réellement envie de faire : il veut acheter une entreprise de construction automobile. Malheureusement ses affaires ne marchent pas comme il voudrait et il n’a pas beaucoup d'économies !..
En 1919 Erret L Cord en est déjà à sa troisième faillite malgré son jeune âge. Avec juste $20 en poche, il se trouve une place de vendeur chez Moon Automobiles; ses commissions sont de l'ordre de $30.000 annuels. Il va pouvoir se constituer un petit capital.
En 1924, Cord arrive comme vendeur émérite, dans la société de R. Band qui a repris le constructeur Auburn. La production tourne autour de six « Beauty Six » quotidiennes mais les ventes ne suivent pas et il y a 700 voitures invendues en fin d'année. Un stock considérable pour la petite entreprise. Le jeune Errett Lobban Cord prend le pari de rajeunir, embellir et vendre ce stock. Il commença par utiliser des peintures de couleur chatoyantes et de deux tons. Et l’opération réussit si bien que l’année suivante Errett L. Cord rachète la société à R.Band et les ventes doublent. Il engage l'ingénieur James Crawford et sort en huit cylindres deux nouveaux modèles avec la « Auburn 8/63 » et la « Auburn 8/88 ». Il engage également le styliste Gordon Buehrig de chez Stutz (précédemment GM, Packard et De Dietrich). Les calandres de radiateur sont devenues nickelées et les ceintures de caisse soulignent bien les deux tons.
Durant l’année 1926, les ventes doublent à nouveau et Errett L. Cord se fait nommer PdG, il a alors 32 ans. La société exporte cette année là, 1189 voitures. En octobre il rachète la "Duesenberg Motors Corp" En 1929, les ventes totales dépassent les 22 000 unités. Errett L. Cord fonde la « Cord Corporation ». Mais avec la récession économique, les ventes tombent l’année suivante à 13 700 unités
Cord ne baisse pas les bras et continue à innover. Alors que l'année 1932 représente, pour les Etats-Unis, la pire période de la grande dépression économique, c'est à cette époque que nombre de constructeurs dévoilent des machines dispendieuses aux mécaniques multicylindres. Alors que la plupart de ses confrères rognent sur les dépenses, un optimisme un peu surréaliste règne à Auburn, siège de l'entreprise depuis 1930. Encouragée par ses confrères Packard, Lincoln, Franklin, Pierce-Arrow et Cadillac, qui dévoilent en 1932 des mécaniques à 12 cylindres en V, Auburn s'intègrent dans ce cercle fermé en présentant les séries 161 Standard 12, 161 A Custom 12 et 165 Salon 12. Sous l'interminable et élégant capot repose donc un V12 de 6.413 cm3 à 45°, développant une puissance maxi de 160 ch à 3500 t/mn, un argument de poids, alors que les automobiles de la concurrence dans cette fourchette de prix dépassent rarement une puissance de 90 ch. Cette belle pièce de fonderie pèse un poids respectable, 498 kg, et provient de la maison Lycoming, une des filiales spécialisées du groupe Auburn Cord Duesenberg. Particularité de l'architecture moteur, les soupapes sont montées horizontalement.
Les automobiles Auburn à 12 cylindres reposent sur un châssis en X et pèsent aux environ de 2000 kg. Le freinage est assuré par un moderne dispositif hydraulique Lockheed et un système de lubrification du châssis de marque Bijur est monté systématiquement sur les voitures. L'Auburn Twelve partage les mêmes six configurations de carrosseries que sa soeur à 8 cylindres, soit un coupé, le type Brougham (une caisse deux portes, cinq places), une berline, un cabriolet, une torpédo et enfin le magnifique Speedster à la pointe arrière effilée. Toutes ces carrosseries sont signées par le prolifique styliste maison Al Leamy. Avec le modèle coupé c'était le modèle12 cylindres le plus économique du moment : $975 et $1275 pour le Speedster. Mais avec environ 10 000 voitures vendues au total pour l'année, cette nouvelle gamme fut un échec.
La situation économique du pays ne cesse de se dégrader. Malgré son habituel optimiste démesuré, Errett Lobban Cord doit annoncer des ventes en retrait de 60 %. Durant l'exercice 1932, la compagnie perd un million de dollars et, pour la première fois depuis 1925, aucun dividende n'est distribué aux actionnaires. Un échec qui se confirme en 1933 puisque les ventes chutent à nouveau à moins de 6 000 voitures. Du coup Errett L. Cord décide de revenir aux moteurs 6 et 8 cylindres, moins couteux, qui avaient été abandonnés en 1931.
La nouvelle gamme donnera un sursaut à l’entreprise mais, malgré de nombreuses innovations le déclin va se poursuivre. En 1937 Errett L. Cord qui, entre temps, a eu des ennuis avec le fisc vend ses actions de la « Auburn Automobile Company » et en fin d'année le nouvel actionnaire majoritaire annonce que la société renonce aux automobiles au profit des pièces pour conditionneur d'air.
Le modèle présenté est l’un des derniers « speedster » 12 cylindres produit par Auburn en 1933. Il a été acheté par un fermier de l’Etat de New-York qui avait acquis quelques voitures de prestige pour faire un investissement. Il revendra sa voiture en 1998 à l’actuel propriétaire. Elle était alors dans un piètre état après avoir été entreposée pendant plusieurs décennies. Après une restauration complète qui durera deux années elle a été présentée au Concours d’Elégance de Pebble Beach en 2077 où la majorité de ces photos ont été prises.
Je recommande à tous les passionnés de l'automobile et de son histoire les remarquables sites (en anglais) cités ci-dessous. Ils présentent, outre des commentaires et données techniques très complètes, de magnifiques photos sur la production automobile mondiale
ultimatecarpage.com
supercar.net
swisscarsighting.com
mais il y a aussi un site en Hongrois sur lequel il faut se contenter de regarder les photos :
autogaleria.hu
Vous pouvez retrouver d'autres véhicules, tout aussi exceptionnels, dans la rubrique "VOITURES DE LEGENDE" de ce blog ou en vous inscrivant à la Newsletter (voir ci-contre)