Alors qu'Alain Juppé réunissait jeudi 19 avril dernier à Paris le groupe des "Amis de la Syrie" pour évoquer le dossier syrien, le plan de Kofi Annan est sur le point d'échouer. Une fois de plus Bachar el-Assad a tenté de gagner du temps en feignant d’accepter la présence sur le sol syriens d’observateurs de l’ONU qui ont effectivement pu observer que les chars tiraient toujours sur les immeubles et que la population continuait à se faire tuer. "Nous envisagerons d'autres options", a assuré le locataire du Quai d'Orsay. Tour d'horizon des alternatives de la communauté internationale.
Donner une seconde chance au plan de Kofi Annan
Pour l'heure, le plan de Kofi Annan, l'ancien secrétaire général de l'ONU envoyé au Moyen-Orient pour tenter de mettre sur pied des négociations entre les rebelles syriens et le régime de Bachar el-Assad, n'est pas encore définitivement enterré. Mais si son échec est probable – le cessez-le-feu n'ayant, semble-t-il, pas été respecté par l'armée –, la communauté internationale veut encore croire à sa mise en pratique. Quitte à le modifier à la marge.
C'est à cet effet que les ministres des Affaires étrangères du groupe des "Amis de la Syrie", dont l'Américaine Hillary Clinton, étaient jeudi soir à Paris, suite à l'invitation d'Alain Juppé. Ce dernier, à l'issue de la réunion, a annoncé un projet de résolution visant à la mise en place d'une mission d'observation "aussi robuste que possible". L'objectif est de déployer sur le sol syrien des "effectifs importants", des Casques bleus notamment, afin d'observer le cessez-le-feu. Aujourd'hui, seuls trente émissaires sont en effet habilités à fouler le territoire syrien. Le temps de mettre en place cette résolution, l'armée de Bachar el-Assad aurait le délai nécessaire pour quitter les foyers de l'insurrection, ce qui permettrait d'enclencher les négociations entre toutes les parties.
Asphyxier le régime d'el-Assad
Mais, jeudi matin devant la presse étrangère, Alain Juppé se voulait réaliste : "Si le plan Annan ne peut se mettre en place de manière efficace, alors nous envisagerons d'autres options." Peu de diplomates croient encore en une sortie de crise pacifique. Mais, avant d'évoquer une intervention armée, de nombreux leviers peuvent encore être utilisés par la communauté internationale. Jeudi soir, Hillary Clinton a ainsi plaidé en faveur de "mesures plus sévères" contre Bachar el-Assad afin qu'il finisse par respecter le plan Annan.
Un embargo partiel a déjà été mis en place, alors que la Turquie, l'un des deux principaux partenaires commerciaux – avec le Liban – de la Syrie dans la région, a suspendu ses échanges économiques. Washington plaide pour imposer, via un nouveau projet de résolution, un embargo sur les armes. Une mesure qui freinerait les militaires du régime mais qui paralyserait aussi les rebelles. De nouvelles sanctions concernant Bachar el-Assad et sa famille, dont les comptes à l'étranger sont aujourd'hui gelés, sont également envisagées.
Envisager la manière forte
Intervenir militairement sur le terrain paraît compliqué. Avant tout, pour des raisons stratégiques. La Syrie n'est pas la Libye. Quand Mouammar Kadhafi devait faire face à une rébellion légitime et bien équipée, à défaut d'être organisée, l'Armée syrienne libre (ASL) a peu de moyens, humains et matériels, et ses responsables peinent à s'accorder sur la marche à suivre. Certains offrent de déposer les armes, afin de jouer le jeu du plan Annan. D'autres restent persuadés que la communauté internationale ne sera d'aucun secours. La position géographique de la Syrie, non loin de l'Iran et à la frontière d'Israël, explique aussi la difficulté d'une intervention sur le terrain.
Jeudi devant la presse étrangère, Alain Juppé assurait pourtant que les Nations unies "se battront jusqu'au bout". Et s'il défendra toujours la solution pacifiste, le ministre français des Affaires étrangères rappelle l'existence d'un "droit d'ingérence" au nom du "devoir de protection des populations". Ce sont ces principes qui avaient permis à l'armée français d'intervenir, dans le cadre d'un mandat international, en Libye ou en Côte d'Ivoire. Mais une telle option n'est pas encore envisagée outre-Atlantique : Barack Obama, qui doit justifier la présence des GI's en Afghanistan, veut d'abord se faire réélire, en novembre prochain. Mais ce sont surtout la Chine et la Russie qui devraient s'opposer, via leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU, à une intervention armée en Syrie.
En revanche, la France semble déjà se préparer à cette éventualité. Vendredi matin, sur Europe 1, François Hollande a d'ores et déjà affirmé que, s'il était élu et si une intervention militaire en Syrie était décidée par l'ONU, la France "y participerait". "Il y a belle lurette que la position de la France est connue : nous ne participons à des opérations militaires que dans le cadre d'un mandat des Nations unies", a rappelé de son côté Alain Juppé, sur BFMTV, se faisant ainsi le porte-parole de Nicolas Sarkozy. De là à imaginer une aide militaire aux rebelles syriens en attendant que le long processus diplomatique aboutisse? Le locataire du Quai d'Orsay a refusé de répondre à cette question, lors de sa rencontre avec la presse étrangère jeudi matin.
Source : leJDD.fr 20-04-2012
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